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Monde - Vatican

Jean Castex rencontre le pape, en pleine tempête pour l’Église de France

La visite, prévue de longue date afin de célébrer le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre Paris et le Saint-Siège, a été bousculée après la publication ce mois-ci d’un rapport sur les abus sexuels dans l’Église.

Jean Castex rencontre le pape, en pleine tempête pour l’Église de France

Le pape François et le Premier ministre français, Jean Castex, hier au Vatican. Vatican Media/AFP

Le Premier ministre français Jean Castex a été reçu hier matin au Vatican par le pape François, avec qui il a évoqué l’épineuse articulation entre la dénonciation de faits criminels et le « secret de la confession » après les révélations retentissantes sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France. « On a évoqué évidemment la situation de l’Église en France, le rapport “Sauvé” », du nom du président de la commission à l’origine d’un rapport sur les abus sexuels dans l’Église, a déclaré M. Castex à la presse à l’issue de son audience privée avec le souverain pontife. « Son discours consiste à dire que c’est courageux de la part de l’Église de France d’avoir fait son travail. Il fait confiance à l’Église de France pour tirer les conclusions. Il se réjouit qu’il n’y ait pas de déni », a-t-il ajouté. « L’Église ne reviendra pas sur le dogme du secret de la confession. Mais il faut à tout prix trouver les voies et moyens pour concilier cela avec le droit pénal, le droit des victimes. Il en a tout a fait conscience », a poursuivi le Premier ministre.

La visite de M. Castex, prévue de longue date afin de célébrer le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, a été bousculée par l’actualité après la publication le 5 octobre des conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) présidée par le haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé. Si le Premier ministre, reçu en audience privée par le souverain pontife, devait selon son entourage évoquer plusieurs sujets sur lesquels la France et le Vatican convergent (accès aux vaccins pour tous, changement climatique, Liban...), impossible d’occulter l’ampleur des chiffres du rapport : 216 000 mineurs agressés par un prêtre ou un religieux en France depuis les années 1950, 330 000 en comptant les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Église. D’autant que depuis son élection en 2013, le pape a fait de la lutte contre les abus sexuels – « instrument de Satan » – une des priorités de son pontificat. François a d’ailleurs déjà exprimé sa « honte » et sa « douleur » à la suite du rapport « Sauvé » et M. Castex devait assurer qu’il suivra « de très près les décisions que vont prendre les évêques dans les prochaines semaines », selon ses conseillers.

« Jardin des évêques »

Mais le débat s’est aussi noué autour du secret de la confession, que le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Emmanuel de Moulins-Beaufort avait jugé « supérieur aux lois de la République », avant de rétropédaler et d’évoquer une « formulation maladroite ». Sur ce point, M. Castex, qui devait rencontrer au cours de la matinée à Rome plusieurs dignitaires du Saint-Siège ainsi que des représentants de la communauté ecclésiastique française, devait circonscrire le débat aux frontières nationales en rappelant que « l’interlocuteur du gouvernement, c’est l’Église de France ». « La pierre est avant tout dans le jardin des évêques » de France, qui devront « dire comment articuler la protection des enfants et le secret de la confession qui, dans le droit français, est un secret professionnel, ni plus ni moins », insistent les services du Premier ministre.

Une façon de ne pas brusquer le Vatican qui lui-même marche sur des œufs : d’un côté, un formulaire de signalement de délit a été mis à la disposition de tout ecclésiastique en juillet 2020 ; de l’autre, le Saint-Siège a confirmé la primauté du secret de la confession, le confesseur étant simplement encouragé à « tenter de convaincre le pénitent » d’alerter des personnes en mesure, elles, de saisir la justice. Accompagné du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, M. Castex devait ensuite être reçu par le chef du gouvernement italien et ancien patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi.

Source : AFP

Le Premier ministre français Jean Castex a été reçu hier matin au Vatican par le pape François, avec qui il a évoqué l’épineuse articulation entre la dénonciation de faits criminels et le « secret de la confession » après les révélations retentissantes sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France. « On a évoqué évidemment la situation de...

commentaires (2)

J'ai oublié d'ajouter que si l'Eglise de France a eu le courage et l'honnêteté de faire faire cette enquête (ou plutôt ce sondage) et d'en publier le rapport, on aimerait que l'Education Nationale fasse de même: on serait peut-être très édifié!

Yves Prevost

08 h 08, le 19 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • J'ai oublié d'ajouter que si l'Eglise de France a eu le courage et l'honnêteté de faire faire cette enquête (ou plutôt ce sondage) et d'en publier le rapport, on aimerait que l'Education Nationale fasse de même: on serait peut-être très édifié!

    Yves Prevost

    08 h 08, le 19 octobre 2021

  • "216 000 mineurs agressés par un prêtre ou un religieux en France ". Ce chiffre doit, tout de même, être expliqué. Il n'y a pas eu, comme on pourrait le penser,216 000 témoignages. Ce chiffre a été obtenu par extrapolation. En fait, 243 personnes seulement ont été interrogées directement et 2819 par courrier. L'enquête montre que les actes incriminés concernent1% des mineurs et 3% des prêtres, religieux ou éducateurs en milieu religieux. Un seul cas serait de trop, mais on est loin de ce que le rapport qualifie pourtant de "massif" ou "systémique".

    Yves Prevost

    07 h 57, le 19 octobre 2021

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