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Économie - Coopération

Importation d’électricité de Jordanie : des annonces et quelques détails

Selon des sources proches du dossier, la Syrie pourrait récupérer une partie du courant transitant par son territoire en guise de frais de transport.

Importation d’électricité de Jordanie : des annonces et quelques détails

Le ministre de l’Énergie Walid Fayad (à gauche) et ses homologues syrien (Ghassan Zamel, au centre) et jordanien Saleh Kharabsheh, lors de leur conférence de presse conjointe hier à Amman. Photo Khalil Mazraawi/AFP

Les carences du secteur libanais de l’électricité et les moyens de les combler sont décidément devenus un des principaux vecteurs de coopération entre la majorité des pays de la région.

Dans une conférence de presse conjointe hier à Amman, le ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad, son homologue syrien Ghassan Zamel et le nouveau ministre jordanien de l’Énergie et des ressources minérales Saleh Kharabsheh ont annoncé que leurs trois pays respectifs s’étaient entendus sur les bases du projet devant permettre au Liban d’importer du courant produit en Jordanie et acheminé via la Syrie. Saleh Kharabsheh a évoqué un accord sur la « version définitive » du projet qui était au centre du déplacement de Walid Fayad en Jordanie.

Les ministres ont cependant été avares de détails, tandis que le ministère libanais que nous avons contacté ne prévoyait pas de communiquer davantage sur le sujet, hier.

150 à 250 mégawatts

D’après les déclarations faites par Walid Fayad à l’issue de la réunion, les États-Unis ont « donné leur feu vert » au projet, tandis que la Banque mondiale (BM), qui a également envoyé des représentants sur place, doit le financer. Le ministre syrien a, lui, annoncé que le réseau serait « prêt pour l’acheminement du courant produit vers le Liban à la fin de l’année ». Selon lui, les coûts de réhabilitation de la portion du réseau syrien concernée s’élèveraient à « 5,5 millions de dollars ».

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Selon une source bien au fait du dossier, les trois hauts responsables et les représentants de la Banque mondiale qui ont assisté à la réunion ont en fait finalisé la rédaction des « deux contrats » qui vont être signés pour mettre le projet en œuvre, évoquant un premier texte qui porte sur « la production » et un second sur le « transport » de l’électricité. Les parties se sont entendues sur les prix, restés « confidentiels » mais qui sont « intéressants pour le Liban », selon cette même source, qui a tout de même communiqué une particularité : la Syrie ne sera pas payée pour les frais de transport mais « récupérera une partie de l’électricité véhiculée et achetée par le Liban ». La quantité convenue devrait normalement correspondre à celle produite par des unités de production déployant entre « 150 et 250 mégawatts (MW) ». « Les différents relais situés sur la frontière syro-libanaise et qui sont potentiellement utilisables pour faire passer le courant jordanien ne peuvent pas supporter davantage », a encore indiqué la source. Selon nos informations, un des trois relais utilisables au Liban, celui de Ksara (Békaa) – qui servait d’ailleurs à transporter l’électricité produite en Syrie et qui était achetée par Électricité du Liban (EDL) avant l’entrée en vigueur de la loi César – peut par exemple supporter une puissance d’environ 150 MW.

Les deux points qui restent à régler, selon la source précitée, concernent la contribution financière de la BM – qui pourrait accorder un prêt au Liban pour payer le courant acheté – ainsi que la traduction sur le terrain de l’assouplissement américain annoncé au niveau des sanctions visant la Syrie (et notamment de celles appliquées depuis l’entrée en vigueur de la loi César qui cible toutes les personnes et entités collaborant avec le régime syrien).

