Levée des subventions sur les médicaments, un taux de change qui s’affole, et des prix qui atteignent des sommets. Le générique s’impose comme la solution. Dans l’inconscient de beaucoup d’entre nous, le médicament générique résonne comme un faux, une contrefaçon : ce n’est pas la « marque » qu’on connaît, donc il risque de ne pas être bon. Ce sont les idées reçues, mais la vérité est que les génériques sont des médicaments avec des spécificités bien scientifiques et qui sont soumis au même contrôle.
Au Liban, la crise aiguë que les citoyens sont en train de vivre commence à les contraindre d’en acheter. Daniel Chaker, pharmacien à Antélias, raconte qu’il y a deux cas de figure : « Le médicament d’origine est très cher et le patient demande s’il y a un générique qui peut le remplacer, ou le médicament n’existe pas, il n’est plus importé, et le patient se trouve obligé de prendre un générique. »
Mais qu’est-ce que le générique ?
« Si on veut simplifier les choses, on achète la composition du médicament et non pas une marque. L’exemple le plus facile et le plus fréquent est celui du paracétamol. En achetant un sachet, on a ce nom inscrit dessus avec celui du laboratoire qui l’a fabriqué. Et non pas une marque », enchaîne le pharmacien.
Le générique est conçu à partir d’un médicament déjà autorisé dont le brevet est tombé dans le domaine public (généralement après 10 ans). C’est donc un produit similaire au médicament d’origine qui sert de modèle aux génériques et qui est connu sous le nom de princeps (ou spécialité de référence). Il a le même principe actif c’est-à-dire le composant à l’origine des propriétés thérapeutiques, le même dosage et le même mode d’administration. Ils sont presque identiques : les excipients ou éléments sans activité thérapeutique qui entrent dans la composition d’un médicament ou utilisés pour donner forme et goût à la pilule peuvent varier. Certains de ces excipients doivent être pris en compte dans la prescription car ils peuvent entraîner des réactions allergiques ou des intolérances individuelles. Mais ceci ne remet pas en cause l’efficacité thérapeutique. Générique ou princeps peuvent être utilisés indifféremment et le pharmacien a autorité de remplacer l’un par l’autre.
Les génériques sont identifiés par le nom scientifique du ou des principes actifs qui entrent dans leur composition, suivi du nom du laboratoire producteur. Le médicament n’a pas de nom à lui, comme c’est le cas pour les princeps. Il est directement identifié par la dénomination commune, c’est-à-dire le nom de la substance active du médicament. Quand certains génériques sont commercialisés sous un nom de marque, celui-ci est alors suivi du symbole « Gé ».
Le rôle du pharmacien
Quand le médecin inscrit sur l’ordonnance le nom du princeps, le pharmacien sait pertinemment à quel médicament générique il correspond et il pourra le substituer. Il en informe évidemment le patient qui peut lui poser toutes les questions. En tout cas, si le médecin estime à la base que tel médicament ne peut être remplacé par un générique, il le formule sur l’ordonnance.
Généralement, au Liban, la pratique veut que le pharmacien appelle le médecin pour vérifier la possibilité de remplacement. Sinon le patient demande conseil au médecin. Pour Reine, par exemple, si les deux options existent sur le marché, elle en réfère à son médecin. « Bien sûr que je veux payer moins cher, mais j’ai besoin de l’avis du spécialiste. »
Daniel Chaker précise : « Le rôle du pharmacien est de fournir le médicament prescrit s’il existe, sinon, il peut proposer un générique. Le patient peut aussi demander d’obtenir un médicament moins cher en cas de prix très élevé et à ce moment le pharmacien lui propose le générique qui pourrait le remplacer. »
C’est que le budget des produits pharmaceutiques a explosé. « Je peux vous donner deux exemples. Une personne est rentrée chez moi pour prendre un antihistaminique et un flacon de multivitamines : alors que la facture s’élevait avant la levée des subventions à quelque 80 mille livres libanaises, elle est maintenant à plus de 600 mille livres. Le client était sous le choc mais avait les moyens de payer. Alors qu’un autre patient en franchissant le pas de la pharmacie m’a tout de suite dit 'voilà ce que j’ai dans ma poche, j’ai besoin de tel et tel médicament, qu’est ce que je peux prendre avec ?' »
M. Chaker insiste sur le fait que tous les médicaments disponibles dans les pharmacies « sont validés par le ministère de la Santé publique, à part ceux à base d’herbes uniquement ». D’ailleurs, sur le site du ministère sous la section Lebanon National Drugs Database, il y a toute la liste des médicaments agréés.
Sur le marché libanais, les génériques sont soit importés soit produits localement. « Nous avons la chance d’avoir une industrie locale pharmaceutique en laquelle nous pouvons avoir une totale confiance », conclut M. Chaker.
Génériques : ce qu’il faut retenir
Ils ont les mêmes principes actifs que les médicaments d’origine (princeps).
Ils ont une efficacité équivalente à celle des princeps.
Ils peuvent avoir des excipients non thérapeutiques différents de ceux des princeps.
Ils sont moins chers parce que leur production est moins onéreuse.
Ils sont soumis à des essais cliniques pour obtenir une autorisation de commercialisation.
Ils vont du produit le plus commun (paracétamol, ibuprofène…) aux médicaments avec ordonnances (antibiotiques, traitements pour maladies chroniques, cancers…).
Le médicament iraniens inonde le marché libanais, je ne blâme pas le consommateur libanais d'en être prudent: le "générique" pourrait tout simplement être un produit iranien déguisé, et vu qu'il n'existe pas d'autorité iranienne crédible qui régule sa production pour l'exportation, je n'en veux pas non-plus.
21 h 18, le 21 décembre 2021