
Le Premier ministre désigné Nagib Mikati avec le président Michel Aoun à Baabda. Photo d’archives Dalati et Nohra
L’optimisme entretenu ces deux derniers jours au sujet d’une mise en place prochaine du gouvernement s’est volatilisé hier avec la guerre des communiqués entre la résidence du Premier ministre désigné Nagib Mikati et Baabda. Les indicateurs ont clairement viré au rouge dans la journée et les chances de voir former bientôt un cabinet se sont encore une fois amenuisées un peu plus.
Le président Michel Aoun. Photo ANI
Les accusations réciproques qui avaient commencé en début de semaine entre Baabda et le club des anciens Premiers ministres (Saad Hariri, Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati) ont repris de plus belle, sans qu’on ne comprenne tout de suite ce qui les a déclenchées. À tel point que plus personne ne comprend où réside le ou les problèmes, alors que la bourse des portefeuilles continue vraisemblablement de fluctuer.C’est le bureau de Nagib Mikati qui a ouvert le bal en pointant du doigt, mais sans le nommer, le camp aouniste qu’il a rendu responsable du blocage. Il a dénoncé un « bazar politique et médiatique ouvert à tous les mensonges et fuites, dans une claire tentative de se laver les mains du blocage et d’en imputer la responsabilité à d’autres protagonistes ». En gros, Baabda est accusé de chercher à entretenir un faux optimisme afin de « tromper l’opinion publique », peut-on lire entre les lignes.
Le Premier ministre désigné Nagib Mikati Photo ANI
Mercredi, Michel Aoun avait exprimé l’espoir que le gouvernement soit formé cette semaine, devant le sénateur démocrate américain Chris Murphy, qu’il avait reçu à la tête d’une délégation du Sénat US. Le chef de l’État avait aussi assuré devant ses visiteurs que le processus de formation du gouvernement avait déjà « bien avancé » et que « beaucoup d’obstacles avaient été levés ». Un avis que Nagib Mikati est apparemment loin de partager, d’autant que les blocages restent les mêmes.
Le palais présidentiel a aussitôt réagi au communiqué de M. Mikati en démentant les informations qualifiées d’« infondées » selon lesquelles le président chercherait à obtenir le tiers de blocage au sein du gouvernement, « que ce soit de façon directe ou indirecte ». Le texte met en exergue les circonstances difficiles que traverse le Liban et qui devraient « pousser tout le monde à faire preuve de responsabilité et à prendre l’initiative de sauver le pays ». Baabda a appelé à « mettre un terme au jeu du plus futé », affirmant redouter « une volonté d’entraver la formation du gouvernement et la mise en place des réformes ainsi que la lutte contre la corruption ».
Ces accusations interviennent une semaine après le dernier entretien entre le président de la République et le Premier ministre désigné, alors que le processus semble dans l’impasse. Un climat qui rappelle le bras de fer entre le chef du courant du Futur Saad Hariri et le camp présidentiel, ainsi que les tentatives, toutes avortées, du leader sunnite qui voulait mettre en place un cabinet au sein duquel aucune partie ne détiendrait la minorité de blocage, mais qui avait fini par rendre son tablier.
La guerre verbale entre le président de la République et le Premier ministre désigné a éclaté à l’issue de deux rencontres successives – la première à huit heures trente, la seconde à midi trente – entre le chef de l’État et le directeur de la Sûreté, le général Abbas Ibrahim, qui effectue depuis quelques jours une médiation entre MM. Aoun et Mikati. L’escalade entre ces deux derniers est un indicateur de l’échec de la dernière mission de M. Ibrahim, note notre chroniqueur politique Mounir Rabih. À l’origine de la querelle, la bataille autour des noms et de certains portefeuilles qui se poursuivait notamment au sujet des deux ministres chrétiens qui devraient être désignés aux Affaires sociales et à l’Économie. Nagib Mikati souhaitait que le ministère des Affaires sociales soit inclus dans sa part alors que le chef de l’État souhaite que les deux portefeuilles lui reviennent.
