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Nos Lecteurs ont la Parole

De l’éthique de conviction à l’éthique de responsabilité : approche libanaise

« L’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l’une l’autre et constituent ensemble l’homme authentique, c’est-à-dire un homme qui peut prétendre à la vocation politique », Max Weber.

Les causes des troubles récurrents au Liban se retrouvent d’abord dans les interférences étrangères dans les affaires libanaises et le fait que les forces politiques ont chacune leur mentor extérieur. À cela s’ajoutent depuis l’origine des interprétations divergentes du projet national développé dans le pacte national de 1943 et la Constitution, puis réactualisé avec l’accord de Taëf et les modifications constitutionnelles y afférentes.

Les grandes puissances et les puissances régionales cherchent à asseoir leur influence ou même régler leurs différends par procuration sur le territoire libanais en fonction de leur appréciation de l’importance du Liban dans leur vision stratégique. C’est la consolidation d’une des rares zones d’influence qui subsistent, reconnue historiquement par la communauté internationale ;

ou le maintien de la présence en Méditerranée orientale face à de nouveaux entrants ; ou encore la défense de la route, fût-elle de la soie ou des hydrocarbures ; ou l’accès par l’est à la Méditerranée ; ou l’extension des zones de pouvoir ; ou bien sûr le contrôle de la presse et des médias disposant d’une liberté totale d’expression et, de ce fait, véritable caisse de résonance des luttes régionales ; les raisons et les motivations ne manquent pas.

Malheureusement, la culture politique libanaise ne semble pas s’offusquer des dépendances ou même de l’allégeance envers l’étranger, le terme de souveraineté se définissant à l’aune de critères à géométrie variable. Si le terme « parti de l’étranger » peut évoquer des trahisons sous d’autres cieux, les Libanais s’en accommodent allègrement, ne constituant une traîtrise que dans le cas des camps d’en face.

Tout cela peut s’expliquer en partie par les interprétations divergentes et néanmoins tues des textes et accords fondateurs.

Ainsi, s’il est légitime dans une démocratie d’accueillir des partisans d’idéologies transnationales, il est inconcevable d’accepter l’allégeance à quelque autorité étrangère. Cela concerne à des dimensions diverses la grande majorité des partis politiques libanais.

La raison profonde de ces singularités réside dans le fait que les Libanais dans leur définition du projet commun ont fait le choix de la difficulté, voulant prouver la richesse de la fécondation des contraires au-delà des différences.

Cela se traduit aujourd’hui, au moment où le monde s’interroge sur le rôle et la place de l’islam dans les démocraties, par le cas unique d’un pays où l’islam gouverne paritairement avec les chrétiens.

Cette voie est par définition faite de crises et de chutes, mais reste néanmoins porteuse de richesse unique.

À partir de là, comment peut-on gérer au mieux une société composite dans une région en ébullition confrontée à un conflit israélo-arabe qui s’éternise ?

Dans nos pays et en règle générale, doit prévaloir une approche éthique des comportements, des jugements et de la gestion de la chose publique.

L’approche de Max Weber nous est d’une grande aide, qui reconnaît deux types d’éthique, celle de conviction et celle de responsabilité.

L’éthique de conviction vise à ce que toutes les actions menées soient en cohérence avec une conviction ou une valeur sans se soucier des conséquences. L’éthique de responsabilité, quant à elle, accorde une grande attention aux moyens pour les adapter aux finalités en se souciant des conséquences. Ce concept désigne aujourd’hui l’ensemble des règles morales que l’on doit suivre afin d’œuvrer pour le meilleur en étant responsable de ses actes.

S’accrocher au texte sans tenir compte des conséquences ou respecter des règles en se souciant des conséquences, telle est la thématique de Max Weber.

Il est clair que pour une société diverse et multiple comme la nôtre, c’est l’éthique de responsabilité qui doit prévaloir.

Cela concerne ceux qui votent les lois, ceux qui ont mission de les appliquer, mais aussi tous les faiseurs d’opinion et jusqu’au citoyen « responsable ».

C’est peut-être là la première contribution à la paix politique et civile.

Ancien ministre

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« L’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l’une l’autre et constituent ensemble l’homme authentique, c’est-à-dire un homme qui peut prétendre à la vocation politique », Max Weber.Les causes des troubles récurrents au Liban se retrouvent d’abord dans les interférences étrangères dans les...

commentaires (1)

mr. Daher a tort, car il oumet un fait, un triste fait : les KELLON ont bien les consequences de leurs actes en ligne de mire- la ligne de leurs interets personnels tiens ! pour exemple/question : michel aoun vise quoi lorsqu'il soutient hezb qui personnifie cette theorie de gouvernement theocratique ? a t il en ligne de mire le bien de SON GRAND PEUPLE DU LIBAN ? Frangieh, hariri pareil.....

Gaby SIOUFI

10 h 19, le 03 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • mr. Daher a tort, car il oumet un fait, un triste fait : les KELLON ont bien les consequences de leurs actes en ligne de mire- la ligne de leurs interets personnels tiens ! pour exemple/question : michel aoun vise quoi lorsqu'il soutient hezb qui personnifie cette theorie de gouvernement theocratique ? a t il en ligne de mire le bien de SON GRAND PEUPLE DU LIBAN ? Frangieh, hariri pareil.....

    Gaby SIOUFI

    10 h 19, le 03 novembre 2021

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