La formation d’un nouveau gouvernement en septembre dernier n’a pas pour autant relancé le marché immobilier beyrouthin. C’est tout le contraire, les prix continuent de baisser et les acheteurs sont toujours de plus en plus rares. Plus les semaines passent et plus la crise semble irréversible. Le marché des ventes d’appartements est en chute libre.
Quant aux nouveaux projets résidentiels, il n’y en a aucun. Les promoteurs n’osent désormais plus démarrer un chantier. La demande sur plan s’est effondrée vu le nombre important d’immeubles en construction à l’arrêt à Beyrouth. Les acheteurs ont perdu confiance et ne veulent plus investir que dans des biens avec un acte de propriété.
Ainsi, les délais de vente s’allongent comme jamais. Le problème réside dans le chaos des prix demandés qui restent déconnectés de la situation financière du pays.
Depuis plusieurs mois, il n’y a quasiment plus de biens affichés à Beyrouth en chèque bancaire (ou lollars, les dollars bloqués dans les banques et fixés au taux de 3 900 livres).
Tous les propriétaires demandent désormais des payements en dollars frais ou par transfert de l’étranger.
De leur côté, quelques acheteurs attirés par la baisse des prix depuis 2019 sont à l’affût d’opportunités. Mais leur appétit est souvent refroidi par les prix annoncés. Quand l’acquéreur s’attend à des réductions de 40 à 60 % par rapport à 2019, le vendeur ne propose que des baisses de 20 à 30 %. Il est donc logique que le nombre de transactions soit limité. Ainsi, seules une poignée de ventes se sont concrétisées au cours des derniers mois.
Pourtant, la baisse des prix aurait dû relancer la demande. Mais, primo, la classe moyenne locale a d’autres préoccupations que d’investir dans la pierre et cherche plutôt à vendre pour quitter le pays. Deuzio, la diaspora à la recherche d’un pied-à-terre estime que les prix actuels ne correspondent pas à la réalité économique et sécuritaire du Liban.
Cette situation bloque toute éventuelle reprise du marché à court terme. En effet, beaucoup de propriétaires ne réalisent pas que l’immobilier a baissé presque de moitié depuis deux ans. Certains sont dans le déni et ne veulent pas accepter une telle chute.
Cependant, malheureusement pour eux, les rares ventes confirment cette dépréciation. Prenons deux exemples. À Achrafieh, un appartement neuf de 300 m2 affiché à 1 225 000 dollars en 2019 s’est vendu, il y a quelques semaines, à 700 000 dollars frais, soit environ 43 % de baisse. De même, à quelques mètres de la rue Abdel Wahab el-Inglizi, un bien a été acheté à 1 855 dollars frais le m2, alors qu’il était annoncé à 3 878 dollars en 2019, soit une chute de 52 %.
Aujourd’hui, la juste valeur (c’est-à-dire le prix qui pourrait être accepté par un acheteur) des appartements à Beyrouth devrait se situer entre 1 500 et 2 000 dollars frais le m2 pour des propriétés aux prestations acceptables. Un mètre carré entre 2 500 et 3 000 dollars frais serait possible pour les beaux produits. Alors que les biens haut de gamme au centre-ville et bordant le littoral devraient se situer en moyenne autour de 3 500 dollars le m2.
A QUAND LA MODERNISATION DE CE SECTEUR ? A QUAND VOIR LE PROFESSIONNALISME DONT LES COURTIERS ONT UN BESOIN PRESSANT ?
10 h 47, le 01 novembre 2021