Négociations en cours pour le gaz

Le projet consistant à permettre au Liban d’importer de l’électricité de Jordanie s’inscrit dans le cadre de l’initiative américaine annoncée au courant de l’été par l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, une annonce faite quelques heures après que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah eut indiqué qu’un navire transportant du mazout iranien se dirigeait vers le Liban. Il s’agit d’un des deux volets prévus, le premier consistant à approvisionner les centrales libanaises en gaz égyptien, via un gazoduc traversant également la Syrie. La mise en œuvre de ces deux solutions ont nécessité que les États-Unis fassent des exceptions au cadre de sanctions imposées à la Syrie.

Dans un entretien le 25 octobre à Sky News Arabia, en marge de son passage au Caire à l’occasion de la 4e édition annuelle de la Semaine de l’eau organisée dans ce pays, Walid Fayad avait indiqué que la BM était « prête » à financer les deux volets. Il avait également révélé que les Émirats arabes unis étaient prêts à aider le Liban sur le dossier de l’énergie, suite à des assurances formulées par le ministre émirati de l’Industrie et des Technologies avancées Sultan Jaber.

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S’agissant du volet portant sur l’importation de courant jordanien, le ministre avait déclaré dans le même entretien que les négociations avec la Jordanie visaient la barre des 250 MW. Celles-ci avaient déjà été lancées le 8 septembre lors d’une réunion quadripartite entre les 4 ministres de l’Énergie et de l’Électricité des pays concernés. Depuis, le ministres libanais Raymond Ghajar et son homologue jordanienne Hala Zawati ont été remplacés.

Le ministre Fayad a en revanche fourni plus de précisions sur le second volet, indiquant notamment que le Liban avait « commencé à coopérer avec la partie égyptienne et la société TGS (Technical Company for Gas Pipeline Operation Services) pour inspecter tout le tracé du gazoduc » reliant l’Égypte au Liban, en passant par la Jordanie et la Syrie et « effectuer les réparations nécessaires ». Le chantier devrait prendre « plusieurs semaines », avait-il encore estimé, renvoyant à un « état des lieux » déjà effectué.

Le ministre a également rapporté qu’un « accord avait été conclu avec la partie égyptienne pour inspecter le gazoduc en Syrie et estimer les quantités qu’il peut supporter », et que « les anciens contrats d’importation de gaz égyptien au Liban », signés en 2009, avaient été « revus afin qu’ils soient adaptés » à la situation actuelle en vue d’établir « un prix équitable » pour toutes les parties. Les quantités en jeu seraient de « 650 millions de mètres cubes par an », ce qui serait suffisant pour subvenir aux besoins de la centrale de Deir Ammar (Liban-Nord, qui déploie près de 430 MW).

Déjà défaillant en temps normal, le secteur de l’électricité au Liban fonctionne a minima depuis plusieurs mois au moins, suite aux difficultés du pays à financer le carburant de ses centrales. Sur les plus de 1 500 MW qu’EDL peut mobiliser depuis l’arrêt des turbines des deux navires-centrales que le pays louait à l’opérateur turc Karadeniz, seul un tiers environ a été mobilisé en moyenne ces derniers mois, ce qui a largement augmenté le nombre d’heures de rationnement.

Les carences du secteur libanais de l’électricité et les moyens de les combler sont décidément devenus un des principaux vecteurs de coopération entre la majorité des pays de la région. Dans une conférence de presse conjointe hier à Amman, le ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad, son homologue syrien Ghassan Zamel et le nouveau ministre jordanien de l’Énergie...

commentaires (1)

""" pret de la BM & la traduction de la loi César restent a se preciser"" MAIS PAR DIEU C'EST BIEN LA LES 2 ELEMENTS ESSENTIELS DE CET ACCORD JORDANIE-SYRIE-LIBAN NON, ?

Gaby SIOUFI

09 h 41, le 29 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • """ pret de la BM & la traduction de la loi César restent a se preciser"" MAIS PAR DIEU C'EST BIEN LA LES 2 ELEMENTS ESSENTIELS DE CET ACCORD JORDANIE-SYRIE-LIBAN NON, ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 41, le 29 octobre 2021

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