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Moyen-Orient - Éclairage

L’administration Biden annonce de nouvelles sanctions contre Damas et Téhéran

Le département du Trésor américain cible plusieurs individus et entités syriens et iraniens avant la tenue d’un sommet virtuel pour la démocratie organisé par Washington.

L’administration Biden annonce de nouvelles sanctions contre Damas et Téhéran

Le département du Trésor américain à Washington, le 18 septembre 2018. Photo AFP

C’est dans un contexte des plus tendus entre Washington et Téhéran que le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a pris mardi dernier de nouvelles sanctions contre 18 individus et entités syriens et iraniens en vue de « promouvoir la responsabilisation de ceux qui sapent la confiance dans les institutions démocratiques », a indiqué le communiqué de presse du Trésor américain. Elles sont intervenues avant la tenue d’un sommet virtuel pour la démocratie organisé par les États-Unis hier et aujourd’hui en présence de plus d’une centaine de dirigeants étrangers. En vertu de ces sanctions, « tous les biens ou intérêts appartenant aux personnes désignées (...) qui se trouvent aux États-Unis ou en la possession ou le contrôle de personnes américaines sont bloqués et doivent être signalés à l’OFAC », précise le communiqué. Toute entité détenue directement ou indirectement à 50 % ou plus par les personnes ciblées sera également gelée, ainsi que toutes les transactions effectuées par des Américains ou passant par les États-Unis qui impliquent tout bien ou intérêt appartenant aux personnes sanctionnées, à moins qu’elles disposent d’une licence générale ou spécifique délivrée par l’OFAC, détaille le Trésor américain.

Ces mesures punitives s’ajoutent à une série de sanctions américaines contre Téhéran – portant notamment sur un embargo sur les produits pétroliers et sur le secteur aéronautique et minier –, rétablies en mai 2018 dans le cadre de la politique de pression maximale poursuivie par Donald Trump, qui s’était unilatéralement retiré de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA). Alors que Joe Biden souhaite raviver l’accord depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier dernier, ces sanctions surviennent également au moment où les négociations indirectes entre les États-Unis et l’Iran ont repris hier. Entamé la semaine dernière, ce septième cycle de pourparlers et le premier depuis l’élection d’un nouveau gouvernement ultraconservateur à Téhéran avait été interrompu vendredi dernier, alors que les négociateurs américains ont dénoncé le manque de sérieux de la République islamique.

Dans ce cadre, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a vivement critiqué les nouvelles sanctions américaines. « Même en pleins pourparlers de Vienne, les États-Unis ne peuvent s’empêcher d’imposer des sanctions contre l’Iran, a-t-il fustigé mardi sur Twitter. Washington est incapable de comprendre que la campagne de “l’échec maximum” et une percée diplomatique sont incompatibles. Le durcissement des sanctions ne créera pas un effet de levier et cela va à l’encontre du sérieux et de la bonne volonté proclamés par les États-Unis. »

Les actes de répression

Si ces nouvelles mesures contribuent à alimenter le climat de pessimisme qui règne en marge de cette nouvelle session de pourparlers, certains observateurs saluent cependant la reprise du dialogue entre Washington et Téhéran. « Le point important est que les pourparlers reprennent enfin. Il est normal que les deux parties entament des pourparlers avec des exigences maximalistes, mais le plus important est que leurs positions actuelles ne devraient pas être leurs “lignes rouges”, observe Sina Azodi, chercheur non résident à l’Atlantic Council. Les deux parties doivent faire preuve d’une certaine flexibilité lors des prochains pourparlers. »

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Pour le chercheur, les nouvelles sanctions prises par Washington visent notamment à « envoyer un message aux critiques domestiques selon lequel, tandis que les négociations nucléaires se poursuivent, l’administration Biden ne renonce pas à d’autres questions telles que les droits de l’homme ». Ces dernières ont notamment ciblé plusieurs individus et entités impliqués dans la répression meurtrière des manifestations pacifiques antirégime ayant éclaté en Iran en novembre 2019 à la suite d’une forte hausse du prix du carburant. Parmi eux figurent les unités spéciales des forces de sécurité chargées du maintien de l’ordre (LEF) et leur commandant, Hassan Karami, ainsi que les unités spéciales de la lutte contre le terrorisme (NOPO) et leur commandant, Mohsen Ebrahimi. Les prisons iraniennes de Zahedan et d’Ispahan ont également été visées pour avoir exécuté des prisonniers détenus arbitrairement et cherchant simplement à exercer « leur droit à la liberté d’expression » et de « réunion pacifique », précise le communiqué du Trésor américain.

