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Politique - Décryptage

L’affaiblissement de Saad Hariri et son impact sur l’électorat sunnite

Même si, officiellement, la campagne électorale n’a pas encore commencé et que la date des prochaines législatives n’est pas encore définitivement fixée, le Liban vit désormais en mode électoral. Aussi bien pour les parties internes que pour les diplomates étrangers, tout tourne autour du prochain scrutin, qualifié de crucial pour la prochaine étape au Liban.

Si, en général, la tendance est de croire que les principaux changements sont attendus sur la scène chrétienne, les rapports diplomatiques font aussi état d’une certaine confusion au sein de la rue sunnite. En effet, depuis l’arrivée du Premier ministre Rafic Hariri sur la scène politique à partir de 1992, celui-ci a monopolisé incontestablement le leadership de la communauté sunnite jusqu’à son tragique assassinat en 2005. Depuis, et en dépit de secousses répétées, son fils Saad a pris le relais et même si les circonstances internes et régionales ont changé, il avait réussi jusqu’à récemment à conserver une influence prépondérante dans la rue sunnite. Toutefois, depuis que la détérioration de ses relations avec les dirigeants saoudiens, qu’il avait essayé de camoufler tant bien que mal après l’épisode de sa démission forcée à partir de Riyad en novembre 2017, a éclaté au grand jour, un malaise profond a commencé à apparaître au sein de ses partisans et de la communauté sunnite en général. Au terme des dix mois récemment passés en tant que Premier ministre désigné et alors qu’il essayait de resserrer les rangs sunnites autour de lui en se présentant comme celui qui résiste aux tentations hégémoniques du chef de l’État et de son camp, il n’a reçu ni l’aval des dirigeants saoudiens ni celui des électeurs.

De plus, ses difficultés financières ainsi que le fait qu’il soit contraint de passer la plupart de son temps en dehors du Liban ont encore affaibli son influence sur les électeurs sunnites.

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C’est donc sans le soutien de Riyad que Saad Hariri s’apprête à mener les élections prévues au printemps prochain. Il a bien essayé de compenser cette lacune en ayant recours aux Émirats arabes unis, mais selon des sources diplomatiques arabes, les dirigeants des Émirats, qui ont eux aussi des problèmes avec le prince héritier saoudien – lequel s’emploie à moderniser le mode de vie des Saoudiens, de manière à rivaliser avec les Émirats et en particulier avec Dubaï –, ne souhaitent pas en rajouter un nouveau. Ils auraient donc conseillé à Saad Hariri de frapper à la porte des Égyptiens. Ce qu’il devrait essayer de faire.

Tous ces développements ont ainsi contraint Saad Hariri à rester en dehors du Liban à une période cruciale quant à la préparation des élections. Ce qui a accru encore plus le malaise au sein de ses partisans. Certes, sa tante et députée de Saïda, Bahia Hariri, s’est bien rendue récemment aux Émirats pour s’entretenir avec lui, en compagnie de son fils Ahmad, mais les partisans ont vu dans cette démarche le signe que Saad Hariri n’est pas sur le point de rentrer à Beyrouth dans un proche avenir. Pour eux, si le chef du courant du Futur peut donner des instructions via Ahmad Hariri, sa présence physique au Liban reste nécessaire pour mobiliser les électeurs et provoquer un élan en sa faveur.

De plus, Saad Hariri est le seul à pouvoir nouer les alliances électorales dont son courant a besoin dans la plupart des circonscriptions, à Beyrouth, au Liban-Nord, à Saïda et dans la Békaa-Ouest notamment.

Comment se présente donc le paysage électoral pour les sunnites ? En raison de ses difficultés actuelles, le courant du Futur se dirige actuellement vers le choix de candidats fortunés, en mesure de financer eux-mêmes la campagne électorale. Mais ce n’est pas toujours facile.

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Selon des sources sunnites beyrouthines, ce choix déplairait aux familles traditionnelles qui se sentiraient négligées. Celles-ci s’apprêteraient donc à exprimer leur mécontentement dans les urnes pour la première fois depuis plusieurs années. Certes, le paysage électoral n’est pas encore totalement clair, mais selon les mêmes sources, à Beyrouth, les familles traditionnelles sunnites songeraient à se tourner soit vers Fouad Makhzoumi, soit vers Nouhad Machnouk. À Saïda, la situation est un peu moins complexe, car Bahia Hariri jouit d’une popularité certaine. D’autant que cette fois, le rival traditionnel des Hariri dans la capitale du Sud, le député Oussama Saad, pourrait ne pas obtenir le soutien du Hezbollah et se voir par conséquent privé des voix chiites qui avaient contribué à son élection en 2018. En effet, selon des sources proches du Hezbollah, Oussama Saad aurait été trop loin dans son appui aux groupes de la contestation à Saïda, notamment ceux qui déclarent leur hostilité à cette formation. Si Oussama Saad n’obtient pas le soutien des voix chiites, la liste Hariri pourrait donc avoir l’avantage. Mais rien n’est encore joué.