Le Premier ministre désigné, qui tient à assurer un minimum de cohésion au sein d’une équipe qu’il veut performante et surtout capable des réformes attendues, considère que les ministères qui seront amenés à négocier avec le Fonds monétaire international sont ceux de l’Énergie, des Finances, des Télécoms, des Affaires sociales et de l’Économie. Or, si Michel Aoun dispose comme il le souhaite des ministères de l’Énergie, des Affaires sociales et de l’Économie, et si Nabih Berry maintient les Finances, sachant que les Télécoms iraient à une personnalité proche du courant du Futur, comme le soulignent certaines informations, Nagib Mikati n’aura plus aucun représentant dans les pourparlers avec le FMI. À noter cependant que le courant du Futur a démenti hier dans un communiqué les informations selon lesquelles il serait représenté au sein du futur cabinet.
Échange d’accusations entre Baabda et le Premier ministre désigné
« Alors que le Premier ministre désigné perçoit le processus de formation du gouvernement conformément aux règles constitutionnelles en vigueur et aux exigences de la phase difficile que traverse le pays, certains semblent insister à transformer les tractations en un bazar politique et médiatique, ouvert à tous les mensonges et fuites, dans une claire tentative de se laver les mains du blocage et d’en imputer la responsabilité à d’autres protagonistes », a déploré le bureau du Premier ministre désigné Nagib Mikati, dans un communiqué publié en fin de journée.
Le texte assure toutefois que M. Mikati « poursuivra la formation du gouvernement, conformément aux règles qu’il avait définies depuis sa désignation, tout en faisant preuve d’esprit d’ouverture envers le président de la République et en se concertant avec lui ». Le bureau de M. Mikati affirme aussi que ce dernier « aspire à une coopération constructive, loin des conditions et contre-conditions, désormais connues par tout le monde ». Une allusion à peine voilée à l’insistance de Michel Aoun pour avoir son mot à dire au sujet des ministrables chrétiens. Le bureau de presse du Premier ministre désigné souligne enfin que M. Mikati « ne s’est engagé auprès de personne sur quoi que ce soit, avant la mise en place finale du gouvernement ».
Quelques minutes plus tard, le bureau de presse de la présidence critiquait fermement, mais sans le nommer, Nagib Mikati et le club des ex-Premiers ministres, se défendant une fois de plus de bloquer le processus gouvernemental.
Dans un communiqué marqué par un ton et des termes assez forts, la présidence a démenti toute volonté de la part du chef de l’État de détenir le tiers de blocage qu’il qualifie de « tiers de garantie », « que ce soit de façon directe ou indirecte », rappelant que les circonstances difficiles que traverse le pays devraient pousser« tout le monde à faire preuve de responsabilité et prendre l’initiative de sauver le pays ». Appelant à « mettre un terme au jeu du plus futé, la présidence a redouté une volonté d’entraver la formation du gouvernement et la mise en place des réformes, ainsi que la lutte contre la corruption (...) ». Baabda a enfin appelé à « ne plus accuser le président de la République de blocage » dans la formation du cabinet.
commentaires (8)
FAHMI LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR NOUS DISAIT QUE DES POLICIERS DÉSERTENT LE BATEAU FAUTE DE SALAIRE "50 $" PAR MOIS. L'ARMÉE TOMBERA PROCHAINEMENT COMME UN CHATEAU DE CATE POUR LES MÊMES RAISON, FAUTE DE SALAIRE...ET LE HEZBOLLAH ATTEND SON HEURE QUI S'APPROCHE POUR DIRIGER CE QUI RESTE DE CE PAYS, MAIS CETTE FOIS-CI, ÇA SERA À VISAGE DÉCOUVERT. ET LES PREMIERS QUI VONT ÊTRE SURPRIS ET CRIENT AU SCANDALE, CE SONT TOUS CEUX QUI CROIENT ENCORE À L'ÉTOILE DE AOUN ET BASSIL. ÇA NE PEUT PAS ÊTRE PLUS CLAIRE COMME SITUATION....SAUVE QUI PEUT
Gebran Eid
09 h 53, le 03 septembre 2021