Le conseil supérieur islamique, haute instance sunnite, rassemblé ce samedi à Dar el-Fatwa sous la présidence du mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, a appelé le nouveau gouvernement libanais à "mettre un terme à la corruption et à l'effondrement du pays". Les responsables et dignitaires sunnites ont également estimé qu'il était possible pour le Liban de sortir de la profonde crise dans laquelle il est plongé depuis près de deux ans, mais que cela nécessitait notamment que les dirigeants "comprennent que la catastrophe humanitaire qui s'est abattue sur le pays est le résultat de leurs politiques erronées".
"Le conseil espère que le gouvernement de Nagib Mikati pourra mettre un terme à la corruption et au pillage" des fonds publics, ainsi qu'à "l'effondrement de tous les secteurs" du pays, et lancer les réformes requises, souligne le communiqué final publié à l'issue de la réunion. Le conseil demande également à l'exécutif de faire de la lutte contre la pauvreté rampante sa priorité. Les participants à la réunion du conseil ont estimé que sortir le Liban du "gouffre" dans lequel il se trouve est une "obligation nationale", qui ne pourra être accomplie que si les responsables "comprennent cette fois que la catastrophe humanitaire qui s'est abattue sur le pays et les Libanais est le résultat naturel de leurs politiques erronées".
Violation de la Constitution
Ils ont en outre dénoncé des "violation de la Constitution" par certains responsables politiques "pour imposer un précédent qui pourrait faire imploser le pacte d'entente nationale et la stabilité politique", estimant que le respect de ce texte fondateur est "la porte d'entrée pour accomplir les réformes et rétablir la confiance". Avec ces accusations, le Conseil s'en prend implicitement au camp du chef de l'État Michel Aoun. En effet, le président et le parti qu'il a fondé, le Courant patriotique libre (CPL) ont maintes fois accusé l'ex-Premier ministre désigné Saad Hariri de tenter d'outrepasser leurs prérogatives constitutionnelles dans la procédure de formation du cabinet, estimant que le président de la République doit être partie prenante des tractations et non se contenter de signer le décret de mise en place du nouveau cabinet.
Le conseil islamique a par ailleurs considéré que l'ampleur du "crime du siècle" qu'était la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, aurait du pousser les autorités à accepter une enquête internationale "comme l'ont notamment réclamé le mufti de la République et les anciens Premiers ministres". Il a dans ce cadre demandé que les immunités de tous les dirigeants soient levées pour le bon déroulement de l'enquête, et ce "au moyen d'une nouvelle loi, afin d'empêcher toute ingérence, clientélisme ou vengeance politique dans cette affaire". Et de critiquer les poursuites jugées "sélectives" lancées contre certains hauts responsables par le juge d'instruction en charge Tarek Bitar, estimant que le dossier devrait être, selon la Constitution, porté devant la Haute cour de justice pour les présidents et ministres, comme le réclame également le Parlement.
Le juge Bitar a notamment lancé des poursuites contre quatre anciens ministres, dont trois sont actuellement députés, et l'ancien président du Conseil Hassane Diab, ce qui a provoqué une levée de boucliers au sein de la classe politique. C'est dans ce contexte qu'est demandé le recours à la Haute cour de justice, une instance devant laquelle aucune affaire n'a jamais été déférée, ce qui fait dire à certains observateurs que cette revendication sert uniquement à détourner l'enquête.
commentaires (5)
Laissez donc la justice faire son travail et ouvrez les portes de prisons aux nouveaux venus qui se croient au dessus des lois et ce quelque soit leur position ou leur confession. Il faut un début pour tout et tant que tous ces corrompus ne sont pas derrière les barreaux pour l’exemple il n’y aura ni justice ni nation. Il faut un acte concret pour dissuader quiconque d’utiliser son poste ou sa fonction pour s’enrichir ou pour exercer son népotisme et tout ira pour le mieux. C’est cela un état de droit. Arrêtez de crier au complot politique à chaque fois que l’un des vôtres est accusé d’un crime et que cela soit une règle pour tous afin de pouvoir juger les traitres pour avoir un semblant de pays civilisé. Ils misent tous sur votre solidarité pour les défendre et ainsi perpétuent les vols et la trahison sans être inquiétés sûrs que vous monterez au créneau pour les disculper. C’est valable pour toutes confessions sans exception aucune.
Sissi zayyat
14 h 34, le 20 septembre 2021