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Environnement - Environnement

Carrières : un recensement en cours pourrait bouleverser la donne

Une étude effectuée par l’armée permettrait de chiffrer les volumes de matières premières extraites dans les quelque 1 300 sites en activité ou abandonnés.

Carrières : un recensement en cours pourrait bouleverser la donne

Une carrière à Chekka. Photo Live Love/L’Orient-Le Jour

Il est très difficile de recenser les carrières de sable et de pierre au Liban. Et pour cause : leurs exploitants ne sont que rarement en possession d’un permis délivré par le Haut Conseil des carrières en vertu du décret 8803/2002 (la seule législation dans le domaine au Liban, qui prévoit de présenter des cartes du projet et des études sur son impact ainsi que sur la nature du sol, etc.). La plupart de ces balafres qui défigurent le paysage libanais (on les estimait à plus de 1 300 en 2018, voir l’enquête du 20 mars de cette année-là dans L’OLJ) sont exploitées sous divers permis comme celui de « bonification de terrains » ou de construction. Ce qui complique lourdement la tâche de tous ceux qui tentent de chiffrer cette activité aussi souterraine que catastrophique pour l’environnement.

Toutefois, un nouveau recensement devrait bouleverser la donne : préparé par l’armée, ses résultats, sitôt finalisés, devront être envoyés aux ministères de l’Environnement et des Finances, selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour.

Ce que le recensement de l’armée apportera de nouveau, c’est une étude volumétrique des carrières. En d’autres termes, il donnera une idée des volumes de sable et de rochers extraits. Jusque-là, les rares études fiables réalisées portaient surtout sur la superficie des carrières, et s’appuyaient souvent sur des photos aériennes.

Le dernier recensement précédent celui de l’armée avait été fait en 2019 par le ministère de l’Environnement en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il se fondait sur une étude présentée par l’expert Antoine Atallah en 2017-2018, qui faisait état d’environ 1 330 exploitations, actives ou abandonnées. Dans le dernier cas de figure, le plus souvent sans aucune réhabilitation du terrain. Le seul développement, suite à cette étude, a été l’adoption, en 2019, d’un plan directeur des carrières (le premier depuis celui de 2009, qui n’a jamais été appliqué). Seule la carte de ce plan, précisant les zones exploitables, n’avait pas encore été adoptée en Conseil des ministres. L’éclatement de la contestation populaire et la démission du cabinet de Saad Hariri ont mis fin à ces efforts d’organisation du secteur.

Le recensement de l’armée, avec son apport volumétrique, permettra donc de rouvrir le sujet en donnant une idée des volumes extraits dans ces sites et, par extension, des pertes essuyées par le Trésor. En effet, quand les carrières sont exploitées selon des permis non adaptés, leurs propriétaires ne payent pas leurs dus suivant les critères de la législation appropriée, ne respectent aucune limite imposée par l’autorité concernée, et ne s’acquittent pas des coûts de réhabilitation du terrain dégradé, contrairement aux dispositions de la loi. Les bénéfices qu’ils engrangent donc de la vente des matières premières ne profitent qu’à eux seuls, et le pays n’en récolte que la dégradation environnementale.

Un tel recensement de l’armée, s’il est sérieusement pris en compte par les autorités concernées, pourrait-il ouvrir la voie vers une reddition de comptes qui n’a que trop tardé ? Il devrait, a minima, permettre d’identifier clairement les propriétaires des carrières illégales ou de celles où la législation n’a pas été respectée, mais aussi de réglementer le secteur en vue d’empêcher des abus futurs.

Demander des comptes, même en retard

Dans la même lignée, la question des carrières devrait être évoquée dans le nouveau rapport national sur l’état de l’environnement dans le pays (SOER), qui devrait être publié de manière imminente, onze ans après le dernier rapport. Préparé par le ministère de l’Environnement en collaboration avec le PNUD, ce document fait le point sur l’état environnemental des différents secteurs, généralement marqués par une dégradation sans ambiguïté.

Ce rapport comporte un chapitre sur l’urbanisation et l’utilisation des terrains, qui évoque de toute évidence la question des carrières. Selon les informations, le rapport de cette année se focalisera sur la nécessité de la pénalisation des contrevenants.

Pour mémoire

Les carrières, ces plaies indélébiles dans le paysage libanais

En effet, que les exploitants des carrières soient dotés d’un permis qu’ils n’ont pas respecté (puisqu’ils extraient souvent bien plus qu’il ne leur est autorisé), ou qu’ils soient totalement dans l’illégalité, leur demander des comptes aujourd’hui permettrait au ministère des Finances de collecter des fonds qui étaient perdus pour le Trésor. Sans compter les pertes en matière de biodiversité, puisque le coût de la réhabilitation des sites n’a presque jamais été couvert par ceux qui ont détruit les montagnes et privé les Libanais de la beauté des paysages.

Si l’exploitation des carrières dans le pays a si souvent été une activité souterraine, destructrice et ruineuse pour l’État, c’est que la volonté politique de la réglementer était totalement absente (comme dans tant d’autres dossiers d’ailleurs). Avec les nouvelles données en cours de préparation, demander des comptes sera désormais à portée de main… À l’époque des grands discours sur les réformes, ce serait une occasion à saisir.

Il est très difficile de recenser les carrières de sable et de pierre au Liban. Et pour cause : leurs exploitants ne sont que rarement en possession d’un permis délivré par le Haut Conseil des carrières en vertu du décret 8803/2002 (la seule législation dans le domaine au Liban, qui prévoit de présenter des cartes du projet et des études sur son impact ainsi que sur la nature du...

commentaires (1)

il a ete mille fois prouve que seule l'armee libanaise est digne de: confiance, competence et efficacite. il reste un dernier pas a franchir..... trouver les circonstances "miraculeuses" de lui remettre les rênes du pouvoir-TOUS LES POUVOIRS-aux fins de reussir a sortir le pays du gouffre qui n'en fini pas de s'approfondire/

Gaby SIOUFI

10 h 50, le 29 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • il a ete mille fois prouve que seule l'armee libanaise est digne de: confiance, competence et efficacite. il reste un dernier pas a franchir..... trouver les circonstances "miraculeuses" de lui remettre les rênes du pouvoir-TOUS LES POUVOIRS-aux fins de reussir a sortir le pays du gouffre qui n'en fini pas de s'approfondire/

    Gaby SIOUFI

    10 h 50, le 29 septembre 2021

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