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Politique - Élections au barreau de Beyrouth

L’incertitude domine sur fond de divergences au sein de l’opposition et de retrait des partis

Des tractations seraient en cours en vue d’une entente entre les candidats des divers collectifs du mouvement du 17 octobre.

L’incertitude domine sur fond de divergences au sein de l’opposition et de retrait des partis

De gauche à droite et de haut en bas : Moussa Khoury, Rami Haykal, Alexandre Najjar, Fadi Barakat, Abdo Lahoud, Nader Gaspard, Wajih Massaad, Michel Eid et Tanios Eid. Photos DR

À deux jours des élections au barreau de Beyrouth prévues ce dimanche, la situation apparaît encore floue en ce qui concerne les appuis dont pourraient bénéficier les candidats au poste de bâtonnier et aux neuf sièges vacants de membres du conseil de l’ordre, tant au niveau des forces de l’opposition qu’à celui des partis politiques traditionnels. Dans leur ensemble, les partis au pouvoir n’ont pas présenté de candidats officiels et n’ont pas conclu d’alliances pour favoriser tel ou tel postulant. Quant aux collectifs issus du mouvement du 17 octobre, c’est en rangs dispersés qu’ils arrivent au scrutin, n’étant pas parvenus à s’accorder sur un candidat unique pour prendre la tête de l’ordre. Autant de facteurs qui rendent difficile tout pronostic électoral, d’autant que la victoire d’un candidat dépend aussi des relations professionnelles et personnelles qu’il a tissées avec ses confrères. Cette année, neuf avocats briguent la succession de Melhem Khalaf, qui avait remporté haut la main les élections de 2019, dans la foulée de la thaoura. Il s’agit, par ordre alphabétique, de Fadi Barakat, Michel Eid, Tanios Eid, Nader Gaspard, Ramzi Haykal, Moussa Khoury, Abdo Lahoud, Wajih Massaad et Alexandre Najjar. Pour prétendre être élu bâtonnier, ces candidats doivent d’abord franchir le cap du premier tour consacré à l’élection de neuf membres du conseil de l’ordre, lequel est composé de douze membres, et se renouvelle normalement par tiers. Chaque année, l’assemblée générale élit en effet quatre avocats à ces postes, mais les quatre membres dont le mandat était arrivé à échéance en 2020 n’ayant pas été remplacés en raison de la pandémie de Covid-19, leurs sièges vacants s’ajoutent aux quatre autres sièges de membres dont le mandat expire cette année. À ces huit postes, s’ajoute celui qu’occupait Nader Gaspard, qui a préféré ne pas poursuivre son mandat expirant en 2022, afin de participer au premier tour pour accroître ses chances de se présenter à l’élection du bâtonnier. Trente-huit avocats, dont les neuf candidats au bâtonnat, convoitent les neuf postes de membres.

« Affronter » le système en place
Le collectif Nakabetna (Notre ordre), composé d’avocats appartenant à 13 groupements du mouvement du 17 octobre (Beirut Madinati, Marsad, Li Hakki, Ligue des déposants, Vous puez !, Mouwatinoun wa Mouwatinate…), soutient Ramzi Haykal, non affilié à une formation politique, et Moussa Khoury, cofondateur avec l’ancien ministre Charbel Nahas du parti Mouwatinoun wa Mouwatinate. Le collectif, qui considère que ces deux candidats représentent le plus l’opposition, œuvre pour intégrer l’un et l’autre au conseil de l’ordre en tant que membres, mais n’a toujours pas choisi lequel d’entre eux pourrait concourir au poste de bâtonnier. Nakabetna pourrait retarder son choix au dernier quart d’heure, c’est-à-dire entre le premier et le second tour du scrutin, selon le nombre de voix récoltées par chacun d’eux, explique à L’Orient-Le Jour un membre du collectif.

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Pas de candidat unique pour la thaoura

Considéré comme issu de la mouvance gauchisante du mouvement de contestation, Moussa Khoury ne semble pas faire l’unanimité auprès des deux autres coalitions opposantes, le Front libanais de l’opposition (Kataëb,, Mouvement de l'indépendance, Khatt Ahmar, Taqaddom, Ammiyat 17 Techrine, le Pouls du Sud…), réputé à droite, et l’Appel du 13 avril (Bloc national, Mintechrine, Tahalof Watani…), qui se place au centre. Lors du débat organisé il y a huit jours à la Maison de l’avocat pour la présentation des programmes des candidats, M. Khoury avait déclaré sans ambages vouloir « affronter » le système en place pour récupérer les économies (bloquées en banque en raison des restrictions imposées par ces établissements) des avocats, et plus généralement celles des Libanais. « Je suis engagé avec les forces de changement contre ceux qui ont mis la main sur les avoirs des citoyens et du pays, les conduisant à la faillite », avait-il indiqué. À L’Orient-Le Jour, il affirme qu’il compte « mener la bataille pour la restitution de la valeur réelle des montants déposés dans les caisses d’épargne et de retraite », en appelant les représentants des banques à un face-à-face pour leur demander des comptes sur « la gestion abominable de ces fonds ».

