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Campus - Hommes-femmes

Les universités appelées à mettre en œuvre des politiques égalitaires

« Il est urgent d’améliorer le statut des femmes universitaires, tous pays confondus, et d’initier la transformation institutionnelle de l’université », signale Leila Saadé, présidente du Réseau francophone des femmes responsables dans l’enseignement supérieur et la recherche (RESUFF).

Les universités appelées à mettre en œuvre des politiques égalitaires

Leila Saadé, en décembre 2019 à Iasi, en Roumanie, à l’occasion du Sommet mondial francophone sur l’enseignement, la recherche et la coopération dans le domaine de la santé. Photo DR

Organisé les 20 et 21 octobre à l’Université de Coimbra, au Portugal, l’atelier d’orientation stratégique « Le leadership féminin, levier de la transformation institutionnelle des universités », organisé par le Réseau francophone des femmes responsables dans l’enseignement supérieur et la recherche (RESUFF), a été suivi dans 20 pays francophones, dont le Liban, grâce à une transmission simultanée en ligne. Cet atelier a réaffirmé la mission que s’est fixée le RESUFF : celle de promouvoir l’accès des femmes aux postes de responsabilité au sein des institutions d’enseignement supérieur et de recherche. « Il a été clairement établi que si le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes est quasiment partout affirmé par les lois, la réalité est tout autre. D’où l’urgence d’améliorer le statut des femmes universitaires, tous pays confondus, et d’initier la transformation institutionnelle de l’université », relève Leila Saadé, présidente du RESUFF depuis sa création à l’initiative de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) en 2015 et professeure de droit à l’Université libanaise.Pour répondre à cette urgence, l’atelier d’orientation stratégique a émis des recommandations qui prévoient une série de mesures concrètes sur différents niveaux. Il s’agit ainsi, selon Mme Saadé, de continuer le travail visant la mise en place de l’Observatoire francophone du développement inclusif par le genre, et cela en coopération avec l’AUF et l’Université du Québec à Montréal qui le logera. Accueillant les données des universités membres de l’AUF, il effectuera un état des lieux de la situation des femmes universitaires afin d’impulser des politiques favorisant l’égalité dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et d’en mesurer l’évolution dans le temps. Parmi les recommandations, il s’agit également de poursuivre la formation à distance « Le genre : concepts et approches », offerte en collaboration avec l’Université Rennes 2 qui a conçu les modules et les enseigne aux femmes universitaires des établissements membres de l’AUF. Sur un autre plan, toujours avec l’AUF, l’atelier veut « œuvrer pour la création d’un label égalité-parité qui sera accordé aux universités qui se mobilisent pour l’égalité de genre », indique Mme Saadé. En parallèle, l’atelier recommande de nommer une référente pour le genre dans les universités membres du RESUFF et de l’AUF. Son rôle sera d’assurer « le suivi de toute question relative à l’égalité des genres et de veiller à l’atteinte de la zone paritaire au sein des postes de responsabilité », ajoute la présidente du RESUFF. S’engager dans la féminisation des titres dans tous les domaines est une autre mesure que ce réseau souhaite lancer. Il inclura dans son site web un guide de la féminisation de titres de fonction. L’objectif est « de rendre les femmes plus “visibles” et leur faire prendre conscience qu’elles sont tout à fait légitimes pour assurer des fonctions de responsabilité », affirme encore Leila Saadé.

Lorsque les femmes universitaires se heurtent au plafond de verre

À l’instar des autres activités menées par le RESUFF, l’atelier a voulu apporter des réponses à une triste réalité vécue par les femmes universitaires, que ce soit au Liban ou ailleurs. « Les obstacles qui se dressent devant la parité à l’université sont nombreux », estime Leila Saadé, qui cite à titre d’exemples « les stéréotypes profondément ancrés dans les mentalités et lourds de conséquence » ou « les discriminations et ce qui en découle ». Le fameux plafond de verre constitue un obstacle majeur à l’ascension des femmes aux niveaux hiérarchiques supérieurs. Déjà, en début de carrière, elles rencontrent des difficultés à être promues. Sujettes à un regard discriminatoire traditionnel, « les femmes se doivent d’éviter d’être elles-mêmes, dans certains cas, responsables de leur stagnation professionnelle. À cette fin, elles doivent s’engager, prendre des risques, se battre pour combiner leurs responsabilités professionnelles avec leur vie familiale et se donner les moyens pour lutter contre les discriminations qui vont grandissantes à chaque étape de leur carrière », poursuit la présidente du RESUFF.L’atelier a ainsi donné l’occasion aux représentantes universitaires du monde francophone engagées sur la voie de l’égalité de partager leurs expériences face aux obstacles qu’elles rencontrent sur leurs parcours. « Il a permis d’apporter la preuve que les femmes leaders, au vu de leur vécu, de leur engagement et de leur position décisionnelle, participent largement à la transformation institutionnelle de l’université par l’approche fondée sur le genre, qui véhicule l’égalité entre les femmes et les hommes, l’égalité des chances et l’égalité des droits et des devoirs », assure Mme Saadé. Cette manifestation a également constitué une opportunité de se pencher sur les violences sexistes et le harcèlement contre les femmes à l’université. Un phénomène qui reste d’actualité, notamment pendant la crise sanitaire qui « a aggravé la situation des plus vulnérables d’entre elles », déplore Mme Saadé. Par ailleurs, l’atelier a dénoncé le manque de données fiables sur le statut des femmes à l’université. « Or, ces données sont indispensables à toute procédure de changement », poursuit la présidente du RESUFF. « Œuvrer pour une université égalitaire nécessite d’offrir aux femmes universitaires les outils adaptés à l’exercice du leadership, tels que la communication, la planification stratégique, le suivi et l’évaluation, le soutien et l’accompagnement, la lutte contre le harcèlement », insiste Mme Saadé. Celle-ci ajoute que pour atteindre la parité dans le milieu universitaire, il est essentiel d’aider les femmes « à conceptualiser les processus et les capacités personnelles de leadership, comme la projection dans une carrière ou la gestion personnelle transformative ». En conclusion, pour mettre en place une culture de l’égalité, le RESUFF appelle les universités à s’engager dans « la mise en œuvre de politiques universitaires égalitaires et le partage des bonnes pratiques ». L’avenir du statut des femmes à l’université en dépendra.


Organisé les 20 et 21 octobre à l’Université de Coimbra, au Portugal, l’atelier d’orientation stratégique « Le leadership féminin, levier de la transformation institutionnelle des universités », organisé par le Réseau francophone des femmes responsables dans l’enseignement supérieur et la recherche (RESUFF), a été suivi dans 20 pays francophones, dont le Liban,...

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