Sit-in d'infirmiers dans plusieurs hôpitaux contre la détérioration de leurs conditions de travail

"Explosion sanitaire", "exode dangereux", "détérioration du pouvoir d'achat" : afin de dénoncer les crises auxquelles ils font face dans un Liban en plein effondrement, des soignants ont tenu, mardi matin, des sit-in dans différents établissements sanitaires du pays, et réclamé l'amélioration de leurs conditions de travail.

Au Liban-Nord, les infirmiers de l'hôpital gouvernemental de Tripoli se sont rassemblés devant la porte d'entrée de l'établissement, pour réclamer des aides, notamment scolaires pour leurs enfants, une hausse de leurs salaires et des indemnités de transport au vu de la dépréciation de la monnaie nationale, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Les protestataires ont appelé la direction de l'hôpital à augmenter le nombre d'infirmiers dans les hôpitaux en vue d'alléger la charge du personnel. Fin septembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait indiqué que près de 40% des médecins et 30% du personnel infirmier travaillant au Liban avaient quitté le pays.

Ces revendications font écho à celles lancées par le corps infirmier de l'hôpital de Halba dans le Akkar, dont les membres ont également tenu un sit-in mardi matin. Ayant vu leurs salaires s'effondrer, ils ont déploré le fait que leur pouvoir d'achat se soit considérablement amoindri et ont demandé une majoration de leur paye. 

Dans le sud du pays, les infirmiers de l'hôpital gouvernemental Nabih Berry ont, eux aussi, regretté, lors d'un sit-in devant la porte d'entrée des urgences, les conditions de vie et de travail dans lesquelles ils sombrent, et mis l'accent sur "le danger de l'exode (du personnel soignant) qui frappe ce secteur". Le directeur de l'hôpital, Hassan Wazni, a appelé l'Etat à "prendre soin de ce secteur important et de le soutenir", mettant en garde contre "une explosion sanitaire si les revendications du secteur qui accueille tous les citoyens, notamment les hôpitaux gouvernementaux" ne sont pas satisfaites. Il a enfin appelé le ministère de la Santé à intervenir rapidement "avant qu'il ne soit trop tard". Un des infirmiers, qui déplore la dévaluation de son salaire, a appelé les hôpitaux libanais à s'unifier pour lancer le même cri. 

Les hôpitaux libanais sont frappés de plein fouet par l'effondrement socio-économique et financier du pays, auquel s'ajoutent les lourdes conséquences de la pandémie de Covid-19. De plus, les établissements de santé connaissent depuis plus d'un an des pénuries de médicaments, de matériel et d'équipements médicaux.