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Nos Lecteurs ont la Parole

Joyeux Noël à toi, ma ville

Tu te perches à une altitude salvatrice. Tu t’épargnes la célébrité vaniteuse et l’agitation arrogante des grandes villes côtières. Ville de mon enfance et de mon adolescence, Zahlé, tu es le cœur vibrant du Liban.

Tes cimes enneigées inspirant tes plus grands poètes, ta gastronomie attirant les touristes venant goûter aux menus généreux de tes restaurants bordant ta rivière Berdaouni tantôt silencieuse dans son retranchement et tantôt grondante dans son éloquence. Zahlé, tes soirées d’été enivrantes de poésie et de vin s’invitent dans le cœur de tes visiteurs, et tes habitants vivent encore avec une authenticité révélant la sincérité de leur noblesse intérieure.

Cité chrétienne incontournable du Moyen-Orient, tu incarnes la sublimité de l’art dans sa simplicité. Tu te lis comme un livre : ses mots sont tes croyants, ses images sont tes églises et ses pages se tournent sur les histoires de bravoure et résistance de tes résidents.

Tu te lis et tu te joues aussi, à l’instar d’une pièce de théâtre avec un scénario inspiré des discussions de tes groupes d’hommes répartis ici et là dans tes quartiers, inspiré des commérages et des potins entre voisins rassemblés autour d’un café et de narguilés ou autour d’un barbecue lors de dîners improvisés.

Tu te joues par des actes qui prennent le temps de révéler les vrais sentiments de tes acteurs. Sans faux-semblants, leur modestie et leur amour du prochain, leur vivre-ensemble et leur naturel constituent le socle de leur humanité remarquable.

D’une beauté magistrale, entourée de montagnes nimbées d’une couleur magnifiquement rosée au coucher du Soleil splendide, Zahlé, tu es une des symphonies musicales les plus achevées.

Tu te réveilles au rythme du mouvement de l’ouverture des rideaux métalliques de tes magasins. De plus en plus bruyants, une sonorité fortement causée par la rouille qui affecte leur fonctionnement jadis silencieux, ces rideaux assurent agréablement la musicalité du réveil de tes résidents. À l’aube, avec le réveil de tes boulangers qui lancent le pétrin pour les « mana’iche » et de tes pâtissiers qui préparent la « knefé », et à l’aurore, avec le réveil de tes souks qui accueillent les fruits et légumes frais et scintillants provenant de ta voisine, la plaine de la Békaa.

Une musicalité qui réveille tes hommes aussitôt. Ces derniers n’aspirant qu’à quitter leur maison pour aller prendre le café matinal et continuer les discussions de la veille avec leurs groupes d’amis dans des cafés avant d’ouvrir leurs propres échoppes.

S’ajoute à cette musicalité de ton réveil l’inéluctable concert de klaxons qui résonne sur ton Grand Boulevard et partout dans les ruelles de tes quartiers. Un klaxon par-ci pour dire l’attente, un autre par-là pour notifier l’exaspération, puis un autre pour saluer et un autre assez élaboré dont la gamme sert à brandir présomptueusement l’allégeance à un des partis politiques du pays, ensuite encore un autre pour exprimer la joie, puis un autre... et puis encore un autre...

Une musicalité enchanteresse, rythmée de surcroît par le son des cloches de tes églises qui, selon leur tonalité, annoncent ta réjouissance ou ta tristesse, rythmée également par les appels à l’aide entre voisins, par les cris de bagarre et par la vivacité communicative de tes résidents.

T’aimer, Zahlé, c’est t’écrire. Te complimenter, c’est t’écrire. Te mettre à l’honneur, c’est t’écrire.

T’écrire, c’est transcrire ta vie, c’est raconter tes histoires.

T’écrire, Zahlé, c’est dessiner tes lieux qui ont gardé précieusement nos souvenirs.

T’écrire, c’est parler de tes personnalités qui, par leur épistémè, ont contribué à ton rayonnement, de tes légendes urbaines qui, par leur simplicité, nous ont donné des fous rires.

Zahlé, c’est toi, Beyrouth, c’est toi, Byblos, c’est toi, Batroun, c’est toi Deir el-Ahmar, c’est toi, Jezzine, c’est toi… et chaque coin de toi s’admire, se décrit, se transcrit et se dessine.

Mon amour pour le Liban de toutes les confessions réunies est infini, et mon Liban à moi, c’est toi.

Joyeux Noël.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Tu te perches à une altitude salvatrice. Tu t’épargnes la célébrité vaniteuse et l’agitation arrogante des grandes villes côtières. Ville de mon enfance et de mon adolescence, Zahlé, tu es le cœur vibrant du Liban. Tes cimes enneigées inspirant tes plus grands poètes, ta gastronomie attirant les touristes venant goûter aux menus généreux de tes restaurants bordant ta...

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SATURNE

16 h 17, le 25 décembre 2021

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  • J'approuve

    SATURNE

    16 h 17, le 25 décembre 2021

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