En revanche, au Nord, la situation du courant du Futur reste difficile, en raison de la complexité de la région et de la multiplicité des influences. En 2018, le parti de Hariri avait obtenu quatre sièges sur huit à Tripoli, les autres ayant été raflés par le Premier ministre Nagib Mikati. La situation n’est pas encore tranchée pour le scrutin du printemps prochain, mais il est clair que Saad Hariri a besoin de solides alliances, surtout si, comme certains le disent, l’ancien ministre Achraf Rifi compte s’allier aux groupes de la société civile et qu’il a en plus les moyens de mener une campagne efficace. À Denniyé et au Akkar, la popularité du courant du Futur est encore plus affaiblie. Surtout après l’explosion d’un réservoir de carburant à Tleil (le 15 août dernier, qui a fait une trentaine de victimes), où l’absence du courant du Futur dans l’aide aux familles des victimes a été particulièrement critiquée. De plus, le principal allié de Saad Hariri, le mufti Abdellatif Deriane, est lui aussi très contesté au Liban-Nord pour des raisons à la fois structurelles (des postes vacants de cheikhs dans les localités) et financières (les cheikhs qui ne lui seraient pas totalement acquis seraient privés d’une partie des fonds auxquels ils ont droit par souci d’économie). Dans ce contexte, la dernière initiative de Dar el-Fatwa d’envoyer une délégation chez l’ancien député Khaled Daher à Bebnine (Akkar), après l’émission d’un mandat de recherche à son encontre dans la foulée des incidents de Wadi Jamous, a également suscité des critiques.

L’affaiblissement du leadership de Saad Hariri sur la scène sunnite ouvre ainsi la voie à de nombreuses inconnues, dont le sort de son frère Baha’ qui ne cache pas sa volonté d’entrer dans la course politique au Liban. Les changements électoraux pourraient ainsi ne pas se limiter à la scène chrétienne.

Même si, officiellement, la campagne électorale n’a pas encore commencé et que la date des prochaines législatives n’est pas encore définitivement fixée, le Liban vit désormais en mode électoral. Aussi bien pour les parties internes que pour les diplomates étrangers, tout tourne autour du prochain scrutin, qualifié de crucial pour la prochaine étape au Liban. Si, en général, la...

commentaires (4)

Pour qui sonne le glas? Ne vous réjouissez pas trop Mme, le glas sonne pour le Liban et son peuple dont vous êtes sensée en faire partie. Avec des vendus de toute part y compris dans les médias, les envahisseurs ne pouvaient mieux espérer pour étendre leur tyrannie en s’appuyant sur des vendus locaux. C’est toujours comme cela que les grandes nations sont tombées trahies en premier par des mercenaires indignes de l’intérieur. Sans vous, ils n’ont aucun espoir de gagner la bataille et même gagnée, celle la ne vous épargnerait pas vous seraient les premières victimes de ses tortionnaires qui ont l’habitude d’utiliser leurs pions pour mieux les massacrer le moment venu. Ne dit on pas traitre un Jour traître toujours. Vous serez les premiers à être évincés de leur programme faute de confiance, car celui qui trahi son pays ne mérite pas la confiance, même pas de ses alliés d’hier l’histoire regorge d’exemples.

Sissi zayyat

11 h 39, le 26 octobre 2021

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Commentaires (4)

  • Pour qui sonne le glas? Ne vous réjouissez pas trop Mme, le glas sonne pour le Liban et son peuple dont vous êtes sensée en faire partie. Avec des vendus de toute part y compris dans les médias, les envahisseurs ne pouvaient mieux espérer pour étendre leur tyrannie en s’appuyant sur des vendus locaux. C’est toujours comme cela que les grandes nations sont tombées trahies en premier par des mercenaires indignes de l’intérieur. Sans vous, ils n’ont aucun espoir de gagner la bataille et même gagnée, celle la ne vous épargnerait pas vous seraient les premières victimes de ses tortionnaires qui ont l’habitude d’utiliser leurs pions pour mieux les massacrer le moment venu. Ne dit on pas traitre un Jour traître toujours. Vous serez les premiers à être évincés de leur programme faute de confiance, car celui qui trahi son pays ne mérite pas la confiance, même pas de ses alliés d’hier l’histoire regorge d’exemples.

    Sissi zayyat

    11 h 39, le 26 octobre 2021

  • ne chercher pas , bientot l aeroport va fermer la nuit faute de partage du gateau communautaire , la rue chretienne s effrite , la rue sunnite va suivre, dieu merci il reste la rue chiite et les druses qui tiennent debout pour sauver le Liban et empêcher une révolution annoncée il y a 2 ans , les libanais tiennent à garder leurs appartenances communautaires car c est le seul moyen pour survivre car l état est absent et le peuple a faim. pauvre Liban

    barada youssef

    11 h 13, le 26 octobre 2021

  • qu'en pense nasroullah ? voit il d'un bon oeil l'effritement de la rue sunnite et de ses chefs? ou est ce qu'il l'apprehende ? il ne voudrait pas etre tributaire des seuls tout pti gendre et de son bo daddy pour ce qui est etendre sa popularite hors ses propres partisans ? ou plutot l'acceptation de sa "presence" armee par les libanais ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 45, le 26 octobre 2021

  • Lebanese electors should shun and vote out Hariri, his clan, and his Party. Hariri father started the cycle of unnecessary indebtment of the Lebanese state at very high interest rates that benefited predominantly the banks and the superrich, and initiated the Ponzi scheme that lead to the economic collapse. Politicians who lead to this spectacular collapse and impoverished 80% of the population should not be rewarded with Parliament seats. We should fire them all.

    Mireille Kang

    04 h 03, le 26 octobre 2021

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