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Culture - Musique

Yara Lapidus chante Beyrouth au profit de la Croix-Rouge libanaise

Elle vient de lancer sur iTunes le single de son prochain album qui sortira en janvier 2022. Un premier morceau très particulier, dans lequel la chanteuse franco-libanaise a mis son cœur brisé par la double explosion qui a dévasté le 4 août 2020 sa ville natale. Une ode arabo-pop-rock qu’elle dédie au relèvement de la capitale meurtrie.

Yara Lapidus chante Beyrouth au profit de la Croix-Rouge libanaise

Yara Lapidus, une Orientale sentimentale sous des dehors de Parisienne sophistiquée. Photo Alfredo Piola

« Le 4 août 2020, le cœur de Beyrouth explosait et mon cœur avec… J’en suis jusqu’à aujourd’hui bouleversée », déclare Yara Lapidus. « Cette ville m’a vu naître. J’y ai toujours ma famille et mes amis. Même de loin, sa souffrance m’accompagne. C’est ma terre, quoi ! Je ne pouvais pas ne pas réagir à sa tragédie », ajoute la chanteuse « parisiano-libanaise », jointe par téléphone à l’occasion de la sortie de Oumi Ya Beyrouth (Relève-toi, Beyrouth), sa toute première chanson intégralement en arabe. Et dont elle relate à L’OLJ la naissance dans des circonstances particulières, en lien avec la double explosion au port... « Ce 4 août-là, à 17h06 (heure de Paris), j’étais en plein rendez-vous de travail avec le fameux réalisateur musicien, arrangeur et compositeur Jean-Louis Piérot. Une rencontre au cours de laquelle je lui avais, notamment, fait part de mon désir d’écrire, pour la première fois, une chanson intégralement en arabe, à la composition de laquelle je lui donnerais entièrement carte blanche. La réunion de travail achevée, j’ouvre mon portable et je reçois en pleine figure une multitude de messages et d’images, envoyés par les amis et les membres de ma famille, de la destruction, des blessés, de l’horreur qui s’était abattue sur la ville… J’étais tellement choquée que j’ai écrit le texte de Oumi Ya Beyrouth le soir même. Comme un sursaut pour refuser l’inadmissible. Et je l’ai envoyé en pleine nuit à Jean-Louis Piérot (phonétiquement, bien sûr) en lui disant simplement : “Tu en fais ce que tu veux”. »

La chanteuse a choisi d’illustrer la pochette du single avec une photo de sa maman et de son oncle, le chansonnier Dudul, au début des années 1960. Photo DR

« Oumi Ya Beyrouth »

Il en a fait un morceau envoûtant. Une mélodie pop-rock métissée de ponctuations de oud très orientales, exprimant la quintessence de cet alliage d’Orient et d’Occident qui fait autant le charme de Beyrouth que celui de la longue liane brune à l’allure très parisienne et sophistiquée qui la chante. Sortie de ses tripes, cette supplique adressée à la capitale libanaise à renaître de ses cendres et à retrouver son lustre d’avant ne pouvait se formuler que dans la langue maternelle de cette auteure et interprète. Lorsqu’on lui fait remarquer que son titre évoque un couplet du poème de Nizar Kabbani, repris en chanson par Majida el-Roumi et inscrit dans l’imaginaire collectif libanais, elle botte en touche, affirmant que ses paroles ont tout simplement « jailli spontanément du plus profond de (son) émotion. Elles sont d’une simplicité presque enfantine, mais c’est mon style, je ne saurais pas faire autrement », s’en excuse presque celle qui révèle dans ce morceau son « extrême sentimentalité d’Orientale cachée sous des dehors pudiques d’Occidentale ».

