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Politique - Décryptage

Amal, Hezbollah, CPL : la fin du « ménage à trois » ?

Trois discours en trente heures. L’année 2022 commence en force... et en divisions. Depuis longtemps, on parle de la guerre sourde entre Baabda et Aïn el-Tiné et plus particulièrement entre « Myrna Chalouhi » (siège principal du Courant patriotique libre) et « Bir Hassan » siège du mouvement Amal. Sauf que cette fois-ci, le conflit est apparu au grand jour, avec une franchise peu coutumière dans la sphère politique libanaise. Entre le discours du chef du CPL Gebran Bassil dimanche et celui du bras droit de Nabih Berry, Ali Hassan Khalil, hier, les accusations ont rarement été aussi claires et précises, donnant lieu à une énumération sans détour des dossiers conflictuels dans lesquels chaque partie taxe l’autre de blocage pour des bénéfices matériels ou personnels. Toutefois, Gebran Bassil et Ali Hassan Khalil sont d’accord sur un point : la nécessité de maintenir, chacun de son côté, son alliance avec le Hezbollah. Ce qui met en évidence l’étrange relation entre ces trois importantes composantes politiques, qui n’en finit pas de peser sur la vie de tous les Libanais.

Les plus âgés d’entre nous se souviennent de la douloureuse déclaration de Lady Diana peu avant sa mort, pour justifier son divorce avec le prince Charles : « Nous étions trois dans ce couple et cela ne pouvait pas marcher. » Dimanche, Gebran Bassil semblait s’inspirer de cette déclaration lorsqu’il a déclaré : « Nous avons conclu une entente avec le Hezbollah et nous avons découvert qu’elle comportait un troisième partenaire, le mouvement Amal, à cause de ce qu’on appelle le tandem chiite. » Il a ajouté que le CPL a découvert que l’opinion d’Amal était prédominante dans la plupart des dossiers internes, avant de les énumérer pour montrer que le Hezbollah s’est rallié, dans tous ces dossiers, à la position de son partenaire chiite, au détriment de celle du CPL. Bien entendu, l’adjoint politique du président de la Chambre, Ali Hassan Khalil, a répondu aux accusations de Gebran Bassil en les lui retournant. Mais indépendamment des arguments avancés par les deux camps, la situation entre les trois composantes ressemble de plus en plus à un ménage à trois, avec tous les conflits et les tiraillements que cela peut causer.

Le Hezbollah est plus que jamais sur la sellette. S’il peut se considérer comme rassuré par l’attachement (affiché par ses deux alliés) à l’entente avec lui, il n’en est pas moins affecté par la guerre qu’Amal et le CPL se livrent entre eux. Il a beau essayer de temporiser et d’éviter de prendre ouvertement position en faveur de l’un ou de l’autre, désormais les choses sont allées trop loin pour qu’il puisse se permettre de les ignorer. Pourra-t-il continuer à gérer « ce ménage à trois », ou bien devra-t-il faire un choix douloureux ? Un petit retour sur cette relation complexe s’impose.

Depuis la fin du mandat du président Michel Sleiman en mai 2014 et la période de vacance présidentielle qui s’est prolongée jusqu’au 31 octobre 2016, le Hezbollah a dû gérer le conflit tantôt latent, tantôt évident entre le CPL et Amal. Il avait choisi Michel Aoun comme son candidat à la présidence de la République en dépit de l’opposition déclarée du président de la Chambre et de ses multiples manœuvres pour empêcher cette élection. En vain. Depuis, les conflits ne cessaient de se multiplier. Mais le Hezbollah faisait chaque fois en sorte qu’ils soient surmontés, sans toutefois jamais les résoudre réellement. La politique du Hezbollah consistait donc à laisser passer la vague de colère et à mettre en avant un autre dossier moins conflictuel. Au Liban, c’est chose facile, puisque les problèmes se suivent, s’accumulent et un nouveau apparaît toujours pour reléguer les autres au second plan. Le parti de Hassan Nasrallah pouvait aussi compter sur une certaine souplesse de Nabih Berry qui ne voulait pas se mettre totalement à dos un président dont le mandat venait tout juste de commencer. Pesant tantôt sur l’un et tantôt sur l’autre de ses deux alliés, le Hezbollah est ainsi parvenu à calmer plus ou moins le jeu.

