Damas a "accepté d'aider" Beyrouth concernant l'importation de gaz égyptien et/ou d'électricité jordanienne à travers le pays voisin, a annoncé samedi le secrétaire général du Haut-Conseil libano-syrien, Nasri Khoury, au terme de la visite à Damas d'une délégation ministérielle conduite par la vice-présidente du Conseil et ministre des Affaires étrangères par intérim du gouvernement sortant, Zeina Acar. Première du genre à être effectuée de manière officielle depuis le début de la guerre en Syrie, cette visite, qui intervient alors que le Liban souffre de graves pénuries de carburants, semble également revêtir une portée politique.
A son arrivée en territoire syrien, au village de Jdeidet Yabbous, la délégation, qui comprend également les ministres sortants des Finances Ghazi Wazni, et de l'Energie Raymond Ghajar, ainsi que le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a été accueillie par le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Mokdad, l'ambassadeur du Liban à Damas Saad Zakhia, et l'ambassadeur de Syrie au Liban Ali Abdelkarim Ali. Elle s'est ensuite rendue au ministère syrien des Affaires étrangères à Damas pour avoir des entretiens, notamment avec M. Mokdad et avec le ministre syrien du Pétrole, Bassam Tohmé, indique l'Agence nationale libanaise d'Information (Ani, officielle).
Mise sur pied d'une équipe technique
Dans une première déclaration faite à Jdeidet Yabbous, M. Khoury a salué "la première visite d'une délégation libanaise officielle depuis 2010, dont l'objectif est d'étudier l'importation de gaz depuis l'Egypte jusqu'au Liban en passant par la Syrie, afin de produire du courant électrique", ajoutant qu'"il s'agit d'une visite d'un jour et que des accords spécifiques devraient être conclus". Il a rappelé qu'"il existe un accord préalable au sujet de l'importation de gaz de l'Egypte en passant par la Syrie et la Jordanie pour arriver au Liban, mais que Le Caire avait arrêté de fournir du gaz au Liban". "Aujourd'hui, nous essayons de réactiver cet accord", a-t-il poursuivi selon des propos rapportés par l'agence de presse officielle syrienne Sana. En 2009, la Syrie et l'Égypte avaient signé un accord pour fournir du gaz naturel au Liban via le gazoduc arabe. La Syrie devait recevoir quelque 600 millions de mètres cubes de gaz par an à travers sa frontière avec la Jordanie, Damas étant censé fournir au Liban une quantité identique de gaz syrien extrait des gisements de l'est du pays.
"La Syrie a approuvé la demande libanaise d'aider au passage du gaz égyptien et de l'électricité jordanienne via le territoire syrien et est prête" à effectuer les procédures nécessaires à cet effet, a ajouté M. Khoury dans une conférence de presse donnée à l'issue des entretiens à Damas. Beyrouth et Damas ont, dans ce contexte, accepté de "poursuivre les discussions sur les détails techniques" en mettant sur pied une équipe conjointe. "La Syrie a toujours été positive dans ses perspectives, elle a réagi positivement malgré des blessures dues à certaines prises de positions", a-t-il noté, assurant toutefois que son pays "oubliait ses plaies et veillait à coopérer avec le Liban et à l'aider".
Infrastructures endommagées
Pour sa part, le ministre Ghajar a déclaré qu'une réunion quadripartite rassemblant des responsables libanais, syriens, jordaniens et égyptiens aurait lieu la semaine prochaine en Jordanie afin de discuter des "procédures nécessaires pour réactiver les accords" entre ces pays, évoquer les questions "techniques et financières" et établir un programme de travail précis.
Son homologue syrien a indiqué de son côté que le comité conjoint mis en place va évaluer "dans quel état se trouvent les infrastructures" car "les infrastructures, gazières ou électriques, ont essuyé des dommages importants". Dans une Syrie aux infrastructures ravagées par le conflit déclenché en 2011, des travaux seront en effet nécessaires dans le pays pour permettre l'acheminement des importations énergétiques. Et concernant l'achat du gaz égyptien et les coûts de transport, la présidence libanaise avait auparavant évoqué des négociations menées par Washington avec la Banque mondiale pour sécuriser des financements. Le Liban souffre de sévères pénuries, notamment en carburants, qui paralysent ses secteurs vitaux, et continue de s'enliser dans la pire crise économique et financière de son histoire contemporaine. De longues heures de rationnement du courant électrique sont imposées tandis que les responsables ne semblent toujours pas avoir trouvé d'issue à la crise
Selon l'agence Sana, des questions relatives aux "relations bilatérales" entre les deux pays ont également été évoquées lors de la visite, alors que le déclenchement du conflit en Syrie a divisé la classe dirigeante libanaise concernant ses relations avec le régime de Bachar el-Assad. Si les deux pays ont maintenu leurs relations diplomatiques, les visites officielles ont cessé, seuls des ministres de partis libanais alliés de Damas, notamment le Hezbollah pro-iranien se rendant en Syrie à titre individuel. En novembre dernier, une petite délégation libanaise avait participé à une conférence organisée par la Russie à Damas sur la question des réfugiés.
La visite de la délégation ministérielle intervient après l'annonce par l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea, que Washington était disposé à aider Beyrouth à importer de l'énergie via la Syrie, dans un assouplissement apparent de la position américaine sur les sanctions imposées à ce pays. Mercredi, Chris Van Hollen, un des sénateurs démocrates américains qui ont effectué une visite à Beyrouth, a indiqué que son pays "cherche des moyens" de contourner la difficulté posée par le transport via la Syrie de gaz ou d'électricité en provenance de Jordanie. La loi dite César, adoptée en 2019 par le Congrès américain, prévoit en effet de lourdes sanctions en cas de transactions commerciales avec le régime syrien. L'annonce de l'initiative américaine est intervenue peu après l'annonce par le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah de l'arrivée prochaine au Liban d'un premier tanker chargé de mazout iranien, le mazout étant essentiel pour le fonctionnement des générateurs privés pendant le rationnement du courant par l'organisme public Electricité du Liban. Selon les dernières informations du site TankerTrackers.com, le premier des navires iraniens est toujours à l'arrêt à l'entrée du Canal de Suez. Le deuxième a, lui, quitté les eaux iraniennes.
commentaires (10)
Damas accepte d’aider le Liban? Quelle bonté de cœur dites moi. A chacune de ses participations à sauver notre pays, il s’est retrouvé plus pauvre et plus démuni qu’avant. Elle a toujours eu des conditions pour soit disant le sortir d’une impasse qui se sont toujours avérées pire que la situation désastreuse dans laquelle il se trouvait. On dit que l’âne ne tombe qu’une seule fois dans la fosse, voila que ces traitres illuminés nous y mènent tout droit pour conserver leurs postes et l’argent qui va avec quitte à cirer des bottes et offrir leur cou et celui du pays en contre partie.
Sissi zayyat
13 h 00, le 06 septembre 2021