"Ici est enterré Rafic Hariri le fils de bâtard". Voilà ce qui apparaissait vendredi soir sur l'application GPS Google Maps lorsqu'on cherchait la localisation de la tombe de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, assassiné à Beyrouth ainsi que ses compagnons dans un attentat à la bombe le 14 février 2005. Cette mention, vraisemblablement manipulée par un internaute hostile au leader sunnite, a provoqué un tollé dans le pays, notamment dans les milieux proches du courant du Futur du fils de l'ex-chef du gouvernement, l'ancien Premier ministre Saad Hariri.
Jusqu'à présent, M. Hariri, qui s'est récemment retiré de la vie politique et qui réside aux Emirats arabes unis, n'a toujours pas réagi, mais le Futur a publié un communiqué dans lequel il a vertement dénoncé cet acte. "Les fils de bâtard font preuve de rancune inédite, en violation avec les principes religieux et moraux les plus élémentaires. L'une des pires manifestations de cette attitude est l'acte commis par un fils de bâtard à l'encontre d'un grand symbole national, le Premier ministre martyr Rafic Hariri (...)". "Qui est ce fils de bâtard ? Qui se cache derrière lui ? Dieu et la loi le dévoileront. Ils vont payer cher pour ce qu'ils ont fait à Rafic Hariri et à tous les Libanais honorables", a promis la formation haririenne.
Un autre fils du défunt, Baha' Hariri, rival de Saad, a lui aussi réagi sur Twitter. "Dans un acte hideux, une image a été publiée après modification du nom de l'emplacement de la tombe de Rafic Hariri sur la carte de l'application Google, en incluant des expressions insultantes. Cet acte reflète la mentalité de son auteur", a-t-il dénoncé dans un bref message.
Le patron d'Ogero, la société qui gère le réseau télécom libanais, Imad Kreidiyé, réputé proche du camp Hariri, a lui aussi condamné cet insulte. "Nous sommes en contact avec la compagnie Google afin d'éliminer l'insulte à l'encontre du martyr de notre nation. Lundi, nous déposerons une demande d'ouverture d'une note d'information devant les autorités compétentes", a écrit M. Kreidiyé sur Twitter, accompagnant son message du mot-dièse "Rafic Hariri est une ligne rouge".
Samedi matin en effet, la mention manipulée de la localisation de la tombe de Rafic Hariri avait été effacée.
Rafic Hariri a été tué avec 21 autres personnes dans une énorme explosion au camion piégé à Beyrouth le 14 février 2005. Son assassinat a déclenché la révolution du Cèdre, un mouvement populaire qui a forcé la Syrie à retirer toutes ses troupes du Liban en avril de la même année. Le Tribunal spécial pour le Liban, mis en place par les Nations unies pour juger les responsables de cet attentat, a condamné par contumace Salim Ayache, un membre présumé du Hezbollah.
Quelles alternatives nous ont donné les détracteurs de Rafic Hariri ! Pauvre pays.
08 h 55, le 21 février 2022