Les efforts en coulisses pour tenter de débloquer la crise politique qui paralyse le gouvernement du Premier ministre libanais, Nagib Mikati, depuis plus d'un mois semblent progresser. Samedi, le président de la République, Michel Aoun, a ainsi assuré que "le gouvernement se réunira bientôt", alors que le Hezbollah a estimé qu'il y avait une "vraie opportunité à saisir" pour débloquer cette crise.
Ces développements sont intervenus alors qu'une délégation du Congrès américain, qui effectue une visite à Beyrouth, s'est entretenue samedi avec MM. Aoun et Mikati. Le Premier ministre avait déjà affirmé vendredi qu'il convoquera prochainement le Conseil des ministres, et que tout reprendra son cours normal, même s'il n'est toujours pas clair si les ministres chiites du tandem Hezbollah-Amal prendront part à la prochaine réunion, alors qu'ils boycottent le gouvernement depuis le 12 octobre.
Formé le 10 septembre dernier, le gouvernement Mikati ne s’est, en effet, plus réuni depuis le 12 octobre, en raison de tensions autour de l'enquête sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, et de la crise avec les pays arabes du Golfe. Le pouvoir exécutif doit pourtant lancer des réformes, pour tenter de surmonter la crise socio-économique que traverse le Liban et obtenir des aides internationales.
Les tractations en coulisses tournent notamment autour d'une démission du ministre de l'Information, Georges Cordahi, dont des propos hostiles à l'Arabie saoudite ont déclenché la crise politico-diplomatique, et d'une médiation du Qatar, pays où devrait se rendre prochainement M. Aoun. Les responsables plancheraient également sur une solution politique aux tensions entourant l'enquête sur les explosions au port, en vertu de laquelle les responsables politiques poursuivis seraient jugés devant la Haute Cour formée à cette fin, comme le veulent les deux partis chiites.
"Entente" avec Mikati
Lors d'une réunion avec la délégation du Congrès composée notamment de Daryl Issa et Darren Lahoud, ainsi que le groupe de soutien américain pour le Liban, le président Aoun a affirmé qu'"il existe une entente avec le chef du gouvernement concernant les dossiers (d'actualité) et les réformes". "La situation que traverse le gouvernement ne va pas durer, et le Conseil des ministres se réunira à bientôt", a-t-il promis, sans donner de date précise. Il a souligné, en outre, qu'il s'engage à "respecter les échéances constitutionnelles aux niveaux du Parlement et de la présidence", alors qu'il avait exprimé son opposition à une tenue des législatives le 27 mars 2022, plaidant en faveur d'un scrutin le 8 ou 15 mai.
Selon des propos rapportés par la présidence libanaise, MM. Issa et Lahoud ont affirmé que "le Congrès attend avec intérêt de voir le rôle que jouera le président de la République durant cette période". Ils ont ajouté qu'ils "portent un intérêt au redressement économique et à la régularisation du travail des institutions", dans le pays en grave crise depuis 2019.
M. Mikati s'est également entretenu avec la délégation du Congrès, saluant "le soutien américain constant à l'armée libanaise" et insistant sur l'engagement du "Liban à appliquer les décisions internationales et à préserver la sécurité et la stabilité". Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la délégation américaine a affirmé "se tenir auprès du Liban sur tous les plans, et soutenir les efforts du gouvernement". Les deux parlementaires ont toutefois insisté sur "la nécessité de mettre fin aux divergences politiques, afin de se concentrer sur des solutions à la situation économique et sociale" que traverse le pays, rapporte le bureau de presse du Premier ministre.
Une opportunité "à ne pas rater"
Du côté du Hezbollah, et malgré un bras de fer qui se corse entre le président Aoun et son camp d'une part, et le tandem Amal-Hezbollah d'autre part, le cheikh Nabil Kaouk, membre du Conseil central du Hezbollah, a émis des propos conciliants, plaidant pour une sortie de crise gouvernementale. Lors d'une cérémonie sociale du parti chiite, il a ainsi affirmé que "le Premier ministre Mikati fournit des efforts continus pour trouver une issue convenable au blocage gouvernemental". Selon lui, "il existe une chance réelle pour résoudre (cette affaire) en surmontant les raisons du blocage". "Les personnes concernées ne doivent pas rater cette opportunité", a-t-il plaidé.
Le ministre du travail, Moustapha Bayram, proche du Hezbollah, a noté, samedi, lors d'un entretien télévisé, "la présence de signes positifs et l'existence d'une chance réelle pour trouver une solution permettant la reprise des réunions du gouvernement". Il a précisé que des informations laissent entendre que "M. Cordahi est prêt à effectuer, dans le cadre du dialogue, ce qui est mieux pour l'intérêt du Liban". Il n'a toutefois pas dit si le ministre de l'Information comptait démissionner ou non.
Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdel Latif el-Zayani, a dans ce contexte affirmé samedi que "le Liban doit montrer que le Hezbollah peut changer de comportement, afin de combler le fossé avec les pays du Golfe", selon l'agence Reuters.
commentaires (19)
Sales traîtres ! Dégagez tous ET EN PREMIER LE HEZB DU DIABLE.
Wow
14 h 10, le 22 novembre 2021