Au cours du même débat, Ramzi Haykal avait également dénoncé le « vol » opéré par les banques, tout en affirmant que c’est à l’État et non aux avocats de mettre en place des mesures pour une restructuration des établissements bancaires. Cette déclaration lui avait attiré de vives critiques lancées sur les réseaux sociaux, notamment par le directeur de Legal Agenda, Nizar Saghieh, pour qui « un bâtonnier doit élever la voix en se positionnant de manière claire sur les moyens d’un redressement financier et économique ». Interrogé par L’OLJ, M. Saghieh fait part de sa crainte d’« un conflit d’intérêts auquel risque d’être exposé M. Haykal ». « Il est avocat d’une banque, et l’Association des banques du Liban (ABL) voudrait vendre les propriétés de l’État », met-il en garde. L’intéressé balaie l’accusation. « Les banques sont en train de nous voler », insiste-t-il auprès de L’OLJ, affirmant toutefois que « le bâtonnier et le conseil de l’ordre n’ont pas le pouvoir de prendre des mesures légales pour remédier à la situation, mais peuvent accompagner la mise en place de ces mesures ».

Outre Nakabetna, M. Haykal bénéficie également de l’appui du Bloc national et d’autres formations incluses dans l’Appel du 13 avril. Il semble aussi que sa candidature soit adoptée par le Front libanais de l’opposition qui soutient aussi, dès le départ, celle d’Alexandre Najjar, candidat indépendant. Me Firas Abi Younès, membre du Front, affirme à L’OLJ que dans « une approche unificatrice », sa formation s’efforce de conclure une entente entre MM. Haykal et Najjar, par laquelle celui d’entre eux qui aura obtenu le moins de voix au premier tour devra se désister en faveur de l’autre. Cela pour ne pas éparpiller les voix de l’opposition face aux autres candidats.

L’aile gauche de la thaoura qualifie en revanche Alexandre Najjar de « candidat du système ». « Je suis indépendant », rétorque ce dernier, soulignant qu’il est appuyé principalement par de nombreux confrères non partisans et par les Kataëb, parti traditionnel de l’opposition. Quant au soutien que lui accordent le courant du Futur et une partie des avocats affiliés au mouvement Amal, l’avocat l’attribue à son parcours professionnel. « Les partis n’ayant pas de candidats déclarés, nombre de leurs partisans font leur choix en prenant en considération les curriculum vitae et les compétences », indique M. Najjar.

« L’appui des FL, un honneur pour moi »
Le seul candidat affilié à un parti est Fadi Barakat, adhérent du Courant patriotique libre (CPL) qui ne l’a toutefois pas déclaré comme son candidat officiel. M. Barakat assure lui-même qu’il se lance dans la course de son propre chef.

Idem pour Abdo Lahoud, indépendant, mais décrit comme le candidat des Forces libanaises, et pressenti pour obtenir un bon score, notamment en raison du regain de popularité du parti de Samir Geagea après les affrontements de Tayouné survenus le 14 octobre dernier. « L’appui des FL est un honneur pour moi, mais je compte autant sur les points que pourraient me rapporter ma longue expérience au sein du conseil de l’ordre et mes relations personnelles », assure-t-il auprès de L’OLJ.

Parmi les autres avocats ayant une chance de se hisser à la tête de l’ordre, Nader Gaspard, indépendant. Lors des élections de 2019, il avait accédé au second tour, avant d’être vaincu par Melhem Khalaf. M. Gaspard bénéficie de l’appui de plusieurs collectifs, dont le Club des juristes composé de 250 avocats. Il jouit également de la confiance de nombre de ses confrères dans les régions. Il a fait samedi dernier l’objet de vives critiques sur les réseaux sociaux, du fait de la présence d’un député du Hezbollah, Ali Mokdad, à un déjeuner organisé ce jour-là en son honneur à Baalbeck, à l’heure où nombre de forces de l’opposition considèrent qu’« une complaisance » avec le parti chiite est un « mauvais point ». À L’OLJ, M. Gaspard réplique qu’il n’a pas jugé bon de se retirer de l’événement, d’autant que des candidats de tous bords y prenaient part.

