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Politique - Liban-UE

Les eurodéputés sociaux-démocrates à Beyrouth : pour un gouvernement, mais surtout des législatives

Une membre de la délégation épingle Michel Aoun et son camp qu’elle considère comme les principaux poseurs d’entraves à la formation du cabinet.


Les eurodéputés sociaux-démocrates à Beyrouth : pour un gouvernement, mais surtout des législatives

A gauche : Tonino Picula, eurodéputé croate. Photo tirée du site web du groupe S&D du Parlement européen. A droite : Nora Mebarek, eurodéputée française. Photo tirée du site web du groupe S&D du Parlement européen

Pousser les protagonistes libanais à former le plus rapidement possible un nouveau gouvernement, examiner les moyens et possibilités de venir en aide au peuple du Liban frappé de plein fouet par une crise économique inédite et, surtout, effectuer un forcing pour que les législatives de 2022 se tiennent dans les délais... Voilà en résumé le bilan de la mission d’une délégation de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D), entamée samedi soir à Beyrouth et clôturée mardi. Au cours de cette visite, le groupe de parlementaires s’est entretenu avec un panel de responsables politiques et de représentants de la société civile, mais a choisi de boycotter le président de la République, considéré responsable du blocage au niveau de la mise en place d’un nouveau cabinet, comme devait le confier l’eurodéputée française Nora Mebarek à L’Orient-Le Jour. L’importance de la tournée européenne réside dans le fait qu’elle intervient une semaine avant la tenue, au siège du Parlement européen, à Strasbourg, d’un débat qui sera consacré à la question libanaise, et quelques semaines après l’adoption fin juillet par l’Union européenne d’un cadre légal destiné à sanctionner les protagonistes politiques jugés responsables du blocage du processus politique au Liban.

Si ce cadre légal a été adopté à l’unanimité, les divergences de points de vue entre les pays membres sur sa mise en application persistent. Tonino Picula (eurodéputé croate), coordinateur du groupe S&D pour les Affaires étrangères, s’en tient à la position officielle. « Les sanctions sont un outil mis sur la table, mais qui n’a pas encore été utilisé », explique-t-il dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour au terme de la visite de la délégation européenne, dont il a fait partie. Le parlementaire précise dans ce cadre qu’il s’agira de mesures ciblées, qui n’affecteraient pas le peuple libanais.

En revanche, Nora Mebarek, également membre de la délégation, soutient auprès de L’OLJ un autre point de vue, qui rejoint naturellement celui de Paris. « Ça suffit ! Il faut sanctionner ceux qui entravent le processus politique au Liban, sans attendre qu’ils ne puissent pas former une nouvelle équipe », lance-t-elle, soulignant que le débat au Parlement européen devrait pousser les chefs d’État et de gouvernement à adopter des sanctions.

Pour mémoire

L’Union européenne doit forcer la classe politique à cesser son obstruction

En attendant la réunion de Strasbourg, Mme Mebarek et M. Picula s’accordent à souligner « l’urgence » pour le Liban de se doter d’une nouvelle équipe ministérielle. « Il faut que le nouveau gouvernement voie le jour le plus rapidement possible, dans la mesure où il s’agit d’un premier pas sur la voie des négociations avec le Fonds monétaire international », déclare M. Picula, qui avait visité le Liban une première fois il y a 20 ans, en tant que ministre des Affaires étrangères de Croatie. « L’Union européenne est prête à venir en aide au Liban, mais elle a besoin d’un partenaire crédible », souligne-t-il, tout en reprenant ce que la communauté internationale dans son ensemble, notamment les pays donateurs, n’arrête pas de répéter depuis la démission du cabinet de Hassane Diab, il y a treize mois, dans la foulée de la double explosion meurtrière survenue au port de Beyrouth, le 4 août 2020 : pas d’assistance au Liban sans une série de réformes. « Nous voulons voir des décisions concrètes pour la lutte contre la corruption, ainsi que l’adoption d’un budget », ajoute Tonino Picula. Il plaide aussi pour l’audit juricomptable de la banque centrale, ainsi que pour une réforme du secteur de l’énergie (dont le ministère est dirigé par des membres de la mouvance aouniste depuis 2008) et du système bancaire. Et le parlementaire d’appeler à l’unification des taux de change livre libanaise/dollar, après des mois marqués par une chute vertigineuse de la monnaie nationale, ce qui a anéanti le pouvoir d’achat des Libanais et développé dans le même temps un système multiple de taux de change. Se montrant conscient de la complexité du tissu politique libanais, Tonino Picula se veut réaliste, au point d’exclure une prochaine entente autour de la composition d’un nouveau cabinet. « D’autant que les parties politiques concernées se renvoient la balle et s’échangent les accusations de blocage », déplore-t-il. Cette impression, M. Picula, tout comme sa collègue française, l’a dégagée à l’issue de ses entretiens avec plusieurs responsables politiques libanais, notamment le chef du gouvernement sortant, Hassane Diab, les ministres sortants de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, et des Affaires étrangères, Zeina Acar, et le chef du PSP, Walid Joumblatt. Le programme de la visite prévoyait également une réunion avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Mais le décès, survenu samedi, du président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, a empêché toute rencontre avec des représentants de la communauté chiite, explique M. Picula. La délégation européenne ne s’est en outre pas entretenue avec le président de la République, Michel Aoun, accusé – avec son camp dirigé par son gendre, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil – d’empêcher le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, de former son équipe, avant de s’assurer le tiers de blocage au sein d’un cabinet qui pourrait être contraint à gérer le pays en cas de non-tenue des échéances électorales (législatives et présidentielle) de 2022. Et si M. Bassil – ciblé en novembre dernier par des sanctions américaines – s’efforce de démentir ces accusations et de se présenter comme celui qui exerce un forcing pour la mise en place d’une nouvelle équipe, alors que les autres n’en veulent pas, les Européens, tout comme plusieurs Libanais d’ailleurs, ne semblent aucunement convaincus par un tel discours. Nora Mebarek ne mâche pas ses mots en tançant nommément le locataire de Baabda et ses satellites : « Le président de la République (et son camp) est une des parties bloquantes les plus vindicatives et cherche à assurer dès à présent sa succession. Pourquoi devons-nous nous entretenir avec lui ? » s’exclame-t-elle.