« Dès le départ, lors des arrangements en studio du nouvel album, Oumi Ya Beyrouth a été ma chanson préférée, assure Yara Lapidus. « Mais je n’osais pas imaginer que cette unique chanson en arabe pouvait en être le single. Lorsqu’une attachée de presse me l’a proposée en me disant qu’elle avait beaucoup touché ceux qui l’avaient entendue, j’ai aussitôt décidé d’y aller. Et c’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de reverser l’intégralité des recettes à la Croix-Rouge libanaise. Car je voulais aussi faire quelque chose, à mon niveau, pour mon pays. »

Une certaine image du Liban

Au bout du fil, la voix est suave et veloutée. Elle s’enflamme cependant dès qu’elle évoque une certaine image du Liban, faite d’élégance et de douceur de vivre. Celui de l’âge d’or de Beyrouth. Une époque que la chanteuse, enfant de la guerre, n’a pas vraiment connue, mais dont elle a été nourrie par le biais de ses parents. « Papa était architecte – aujourd’hui à la retraite, il s’adonne à la sculpture –, maman, peintre et guitariste. Ils évoluaient dans un vivier d’artistes, d’intellectuels. Mon oncle Dudul était chansonnier, fondateur du Théâtre de 10 heures au début des années 60… Ils m’ont transmis des images et des histoires d’un pays du Cèdre où l’on cultivait l’esprit classieux, la grâce et la beauté. J’ai la nostalgie de ces temps-là. Et c’est ce visage du Liban éternel que j’ai voulu moi aussi transmettre dans ma musique comme dans le clip qui l’accompagne et qui est signé du talentueux réalisateur libanais Nadim Tabet. »

Pour mémoire

Yara Lapidus : Cet album, c’est ma petite robe noire musicale

Un clip qui déroule et superpose, dans une esthétique en noir et blanc tout à la fois simple et stylisée, des images de la chanteuse et des photos d’archives « fournies par l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) », des grisantes années 50 et 60 beyrouthines. Comme un regard d’aujourd’hui jeté vers le passé dans l’espoir de le reproduire à nouveau…

Appel à la diaspora

« J’ai refusé d’y glisser une quelconque représentation de l’explosion ou des destructions parce que je veux véhiculer l’image du Liban d’avant les évènements et les tensions. Un pays créatif, brillant, heureux, qui, je l’espère, va se relever malgré tout. Et cela grâce à la force et la résistance de son peuple. Grâce aussi à sa diaspora, à laquelle je m’adresse en particulier en lui demandant de télécharger pour 0,99 euro, ou 1,29 dollar, sur iTunes cette chanson dont les droits seront entièrement reversés à la Croix-Rouge libanaise », répète l’artiste investie avec passion dans ce projet d’aide à ses compatriotes.

« Le but n’est pas de faire un million de vues sur Spotify, mais d’amener un maximum de Libanais de l’étranger – nous sommes 10 millions dans le monde – à télécharger le morceau. C’est comme si on mettait un euro pour les pièces jaunes en France. Sauf que là, ça servira à assurer les aides de première nécessité à une population libanaise dévastée », insiste-t-elle. Avant de poursuivre : « Hier, je disais au téléphone à mes parents combien j’étais heureuse de cette initiative et que si je réussissais à rassembler une belle cagnotte pour la Croix-Rouge, j’estimerais avoir accompli le plus beau projet de ma vie. C’est pour cela que je veux emmener Oumi Ya Beyrouth de Paris à Rio, à Sydney et partout ailleurs où il y a une grande communauté libanaise. Car je crois beaucoup à l’addition de petites gouttes qui forment un océan. Si chacun fait un effort de son côté, on peut y arriver », dit-elle en conclusion. Avant de rajouter avec fougue : « Je rêve de dire à la Croix-Rouge : “Regardez ce qu’on a récolté !” »

A bon entendeur…

« Le 4 août 2020, le cœur de Beyrouth explosait et mon cœur avec… J’en suis jusqu’à aujourd’hui bouleversée », déclare Yara Lapidus. « Cette ville m’a vu naître. J’y ai toujours ma famille et mes amis. Même de loin, sa souffrance m’accompagne. C’est ma terre, quoi ! Je ne pouvais pas ne pas réagir à sa tragédie », ajoute la chanteuse...

commentaires (1)

J’ai adoré les images et la voix si gracieuse de cette belle femme. Notre enfance nous a été dérobée cruellement dans les années 70 et depuis,, les mêmes prédateurs maléfiques nous empêchent de vivre dans ce magnifique pays de miel et de raisins si solaire.

Wow

12 h 51, le 02 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • J’ai adoré les images et la voix si gracieuse de cette belle femme. Notre enfance nous a été dérobée cruellement dans les années 70 et depuis,, les mêmes prédateurs maléfiques nous empêchent de vivre dans ce magnifique pays de miel et de raisins si solaire.

    Wow

    12 h 51, le 02 octobre 2021

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