Un jour, je ne serai plus là

Un jour, je m’en irai.

Un jour, c’est peut-être demain, c’est peut-être la semaine prochaine, c’est peut-être l’année prochaine. C’est peut-être celle d’après.

Mais en attendant, je suis là.

Traditionnellement, là est un endroit.

Aujourd’hui, je suis là.

Mais j’ai envie de dire, là est tout aussi bien un moment infiniment petit inscrit dans le temps.

Aujourd’hui, en ce moment, je suis là.

Je suis là, dans le présent.

Et j’ai envie de vivre là, pleinement.

Un jour, je serai en paix.

Un jour, je serai en sécurité.

Mais en attendant, je suis là.

Je vis la vie comme elle s’offre à moi, comme je me l’offre à moi-même.

Avec ses hauts, avec ses bas.

Avec ses moments d’ultime bonheur, avec ses moments d’ultime malheur.

Avec ce désir incontrôlable et naïf de laisser ce monde mieux qu’il ne m’a trouvée.

Avec ce désir incontrôlable et naïf de croire en l’humanité et tout ce qu’elle a à offrir.

Avec les claques que cela me coûte.

Avec l’espoir qui me permet d’être encore ici et là.

Un jour, je partirai.

Un jour, j’irai retrouver l’air frais qui émerge de la terre et de ses feuilles vertes.

Un jour, j’irai retrouver l’eau claire qui reflète le ciel bleu vierge de toute perversion humaine.

Un jour, j’irai retrouver le sommeil éternel qui saura emporter toutes les douleurs d’une vie souvent trop dure à accepter.

Un jour, je ne serai plus là.

Un jour, tu me pleureras.

Mais en attendant, j’essaye, à mon échelle, de purifier l’air qui émerge de la terre et de ses feuilles vertes, pour faire de mes rêves une réalité.

En attendant, j’essaye, à mon échelle, de clarifier l’eau qui reflète la couleur d’un ciel pas si bleu que ça, pour faire de mes rêves une réalité.

En attendant, je regarde mon reflet dans cette eau que j’essaye éperdument de sauver.

Elle est trouble. Mon reflet est agité.

Mon reflet est celui d’une société qui ne sait que trop peu apprécier le calme, d’une société qui ne sait que trop peu apprécier l’eau claire et limpide, d’une société qui ne sait que trop peu apprécier l’air frais, d’une société qui ne sait que trop peu apprécier les feuilles vertes et le ciel bleu que la nature a à offrir.

Mais en attendant, je suis là, et j’essaye de trouver la paix en cette vie qui s’est donnée à moi.

En attendant, j’essaye de vivre là, en l’instant présent, et de l’apprécier pleinement.

En attendant, j’essaye d’écouter, de voir, de sentir, de goûter, de toucher et de donner tout ce dont je suis capable, avant que je n’en sois plus capable.

Parce qu’un jour, je ne serai plus là.

Mais en attendant, je sème mes rêves en cette réalité et tente d’en faire une réalité.

En attendant, j’offre tout ce que j’ai à offrir, je protège ce qui peut être protégé, j’aime ce qui a besoin d’être aimé, j’aide ce qui a besoin d’être aidé.

En attendant, j’essaye de faire de mes rêves une réalité.

À mon échelle.

En vivant là, en ce moment, en ce présent.

Mais un jour, toi aussi tu t’en iras.

Un jour, toi aussi tu partiras.

Un jour, toi aussi on te pleurera.

Mais aujourd’hui, toi aussi tu es là.

Et aujourd’hui, toi aussi tu as cette magie entre les doigts qui te permet de semer tes rêves en cette réalité.

Toi aussi, si tu rêves de paix, si tu rêves d’air frais, tu peux les semer en cette réalité. Et faire de tes rêves une réalité.

À ton échelle. Ici et là.

Avant de partir, semons une part de nos rêves en cette réalité.

Et vivons-les…

Un jour, je ne serai plus là.

Un jour, je serai partie.

Mais un jour,

Toi aussi.

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