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Lifestyle - Design

Fenjen, une petite tasse libanaise remplie d’espoir

La petite tasse de café traditionnelle a été transformée en un concept qui s’exporte jusqu’aux États-Unis.

Fenjen, une petite tasse libanaise remplie d’espoir

Georges Antonios et sa collection de pots décoratifs. Photo Dory Abou Naaman

Georges Antonios, de grands yeux noirs et un sourire clair, croit malgré tout au Liban, à la capacité des Libanais à se relever et rester debout. Tout comme il croit à la créativité de ses compatriotes et en leur savoir-faire. Il y a un peu moins d’un an et demi, il a lancé Fenjen, un concept qui se base, comme son nom l’indique, sur la tasse de café traditionnelle proche de la chaffé. Georges Antonios reproduit en béton et en métal, en trois dimensions différentes et toutes proportions gardées, la charmante petite tasse de café sans anse. « J’aime les couleurs et l’artisanat. Cela remonte à mon enfance. Je viens d’une famille d’imprimeurs, mon père était spécialisé en sérigraphie. Il imprimait sur du tissu, du papier, du verre, du plastique… À cette époque, le travail était encore très manuel », explique le trentenaire, se souvenant avec tendresse de ses moments passés dans l’imprimerie de son père à Adlieh.


Un artisanat fait avec amour. Photo Élise Bou Malham

Son diplôme de publicité en poche, il se lance en free-lance et collabore durant quatre ans avec de nombreuses compagnies, notamment des banques et des agences de publicité. Créatif, l’esprit libre, il choisit rapidement de quitter l’univers de la publicité où les clients à gros budgets ont toujours, à son regret, le dernier mot.

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C’est alors qu’il se découvre un nouveau hobby, les plantes, et se met à cultiver son propre jardin. En 2016, au cours d’un voyage à Amsterdam, c’est la révélation. Il décide de tout plaquer et de prendre un terrain familial à Betchay où il propose à la vente des plantes qu’il met lui-même en pots. Il détourne des objets, parmi lesquels figure la tasse de café orientale dans laquelle il plante des mini-cactus. Dans sa boutique baptisée Coqliqo, il se charge de projets de jardins. Mais avec le début de la dépréciation de la livre libanaise en 2019, Georges perd une grande partie de ses clients. Même s’il a participé activement au soulèvement du 17 octobre, il choisit de quitter le Liban pour le Qatar et retrouve son métier d’imprimeur en entamant un travail qui s’inscrivait dans le cadre des préparatifs de la Coupe du monde du football 2022. « Et puis l’épidémie du coronavirus et le confinement, qui en a découlé, ont tout arrêté. Il n’y avait plus de projet, plus d’assurance d’une éventuelle tenue de la Coupe du monde, plus rien. Je suis rentré au Liban le 22 juin 2020. »


Collection de pots de la série « Original ». Photo Dory Abou Naaman

Confinement au jardin

« Je ne voulais pas revenir au pays désemparé et sans plans. J’ai toujours été fier du potentiel et de la créativité que nous possédons. Je voulais mettre ce savoir-faire au service d’un projet qui puisse rapporter de l’argent et créer des emplois. En repensant aux couleurs de l’imprimerie de mon père, à son travail artisanal, j’ai décidé de revisiter les contenants de mes mini-cactus et j’ai créé Fenjen », raconte-t-il. La nouvelle marque vient ainsi se greffer à Coqliqo, son concept initial. À peine rentré, Georges Antonios s’attelle durant les 14 jours de confinement à fabriquer des fenjens à base de béton et de résine, dans le jardin de la maison familiale. Il crée trois moules, tout en respectant les proportions de la petite tasse traditionnelle de café et les peint en différentes couleurs. Parti de la tasse traditionnelle qui est de 6,9 centimètres de diamètre et 4,5 centimètres de hauteur, celles de Fenjen sont de 11,5, 21 et 35,5 de diamètre et respectivement de 7,5, 13,5 et 21 centimètres de hauteur. Certaines tasses contiennent de la cire parfumée, d’autres sont vides, pouvant servir d’éléments de décoration, se transformer en grands bols à fruits, en vases pour fleurs séchées ou en bonbonnières. En moins de 18 mois, plus de 1 200 fenjens ont été vendus en ligne.

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La clientèle compte majoritairement des Libanais de la diaspora, basés notamment aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Koweït, en Suisse, en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. L’envoi, dans un très beau packaging, se fait via DHL. Outre les dessins traditionnels bleus, rouges ou verts sur fond blanc, de nouvelles lignes sont créées, comme la Kharzé (matiasma grec), le Déhabi ou le Zahré. Pour Noël, il prévoit de lancer une ligne à la peinture dorée. Actuellement, onze personnes travaillent par intermittence dans l’atelier situé à Jisr el-Bacha, un nombre qui varie en fonction des commandes. Les artisans, des hommes et des femmes, ont entre 23 et 56 ans. « Sans oublier mon père qui a 76 ans et qui nous aide en misant sur son expérience d’imprimeur pour obtenir des objets aux dessins quasiment identiques », indique Georges Antonios.

« Malgré la pauvreté qui touche de plus en plus de Libanais et la tristesse qui nous submerge un peu plus avec chaque jour, j’ai décidé de ne pas perdre espoir », conclut-il avec ce même sourire.

Georges Antonios, de grands yeux noirs et un sourire clair, croit malgré tout au Liban, à la capacité des Libanais à se relever et rester debout. Tout comme il croit à la créativité de ses compatriotes et en leur savoir-faire. Il y a un peu moins d’un an et demi, il a lancé Fenjen, un concept qui se base, comme son nom l’indique, sur la tasse de café traditionnelle proche de la...

commentaires (2)

Meme question, et j'en profite pour l'encourager à rentrer ouvrir un autre atelier au Liban. Il fera des heureux.

Christine KHALIL

08 h 46, le 21 novembre 2021

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Commentaires (2)

  • Meme question, et j'en profite pour l'encourager à rentrer ouvrir un autre atelier au Liban. Il fera des heureux.

    Christine KHALIL

    08 h 46, le 21 novembre 2021

  • Site internet pour commander?

    Bruno

    01 h 06, le 20 novembre 2021

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