
Un homme marchant dans les souks de Beyrouth, plongés dans un noir quasi-total en raison des pénuries de courant, le 25 septembre 2021. Photo Matthieu Karam
Une nouvelle panne générale de courant s'est produite samedi sur tout le territoire libanais, alors que le réseau électrique risque de s'effondrer à tout moment en raison de graves pénuries et d'infrastructures défaillantes, a reconnu dimanche la compagnie publique Electricité du Liban (EDL) qui gère ce réseau.
Cette panne est intervenue deux jours après l'arrêt de la production d’électricité fournie par deux centrales flottantes louées à Karpowership, la filiale de l’opérateur turc Karadeniz Holding, une production qui assurait près du quart des capacités totales pouvant être mobilisées par EDL (autour de 1 800 MW selon l’organisme public). Mais leurs unités de production n’étaient presque plus mises à contribution depuis deux semaines en raison des problèmes d’approvisionnement d’EDL en carburant, sur fond de grave crise économique et financière.
"Effondrement total à tout moment"
"En plus des centrales déjà mises à l'arrêt, la centrale thermique de Zouk a, elle aussi, cessé de produire du courant après avoir épuisé ses stocks de fuel de catégorie A", a souligné l'office dans un communiqué. "Cela a provoqué une baisse de la production totale en-dessous du seuil des 500MW, poussant la compagnie à activer les centrales de Zahrani et Deir Aamar à leur pleine capacité, pour une brève période, afin d'augmenter la production totale et stabiliser dans la mesure du possible le réseau, mais leurs stocks de fuel a vite diminué", explique EDL. "C'est pourquoi la capacité totale de production a diminué en-dessous de 500MW, provoquant une panne générale que l'office a tenté de réparer avec les moyens qui restent disponibles", ajoute la compagnie. "Il est toutefois désormais quasiment impossible de maintenir la stabilité du réseau dans les circonstances actuelles, ce qui laisse présager un effondrement total à tout moment (...)", met en garde EDL.
Le 23 septembre dernier, EDL avait déjà prévenu contre un risque de blackout total à partir de début octobre. Depuis la fin de la guerre civile libanaise en 1990, le réseau électrique public, largement déficient et dont les infrastructures sont dans un piteux état, coûte chaque année au Trésor des milliards de dollars, aggravant toujours plus la dette publique. Le pays, qui poursuit sa descente aux enfers depuis le début d'une grave crise à l'été 2019, n'a plus de liquidités suffisantes pour se procurer le fuel nécessaire au fonctionnement de ses centrales électriques, et les générateurs privés, qui prennent normalement le relais lors des périodes de rationnement du courant public, ne parviennent plus à se procurer du mazout en raison de la pénurie de carburant. Pour ne rien arranger, et faute de liquidités suffisantes, la Banque du Liban (BDL) a presque totalement levé ses subventions en place depuis deux ans sur les carburants et autres produits et matières de première nécessité. Cela a provoqué une flambée des prix de ces carburants.
Deuxième cargaison de fuel irakien
Le Liban communique actuellement avec l’Égypte, la Jordanie et la Syrie pour augmenter sa production d’électricité en important du gaz égyptien et de l’électricité produite en Jordanie, dans le cadre d’une initiative américaine annoncée en août par l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea. Entre temps, les autorités continuent de miser sur des solutions à court terme, comme l'importation de fuel irakien. En vertu d'un accord conclu le 23 juillet, Bagdad a accepté de fournir au Liban, chaque mois et pendant un an, entre 75 000 et 85 000 tonnes de carburant. Ces quantités de fuel, dont la teneur en soufre est trop élevée pour les centrales libanaises, sont destinées à être échangées au même rythme contre du carburant compatible fourni par des entreprises tierces choisies selon un processus auquel le Liban et l’Irak prennent part. Le 18 septembre, une première partie d’une cargaison de 31 000 tonnes de gasoil à destination d'EDL a été déchargée.
Dans ce contexte, la compagnie a fait savoir que la deuxième cargaison de fuel irakien de catégorie B devrait être déchargée "à tout moment aujourd'hui" dans les réservoirs des centrales de Zouk et Jiyyé. "Mais cette cargaison ne suffira pas à elle seule à augmenter le niveau total de production de manière sensible. Face à cette situation, EDL n'a d'autre choix que de faire fonctionner les centrales en fonction des stocks de fuel restants, et ce afin de produire une capacité totale d'environ 600 MW, jusqu'à épuisement de ces stocks", conclut la compagnie.
commentaires (4)
JE ME DEMANDE POURQUOI L'EDL & TOUS LES AUTRES MINISTERES,INSITUTIONS PUBLIQUES DE TOUS GENRES NE GENERALISENT LE DEVOIR D'ANNONCER EUX MEMES L'ETAT DES CHOSES, DE FACON TECHNIQUE , EVITANT AU CITOYEN DE D'EN AVOIR CONNAISSANCE "SELON DES SOURCES", DOUBLES DE FAUSSES 'INTERPRETATIONS DES MEDIAS, PARFOIS VOULUES ? JE NE PARLE PAS DU" DROIT" A L'INFORMATION" SI CHER A TOUT LE MONDE , LOI QUI SERAIT PEUT ETRE RENFORCEE ET APPLIQUEE DANS 20 ANS.
Gaby SIOUFI
10 h 13, le 04 octobre 2021