Aujourd’hui, la situation est devenue plus complexe. Du côté du CPL et du chef de l’État, le mandat tire à sa fin, avec un bilan dramatique notamment en ce qui concerne tout ce qui touche à la vie quotidienne des Libanais, alors que les élections législatives prévues en mai s’annoncent décisives. Le camp présidentiel a donc besoin d’une réalisation concrète à offrir aux Libanais, non pour sauver le mandat de Michel Aoun, mais pour permettre au CPL de poursuivre le combat après le 31 octobre 2022. Cette urgence de réussir un grand coup avant les élections – qu’il s’agisse de l’audit juricomptable, de la loi sur le contrôle des capitaux ou de tout autre dossier du même calibre – a poussé Gebran Bassil à parler d’une crise existentielle dans la relation avec le Hezbollah qui se heurte, selon lui, constamment aux obstacles dressés par le mouvement Amal et son chef. Du côté du président de la Chambre et de son camp, il est clair que la nécessité de mettre un bémol aux conflits avec le camp présidentiel n’existe plus aujourd’hui que le sexennat touche à sa fin. Bien au contraire, la réponse de Ali Hassan Khalil aux accusations de Gebran Bassil montre que ce camp est désormais prêt à aller jusqu’au bout et qu’il mène lui aussi une bataille existentielle. Face à cette détermination poussée à l’extrême entre ses deux alliés ennemis, que va faire le Hezbollah ? D’abord, selon les sources proches du parti, il va essayer de ramener le conflit vers « les chambres closes » (selon les termes précédemment utilisés par Hassan Nasrallah) et tenter de l’y maintenir autant que possible. Ensuite, il va essayer de le contenir, toujours autant que possible, jusqu’aux élections législatives qui demeurent sa priorité à l’heure actuelle. Dans ce contexte, il comprend que ses alliés se lancent des attaques pour des considérations électorales. Quant à lui, il se soucie de conserver pour lui et Amal les 27 sièges chiites du prochain Parlement et de faire de son mieux pour que ses alliés le CPL, le PSNS, les Ahbache et d’autres puissent obtenir une présence parlementaire de poids. Cette attitude suffira-t-elle à éteindre les flammes entre Amal et le CPL ? Les proches du Hezbollah estiment que celui-ci a renoncé à éteindre l’incendie, ce qu’il veut, c’est que les flammes épargnent « les centres vitaux ».

Trois discours en trente heures. L’année 2022 commence en force... et en divisions. Depuis longtemps, on parle de la guerre sourde entre Baabda et Aïn el-Tiné et plus particulièrement entre « Myrna Chalouhi » (siège principal du Courant patriotique libre) et « Bir Hassan » siège du mouvement Amal. Sauf que cette fois-ci, le conflit est apparu au grand...
commentaires (7)

The Three Lebanese Stooges, Nasrallah alias Moe, Bassil alias Curly et Hassan Khalil Alias Larry. Le SlapStick classique de la politique Libanaise...

Marwan Takchi

20 h 16, le 04 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • The Three Lebanese Stooges, Nasrallah alias Moe, Bassil alias Curly et Hassan Khalil Alias Larry. Le SlapStick classique de la politique Libanaise...

    Marwan Takchi

    20 h 16, le 04 janvier 2022

  • 3 discours en 2 jours= confessions de charlatans

    Wlek Sanferlou

    19 h 22, le 04 janvier 2022

  • Une seule phrase de crédible : LE BILAN CATASTROPHIQUE DE L’ACTUEL MANDAT. Je dirais même plus, mandat synonyme de malheurs pour tous les libanais quelle que soit leur appartenance

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 44, le 04 janvier 2022

  • La comparaison avec lady Diana est bonne. Comme elle, lady Gendrillon a d’abord pensé à ses intérêts plutôt qu’à ceux de la nation…

    Gros Gnon

    09 h 58, le 04 janvier 2022

  • « Nous étions trois dans ce couple et cela ne pouvait pas marcher. » si dame scarlett a aime la complainte de Lady D, elle omet de rappeler que Nabih Berry s'etait plaint, lui, qu'on a elu a baada 2 presidents non pas un seul.

    Gaby SIOUFI

    09 h 57, le 04 janvier 2022

  • C,EST PAS LA FIN MAIS LE JEU A CHANGE. LE GENDRE NE TIENT PLUS LA PREMIERE CARTE GAGNANTE QUE LE BARBU LUI PRODIGUAIT. IL EST RELEGUE PLUS LOIN QUE LE TROISIEME RANG DANS LA CLIQUE DE LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 46, le 04 janvier 2022

  • Il s'est inspiré de Lady Diana, dites-vous ? Il a oublié la suite de l'histoire ? Les deux autres ont poursuivi leur romance, se sont mariés, vivent heureux et seront prochainement roi et reine. Faut vraiment être aux abois pour s'inspirer de ça. Et dire qu'il y a des gens qui le croient encore quand il accuse la "manzoumé" , comme s'il n'en était pas parie intégrante !

    Leila G

    09 h 25, le 04 janvier 2022

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