Le café-librairie Curl a ouvert ses portes, rue Badaro, à proximité de la brasserie Newburry. Installé en lieu et place d’une boulangerie libanaise, il dispose d’un petit espace de 32 m2 répartis entre le rez-de-chaussée et la mezzanine. Il peut accueillir jusqu’à 14 personnes en intérieur et huit en extérieur. Le local a été totalement réaménagé pour se transformer en un endroit cosy et calme où se croisent étudiants et travailleurs indépendants.
Malgré la crise, Badaro n’a pas connu beaucoup de fermetures d’établissements. Moins touché par la tragédie du 4 août, le quartier a bénéficié dans une certaine mesure de la baisse d’attractivité de Mar Mikhaël et de Gemmayzé après les explosions meurtrières au port de Beyrouth et ses alentours. Il séduit pour ses loyers un peu moins élevés et une ambiance plus calme. Il continue ainsi d’attirer majoritairement des établissements indépendants souhaitant lancer de nouveaux concepts, plutôt que de gros opérateurs.
« Cela fait dix ans que je réfléchis à ouvrir un endroit comme celui-ci. Je vis à Badaro et je pense que c’est le quartier idéal pour ce genre de concept car il est à la fois commercial et résidentiel. Il y a une forte demande pour un café-librairie dans cette zone. Économiquement, cela fait plus de sens de combiner ces deux sources de profit dans la situation actuelle tout en apportant une plus-value au quartier », explique la propriétaire, Nisrine Karazi, qui a investi environ 2 000 dollars par mètre carré dans cette enseigne.
Les livres en vente sont importés directement de Grande-Bretagne et des États-Unis, la propriétaire disposant d’un accord avec différentes maisons d’édition. Les thèmes varient entre le développement personnel et l’entrepreneuriat, ainsi qu’une sélection de romans à succès parus récemment. Côté restauration, il faut compter en moyenne 70 000 livres libanaises par personne pour une boisson accompagnée d’une pâtisserie faite maison, comme des gaufres ou un chocolat liégeois dont les ingrédients sont importés directement de Belgique. Curl compte pour l’instant une « barista » qui sera bientôt rejointe par un second employé.
« Un vrai défi »
Si Curl est la première enseigne ouverte par Nisrine Karazi, la propriétaire est loin d’être une néophyte dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Après des études de finance et d’économie à l’Université américaine de Beyrouth, elle a travaillé pendant onze ans à Dubaï en tant que directrice générale de l’hôtel Hilton pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que cinq ans dans le groupe Radisson Hotel au sein du service développement régional. Elle est finalement rentrée au Liban il y un an et demi, un mois avant la double explosion du port de Beyrouth.
« Nous sommes tous dans une période d’attentisme. Personne ne sait comment la situation va évoluer. C’est un vrai défi de lancer une activité dans le contexte actuel. À titre d’exemple, je n’ai toujours pas réussi à ouvrir un compte en banque au nom du café. Pourtant, j’ai bon espoir. Je me donne six à huit mois pour voir comment l’enseigne fonctionne avant d’essayer de me développer », explique la propriétaire. Nisrine Karazi envisage d’ouvrir de nouveaux cafés-librairies à Beyrouth puis dans d’autres localités libanaises à partir de l’année prochaine. Le développement sous forme de franchise à l’étranger n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat.
Cet article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Hodema Consulting Services n’a aucune vocation promotionnelle. Ce rendez-vous hebdomadaire sera consacré au secteur de la restauration et de l’hôtellerie qui continue, malgré tout, de se battre.
commentaires (2)
Très bonne idée! D'ailleurs, où en sommes-nous au Liban avec les médiathèques ou bibliothèques municipales?
Georges Olivier
11 h 58, le 11 décembre 2021