La société civile
Durant leur séjour, les députés européens se sont aussi entretenus avec des représentants de plusieurs groupements de la société civile et d’ONG, dans la perspective des législatives de 2022, dans un coup de pouce clair à ces forces, perçues comme des piliers d’un changement désiré au Liban. « Nous sommes très satisfaits de nos interlocuteurs, mais l’important reste de donner aux Libanais la chance de s’exprimer », souligne Tonino Picula, précisant que tous les responsables rencontrés lors de leur tournée, notamment le ministre sortant de l’Intérieur, ont affirmé que l’État libanais était prêt à organiser le scrutin. Des assurances qui ne calment pas outre mesure les appréhensions de Nora Mebarek. « Nous avons rencontré lundi une délégation de la Commission de supervision des élections. Les membres de cette commission se sont plaints du manque de moyens financiers et logistiques nécessaires pour accomplir leur tâche », confie-t-elle, appelant les autorités à répondre à ces besoins dans la mesure où « il faut qu’un organisme indépendant puisse superviser un scrutin juste et régulier ». « L’Union européenne est prête, elle aussi, à prendre part à la supervision du scrutin », insiste Mme Mebarek.

Pousser les protagonistes libanais à former le plus rapidement possible un nouveau gouvernement, examiner les moyens et possibilités de venir en aide au peuple du Liban frappé de plein fouet par une crise économique inédite et, surtout, effectuer un forcing pour que les législatives de 2022 se tiennent dans les délais... Voilà en résumé le bilan de la mission d’une délégation...

commentaires (9)

Deux piteux députés, sans réelle légitimité compte tenu de leur mode de désignation et de leur très faible pouvoir (hormis celui du pouvoir d'achat), donne la leçon. Quelle stupide et stérile arrogance.

Nicolas ZAHAR

23 h 31, le 09 septembre 2021

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Commentaires (9)

  • Deux piteux députés, sans réelle légitimité compte tenu de leur mode de désignation et de leur très faible pouvoir (hormis celui du pouvoir d'achat), donne la leçon. Quelle stupide et stérile arrogance.

    Nicolas ZAHAR

    23 h 31, le 09 septembre 2021

  • Le pays ploie sous les menaces des grands et des petits . En réalité ces ceux là même qui nous traitent par dessus la jambe et empêchent la formation d'un nouveau cabinet .

    Hitti arlette

    22 h 10, le 07 septembre 2021

  • Bla-bla-bla comme d’habitude!! Au lieu de passer à l’action ils continuent leur blabla inutile!! Comme si vous ne saviez pas déjà qui sont les corrompus qui nous coulent depuis plus de 30 ans!!

    T Myriam

    22 h 04, le 07 septembre 2021

  • Oh oh ,elle épinglé Michel Aoun !!

    Hitti arlette

    20 h 58, le 07 septembre 2021

  • l europe et en particulier la france revent d un gouvernement avec les memes voyoux mafieux et corrompus . il est temps de passer à autre chose , il ne savent pas que tous ceux qui ont gouverné le liban depuis 30 temps , ils passent leurs temps à conter leur argent que s occuper du pays.

    barada youssef

    19 h 14, le 07 septembre 2021

  • ... ou de l'art d'enfoncer des portes ouvertes!

    Politiquement incorrect(e)

    18 h 24, le 07 septembre 2021

  • Une visite qui ne sert à rien. Par ailleurs, il faut cesser de critiquer Gebran Bassile et Michel Aoun. Ce sont les sauveurs du Liban, tout va bien dans le pays depuis qu'ils se mêlent de politique alors que ce n'est pas du tout leur point fort

    Georges Olivier

    17 h 48, le 07 septembre 2021

  • Madame a eu le courage de dire la vérité. Ce que les autres évitaient lors de leurs nombreuses visites. Il ne faut pas être savant pour détecter l'origine du mal qui ronge le pays après plus de 13 mois, et 3 chefs de gouvernement désignés.

    Esber

    17 h 41, le 07 septembre 2021

  • Ces 2 là ne font aucun poids ( et inconnus au bataillon). Leur visite au liban relève du folklo . Autant reçevoir l'épicier du quartier. Bofff... Ils vont juste remplir leurs CV en rajoutant médiation et visite au liban pour le compte de l'union européenne.

    LE FRANCOPHONE

    17 h 35, le 07 septembre 2021

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