Autre candidat indépendant, Wajih Massaad, qui a déjà quatre mandats de membre du conseil à son actif, et affirme compter cette année sur de nombreux confrères indépendants et partisans avec lesquels il a construit de bonnes relations. Quant à Michel Eid, il arbore son slogan électoral « La voix indépendante pour un conseil de l’ordre efficient », dénonçant, à L’OLJ, « les tiraillements et les coulisses politiques », ainsi que « les alliances entre les différentes forces, déclarées ou sous la table ». Nous avons tenté, en vain, d’entrer en contact avec Tanios Eid.Alors qu’avant 2019, l’appui ostentatoire des partis garantissait une voie pour gagner aux élections de l’ordre, désormais les candidats préfèrent mettre en avant leur indépendance et leur parcours professionnel et personnel. Les partis au pouvoir se mettent d’ailleurs de plus en plus en retrait, par crainte vraisemblable d’essuyer des revers dans un contexte qui leur est hostile en raison de la crise inédite dans laquelle la classe dirigeante fait sombrer le pays. Une observation toutefois réfutée par le Parti socialiste progressiste (PSP). « C’est en raison de son attachement à garder la politique à distance de l’ordre que le PSP a décidé de s’abstenir de participer au scrutin en tant qu’entité politique », affirme la commissaire de justice au sein de la formation de Walid Joumblatt, Suzanne Ismaïl. Elle souligne que son parti demande aux avocats qui lui sont affiliés de faire leur choix sur base des « critères professionnels ». Outre les avocats proches du PSP, nombre de partisans de tous bords semblent vouloir voter ce dimanche pour des candidats qu’ils jugent compétents, même si leurs sympathies politiques diffèrent des leurs.

À deux jours des élections au barreau de Beyrouth prévues ce dimanche, la situation apparaît encore floue en ce qui concerne les appuis dont pourraient bénéficier les candidats au poste de bâtonnier et aux neuf sièges vacants de membres du conseil de l’ordre, tant au niveau des forces de l’opposition qu’à celui des partis politiques traditionnels. Dans leur ensemble, les partis au...

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PAS UNE VOIX NE S,EST LEVEE DES ABONNES CONTRE LA CENSURE EN APPUI A LA MIENNE. ABONNES, YIALLI MEN IDOU ALLAH I ZIDOU !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 58, le 21 novembre 2021

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Commentaires (5)

  • PAS UNE VOIX NE S,EST LEVEE DES ABONNES CONTRE LA CENSURE EN APPUI A LA MIENNE. ABONNES, YIALLI MEN IDOU ALLAH I ZIDOU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 58, le 21 novembre 2021

  • Grosse erreur : Mouwatinoun Wa mouwatinat ne fait pas partie de la coalition Nakabetna et ne peut en aucun cas soutenir le candidat Nizar Haykal lequel a déclaré que c’est l’état qui devrait récupérer les fonds des caisses communes de l’ordre… Par ailleurs que signifie une tendance gauchisante dans un pays menacé par la faim et la maladie ?

    Chaden Maalouf Najjar

    12 h 11, le 20 novembre 2021

  • JE NE M,EXPRIME PAS POUR NE PAS ETRE CENSURE. ILS SONT FOUS AUJOURD,HUI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 48, le 19 novembre 2021

  • Tout ce mig mag ne promet guère des élections qui vont dans le sens de libérer le pays. Le libanais est ainsi fait. Les candidats affiliés publiquement ou secrètement aux partis vendus croient pouvoir berner le monde et accéder à ce poste pour poursuivre la mission de mainmise des vendus avec une officialisation de leurs postes puisque élus. Haykal s’annonce d’office vaincu et tire la couverture vers les fossoyeurs et tout le monde trouve ça normal. Et l’autre qui officie un déjeuner avec HB pour recevoir leur appui et garantir le poste ne trouvant rien à se reprocher. Mais quel cirque nauséabond. Tout ça nous mène à dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge et que nous avons les vendus qu’on mérite.

    Sissi zayyat

    10 h 35, le 19 novembre 2021

  • Si c'est une répétition des législtives, ce n'est guère encouragent!

    Yves Prevost

    07 h 23, le 19 novembre 2021

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