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Économie - Électricité

Le projet d’importation de gaz égyptien au Liban commence à prendre forme

Une fois acheminé, le carburant permettrait à la centrale de Deir Ammar (Liban-Nord) de fournir plus de 4 heures de courant par jour.

Le projet d’importation de gaz égyptien au Liban commence à prendre forme

Les ministres de l’Énergie jordanien, égyptien, syrien et libanais à l’issue de la réunion, hier à Amman, consacrée au projet de l’acheminement du gaz égyptien vers le Liban. Photo Khalil Mazraawi/AFP

A la suite de la rencontre organisée samedi à Damas entre les responsables syriens et libanais, les ministres jordanien, égyptien, syrien et libanais de l’Énergie se sont entendus hier, lors d’une réunion à Amman, sur une feuille de route pour acheminer du gaz égyptien vers le Liban via la Syrie et la Jordanie. Un projet qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative américaine annoncée mi-août par l’ambassadrice Dorothy Shea pour aider le pays du Cèdre à résoudre, en partie, son problème de production d’électricité sans dépendre du carburant iranien commandé par le Hezbollah.

Cette initiative, qui serait dans les tuyaux depuis un certain temps selon la diplomatie américaine, pourrait être potentiellement d’une grande aide pour des Libanais pris en otage par une classe dirigeante qui s’est révélée incapable de gérer la crise que traverse le pays depuis deux ans, sans parler des problèmes structurels du fournisseur public, Électricité du Liban (EDL). Phagocyté par le clientélisme politique qui l’a empêché d’augmenter ses capacités au fil des années, et dépendant des avances du Trésor pour financer son carburant, EDL ne fournit actuellement qu’une poignée d’heures de courant par jour, obligeant ses abonnés à compter sur les générateurs privés.

Loi César

S’il paraissait vague au moment de son annonce, le projet américain semble prendre forme depuis quelques jours, à en juger par les derniers déplacements des officiels libanais et le contenu de la conférence de presse organisée hier après la réunion dans la capitale jordanienne. Au cours de ce point de presse, les participants ont en effet annoncé s’être entendus sur une feuille de route concernant la préparation des infrastructures nécessaires à ce projet et la révision d’accords nécessaires à sa mise en place. De nouvelles réunions quadripartites seront organisées prochainement pour préparer des accords nécessaires à l’approvisionnement du Liban en électricité provenant de Jordanie. En revanche, aucun délai n’a été communiqué.

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Si les choses suivent leur cours, le gaz égyptien sera acheminé vers le Liban en passant par la Jordanie, puis la Syrie. Et ce, malgré les sanctions américaines imposées au régime de Bachar el-Assad, Washington ayant donné son feu vert exceptionnel à ce projet. Lors de son entretien mi-août à la chaîne al-Arabiya, Dorothy Shea avait déclaré qu’il y avait « une volonté » de faire aboutir le projet malgré les sanctions. « Il y aura des (paramètres) logistiques qui devront également être mis en place mais je pense que les choses se dérouleront assez facilement », avait encore indiqué la diplomate.

Cette dérogation permettrait ainsi au Liban d’être exempté des lourdes sanctions imposées par la loi César à toute personne, société, institution ou gouvernement faisant du commerce avec Damas ou contribuant à la reconstruction de la Syrie.

450 MW

Lors de la réunion à Amman, le ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, a estimé que son pays « a aujourd’hui besoin de 600 millions de mètres cubes de gaz pour fournir 450 mégawatts (MW) d’électricité », selon des propos rapportés par l’AFP. Il a aussi indiqué, selon l’Agence nationale d’information, que ce carburant sera utilisé par la centrale de Deir Ammar (Liban-Nord) et qu’il permettrait d’assurer « plus de quatre heures de courant » par jour. À noter que le Liban dispose aujourd’hui de quatre centrales pouvant fonctionner au gaz naturel – Deir Ammar, Zahrani (Liban-Sud) et celles à moteurs inversés installées à Zouk (Kesrouan) et Jiyé (Chouf) – pour une capacité totale de plus de 1 000 MW. Outre ces quatre centrales, le gaz égyptien pourrait aussi servir à alimenter les deux navires-centrales de la société turque Karadeniz, dont le contrat arrive à échéance fin septembre. Installés à Zouk et Jiyé, les navires Fatmagül Sultan et Orhan Bey disposent, eux, d’une capacité combinée de 370 MW. Le problème, c’est que le pays ne possède actuellement aucune unité flottante de stockage et de transformation du gaz liquéfié (Floating Storage and Regazification Unit – FSRU en anglais) qui permettrait d’acheminer le gaz arrivé à Deir Ammar vers les autres centrales du pays. Il y a quelques années, le Liban avait lancé un appel d’offres international pour installer trois de ces unités et les répartir sur le territoire, une procédure a priori passée aux oubliettes après plusieurs prolongations de délai.

