Si le Liban n’était pas déjà dans un état pitoyable, on aurait eu des craintes pour son image. Étrange fatalité que celle qui nous oblige à subir en permanence les frasques d’individus au crépuscule du sexe, dont l’âge a celui de leurs artères et leurs artères l’âge de pierre. Des rigolos persuadés d’être investis d’une mission céleste consistant à mener leurs pauvres compatriotes sur les sentiers fleuris de l’enchantement universel.
Pour l’heure, l’excité en ces temps funestes est un produit maison pur jus, un spécimen remarquable d’humanisme et de modernité. Depuis l’historiette des fermes de Chebaa, dont la lointaine légende dit qu’elles sont syriennes, son GPS perso a fait une belle translation du côté de l’Iran et il s’est retrouvé propulsé à la tête d’un élevage de 100 000 barbus et d’une quincaillerie de 100 000 missiles. De ce fait, il est indiscutablement pour le réchauffement climatique et entend faire la guerre à la planète entière, sans aucune garantie que sa libido martiale s’apaise. Le bonhomme au turban vient de réussir la gageure d’étouffer au berceau le gouvernement qui vient de naître et s’applique à faire danser le Mikou du Sérail, lequel refuse jusque-là de mordre à l’hameçon et continue de promettre sans rire des lendemains d’abondance et d’exubérance.
De l’autre côté du spectre, un Agrume qui n’est pas tout à fait frais, mais ayant gardé toutes ses capacités acides. Il est calfeutré en son Château et enfile les visiteurs entre deux siestes furtives. Bien avant l’autre guignol, il avait eu ses années de gloire, mais s’était empressé de les déglinguer à force de chercher noise à tous les hurluberlus de la classe politique, et de faire avaler à ses partisans des couleuvres sur canapés (Natrix maura in stibadium), assortis de grands numéros d’autopromotion. À ce jour, il ne s’est pas trouvé un seul clampin l’ayant entendu dire « oui » à une proposition, sauf peut-être le jour de son mariage.
Entre les deux, un tenancier de Parlement qui s’applique à jouer les magiciens de foire, excellant dans ce pourquoi il a été embauché il y a 30 ans : garantir le service après-vente du Parti barbu, sa seule assurance-vie sur le fauteuil du perchoir. Lequel fauteuil, avec le temps, a fini par prendre le moule de son auguste fessier et ne doit pas vraiment sentir la bergamote. Il s’était prétendu un tantinet de gauche durant sa jeunesse larmoyante sur les déshérités, mais il a très vite déchanté, se révélant incapable de faire la différence entre Rosa Luxembourg et un compte bien tassé au Luxembourg.
Les trois birbes n’ont plus qu’à espérer que la prochaine tombola législative prolonge et étende davantage leur capacité de nuisance. L’élasticité des matériaux en politique ! Au Liban, il n’y a que ça de vrai…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
"un élevage de 100 000 barbus " hahahaha: digne d'une peinture type Guernica du cher Pic, ou d'un film oscarien type Heston en Moïse!
Wlek Sanferlou
22 h 18, le 19 novembre 2021