Largement symboliques, ces mesures punitives auront certainement une portée limitée, estiment plusieurs observateurs. « Je ne pense pas que les Iraniens soient très préoccupés par les sanctions en matière de droits humains, car elles n’ont pas beaucoup d’impact sur le pays et elles ne sont pas aussi sensibles que les désignations de “ terrorisme ” sur les sanctions du Corps des gardiens de la révolution ou du Bureau du guide suprême », poursuit Sina Azodi.

Reddition de comptes

Pour ce qui est de la Syrie, Washington a émis des sanctions à l’encontre de deux généraux de l’armée de l’air pour leur responsabilité dans les attaques chimiques ayant tué de nombreux civils en 2017 et en 2018 à Khan Cheikhoun et dans la Ghouta orientale. Adeeb Salameh, directeur adjoint du renseignement de l’armée de l’air syrienne (SAFI) impliqué dans des cas de torture, d’assassinat, d’enlèvement et de corruption, Kahtan Khalil, haut responsable du SAFI accusé de responsabilité directe dans le massacre de Daraya en 2012 et Kamal al-Hassan, commandant de la branche 227 du Renseignement militaire syrien (SMI) – notamment mise en évidence dans les images fournies par César, un transfuge du régime Assad – et ancien commandant de la branche 235 du SMI, responsable d’opérations conjointes avec le Hezbollah, ont également été visés. Cette salve de sanctions est la seconde prise par Joe Biden contre Damas depuis le mois de juillet dernier, où l’administration démocrate avait ciblé plusieurs établissements pénitentiaires, dont la célèbre prison de Saydnaya, et les responsables qui les dirigent. « Il s’agit d’énoncés de politique importants en matière de reddition de comptes, l’un des cinq éléments essentiels de la politique syrienne de l’administration Biden, observe Charles Lister, expert au Middle East Institute. Les sanctions mettent du temps à se concrétiser, il est donc peu probable qu’elles aient été nécessairement programmées pour un objectif stratégique particulier, mais il ne fait aucun doute que l’administration Biden est consciente de la nécessité de démontrer sa position continue contre le régime Assad. » Il y a quelques jours, l’homme d’affaires syrien Samer Foz avait tenté, sans succès, de faire appel devant des sanctions promulguées par l’Union européenne à son encontre. Ces nouvelles sanctions américaines visant Damas surviennent à l’heure où plusieurs pays de la région à l’instar de la Jordanie et des Émirats arabes unis ont récemment repris langue avec le régime de Bachar el-Assad dans l’objectif de le ramener dans le giron arabe.

« Des mesures régionales récentes et incontestées vers la normalisation ont suscité de vives inquiétudes quant à la politique américaine et une récente réunion multilatérale à Bruxelles a révélé une grande préoccupation de la part des alliés des États-Unis, en particulier ceux d’Europe, poursuit Charles Lister. Il ne fait donc aucun doute que le moment et la substance de ces sanctions sont judicieusement programmés pour l’administration Biden. »

C’est dans un contexte des plus tendus entre Washington et Téhéran que le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain a pris mardi dernier de nouvelles sanctions contre 18 individus et entités syriens et iraniens en vue de « promouvoir la responsabilisation de ceux qui sapent la confiance dans les institutions démocratiques », a...

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ET CES DEUX S,EN FOUTENT DES SANCTIONS. LEURS ECONOMIES S,EN PORTERONT DE MAL EN PIRE MAIS A QUI VONT-ILS RENDRE COMPTE ?

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 52, le 10 décembre 2021

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Commentaires (1)

  • ET CES DEUX S,EN FOUTENT DES SANCTIONS. LEURS ECONOMIES S,EN PORTERONT DE MAL EN PIRE MAIS A QUI VONT-ILS RENDRE COMPTE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 52, le 10 décembre 2021

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