Infrastructures endommagées

Quant aux infrastructures nécessaires pour acheminer ce gaz d’Égypte vers le Liban, la ministre jordanienne de l’Énergie, Hala Zawati, a indiqué que celles-ci étaient « quasiment prêtes », tout en reconnaissant qu’il y avait encore des réparations à faire sur le tracé. Elles doivent encore être inspectées avant de pouvoir être remises en état de fonctionnement, selon le ministre syrien de l’Énergie, Bassam Tohmé, qui a ajouté que la partie reliant la Syrie à la Jordanie était « prête ». Ces infrastructures ont en effet été sérieusement endommagées par le conflit syrien déclenché en 2011.

Le ministre égyptien de l’Énergie, Tarek el-Malla, a, lui, souligné que les parties s’étaient « mises d’accord » pour réparer les infrastructures. « Certains articles du contrat établi précédemment » à ce sujet « doivent être passés en revue », a-t-il poursuivi, affirmant que tout devrait être arrangé d’ici « aux prochaines semaines » afin que les importations de gaz puissent commencer « le plus tôt possible ». Selon l’ANI, les ministres ont ainsi indiqué que « dans trois semaines, nous serons prêts à revoir les accords et à évaluer l’infrastructure », suite à quoi, chaque pays sera responsable des coûts de réparation du gazoduc sur son territoire.

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Un obstacle de taille pour un Liban victime de l’une des pires crises économiques de l’histoire récente, selon la Banque mondiale. À ce sujet, le ministre libanais a indiqué que son pays travaille « avec la Banque mondiale pour assurer les ressources financières nécessaires pour couvrir les frais des importations énergétiques de l’Égypte ». En revanche, il n’était pas clair si ce financement servira aussi à la réparation des infrastructures.

Hala Zawati a également affirmé que « la réhabilitation des lignes électriques endommagées (en Syrie) nécessiterait plusieurs mois », confirmant ainsi les propos d’une source bien informée, rapportés le 28 août par L’Orient-Le Jour, et selon laquelle les réparations à effectuer sur le gazoduc requerraient moins de temps que celles des lignes haute tension reliant la Jordanie au Liban via la Syrie. Un argument qui semble avoir relégué au second plan l’option également évoquée par Dorothy Shea visant, elle, à acheminer directement du courant produit en Jordanie vers le réseau libanais, même si cette piste n’est pas encore abandonnée.


A la suite de la rencontre organisée samedi à Damas entre les responsables syriens et libanais, les ministres jordanien, égyptien, syrien et libanais de l’Énergie se sont entendus hier, lors d’une réunion à Amman, sur une feuille de route pour acheminer du gaz égyptien vers le Liban via la Syrie et la Jordanie. Un projet qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative américaine...

commentaires (6)

N'en parlons plus sinon ça va porter la poisse à ce projet...

Wlek Sanferlou

11 h 51, le 10 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • N'en parlons plus sinon ça va porter la poisse à ce projet...

    Wlek Sanferlou

    11 h 51, le 10 septembre 2021

  • Nous n'avons pas de pétrole, mais nous aurons bientôt du gaz. Ça gaze !

    Nicolas ZAHAR

    00 h 01, le 10 septembre 2021

  • Ce gaz égyptien vient probablement d’Israel.

    Hughes Leroy

    19 h 27, le 09 septembre 2021

  • Et se serait drole si le gaz ëgyptien proviendrait d'Israel..... Vraiment drole!

    IMB a SPO

    14 h 35, le 09 septembre 2021

  • "… Le projet d’importation de gaz égyptien commence à prendre forme …" - comprendre: les parties "au pouvoir" commencent à s’entendre sur le partage des "commissions"…

    Gros Gnon

    12 h 23, le 09 septembre 2021

  • Belle photo. Le nôtre de ministre marche en tête. Il est plein d’énergie. Vive le Liban Fort!

    Gros Gnon

    07 h 49, le 09 septembre 2021

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