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Économie - Crise au Liban

La moitié de Beyrouth privée d'Internet samedi faute de carburant

"Si je ne suis pas capable d'assurer l'Internet, il vaut mieux que je quitte mon poste", estime le patron d'Ogero, Imad Kreidié.

La moitié de Beyrouth privée d'Internet samedi faute de carburant

Le siège de la société Ogero à Beyrouth. Photo d'archives Philippe Hage Boutros

La moitié de Beyrouth a été privée samedi pendant de longue heures d'accès à l'Internet faute de carburant, dans un Liban en plein effondrement économique depuis deux ans. Imad Kreidié, patron de la société Ogero qui gère le réseaux télécoms public, a cependant annoncé dimanche matin que des quantités de fuel ont été assurées par l'armée et un donateur anonyme, permettant le rétablissement de la connexion pour trois jours uniquement. Dans ces circonstances de plus en plus difficile, il a menacé de démissionner de son poste si des solutions ne sont pas trouvées par les autorités.

Le central n'a plus de diesel

"Une notification, pas un avertissement. Aux premières heures du matin, les communications dans le troisième district de Beyrouth seront coupées, et la centrale de Mazraa cessera de fonctionner lorsque notre dernier litre de diesel sera épuisé", avait ainsi écrit M. Kreidié sur son compte Twitter samedi soir. "Ô dame du monde (référence à un poème sur Beyrouth du célèbre poète syrien Nizar Kabbani), ne nous reproche pas ce que l'odieuse bureaucratie nous a fait. Désolé pour Beyrouth et chaque ville et village du Liban", avait ajouté M. Kreidié.

Le troisième district englobe les quartiers de Beyrouth-Ouest, notamment Hamra et le grand quartier de Ras Beyrouth, ainsi que Aïn Mreissé, Mazraa, Mousseitbé, Minet el-Hosn et Zokak el-Blatt.

En réponse à un abonné qui demandait sur Twitter si le central de Mazraa était hors ligne, le compte Twitter officiel d'Ogero a répondu : "Malheureusement, oui, le central n'a plus de diesel". Et dimanche matin, de nombreux utilisateurs d'Ogero se plaignaient sur les réseaux sociaux de ne pas avoir d'accès à l'Internet depuis hier soir.

Menace de démission

Dans des propos ce matin à la chaîne télévisée al-Jadeed, le directeur d'Ogero a apporté plus d'explications concernant la panne de l'Internet. "Cette panne est due à quelque chose de banal. Un fonctionnaire du ministère des Télécoms n'a pas signé à temps un document car il n'était pas sur place. Cela a privé 26.000 utilisateurs d'accès au web. Il a annoncé qu'une réunion se tiendra lundi matin au ministère des Télécoms. "Je n'accepterai pas de rester en poste si les moyens vitaux (pour assurer les services télécoms, NDLR) ne sont pas assurés", a prévenu M. Kreidié. "Si je ne suis pas capable d'assurer l'Internet, il vaut mieux que je quitte mon poste", a-t-il estimé.

Le directeur a en outre révélé que le central d'Achrafieh était également menacé, "car il fonctionne sur batteries". "Un individu a fait un don de carburant hier, et l'armée aussi nous a assuré des quantités", a en outre fait savoir le patron d'Ogero, expliquant avoir pu réalimenter les centraux de Jdeidé, Achrafieh et Mazraa. "Mais ces quantités ne suffisent que pour trois jours", a-t-il prévenu.

Le ministre des Télécoms, Johnny Corm, a pour sa part indiqué que les coupures continues du réseau sont dues à "deux facteurs : d'abord, le manque de mazout, en attendant que la Banque du Liban débloque les crédits nécessaires". "Un navire chargé de carburant arrive demain, mais jusqu'à présent la décision de débloquer les fonds n'a pas encore été prise", a-t-il dit, dans des déclarations au site d'information el-Nashra.

"La deuxième raison est qu'il y a un seul comptable chargé de signer les formalités", a ajouté le ministre, soulignant avoir demandé qu'un second fonctionnaire soit affecté à cette tâche.

Panne à Achrafié

Dimanche, signe que le problème n'était toujours pas entièrement réglé, le réseau internet était coupé dans tous les quartiers d'Achrafié, a annoncé Ogero en cours d'après-midi. "Nos services sont dans la région d'Achrafié sont temporairement suspendus en attendant un réapprovisionnement en carburant", a écrit l'opérateur sur Twitter. Ce n'est que vers 14h que la connexion a été rétablie. Entre temps, une autre coupure a été signalée dans le central de Hamra, dans la capitale, en fin de journée. Parallèlement, le réseau de l'opérateur mobile Touch était en panne dans le Hermel, dans la Békaa, faute de courant également.

Samedi déjà, les habitants de Baïssour, une localité de la région de Aley, avaient demandé aux autorités de prendre des mesures pour mettre fin à une panne de télécommunication prolongée après que le ministère des Télécommunications a échoué à obtenir le carburant nécessaire au fonctionnement d'une station de télécommunication desservant la région, rapportait l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). 

Les pannes de télécommunications localisées sont de plus en plus fréquentes au Liban, qui s'enfonce dans la crise. Les sociétés locales de télécommunications sont de plus en plus à court d'argent, car les tarifs n'ont pas suivi l'augmentation des prix des carburant et d'exploitation, et les responsables des télécommunications se plaignent d'être harcelés par des voleurs qui s'emparent des câbles du réseau pour en extraire les métaux et les vendre au marché noir.

La moitié de Beyrouth a été privée samedi pendant de longue heures d'accès à l'Internet faute de carburant, dans un Liban en plein effondrement économique depuis deux ans. Imad Kreidié, patron de la société Ogero qui gère le réseaux télécoms public, a cependant annoncé dimanche matin que des quantités de fuel ont été assurées par l'armée et un donateur anonyme, permettant le...

commentaires (3)

Voilà encore autre chose! Nous tombons chaque jour plus bas dans un puits sans fond. Comment nos dirigeants peuvent-ils encore se regarder dans une glace?

Politiquement incorrect(e)

21 h 16, le 16 janvier 2022

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Commentaires (3)

  • Voilà encore autre chose! Nous tombons chaque jour plus bas dans un puits sans fond. Comment nos dirigeants peuvent-ils encore se regarder dans une glace?

    Politiquement incorrect(e)

    21 h 16, le 16 janvier 2022

  • Qu'est-ce que l'on attend pour mettre définitivement "à l'ombre", donc hors d'état de nuire, tous ces "responsables" criminels qui ont, depuis des années, conduit le pays à la catastrophe actuelle ??? - Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 01, le 16 janvier 2022

  • Qu'il quitte cet incompétent.

    Nadim Mallat

    14 h 54, le 16 janvier 2022

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