
Les trois sénateurs américains Richard Blumenthal, Christopher Murphy et Christopher Van Hollen lors de leur conférence de presse à l’AIB. Photo Dalati et Nohra
Quatre sénateurs démocrates américains ont clôturé hier leur visite de deux jours au Liban par une conférence de presse sur le tarmac de la base militaire de l’aéroport de Beyrouth. Tour à tour ont pris la parole les sénateurs Christopher Murphy, chef de la délégation et président du sous-comité des Relations étrangères du Sénat sur le Proche-Orient, l’Asie du Sud, l’Asie centrale et de la Lutte contre le terrorisme, Richard Blumenthal et Christopher Van Hollen, évoquant leur tournée auprès des responsables libanais pour prendre connaissance des développements politiques (voir par ailleurs), mais aussi leurs rencontres avec des représentants du soulèvement populaire du 17 octobre 2019. Le quatrième sénateur, Jon Ossoff, ne s’est pas exprimé.
Les élus américains ont constaté la grande souffrance d’une population qui passe ses soirées dans le noir absolu et fait des heures de queue pour obtenir quelques litres d’essence. Même constat pour la troupe qui joue sa survie en ces temps de crise. « J’en ai mal au cœur », a admis Christopher Murphy, promettant d’œuvrer « à trouver les moyens supplémentaires pour soutenir la population et l’armée libanaise ». D’autant, a-t-il rappelé, que les États-Unis sont le plus grand donateur du Liban et de l’armée libanaise en particulier. Une aide à la troupe qui a atteint 120 millions de dollars en 2021.
Ce qui se passe est impardonnable
Parallèlement à cette empathie à l’égard des Libanais, les sénateurs ont exprimé leur attente de résultats de la part de la classe politique ainsi que la mise en place d’un leadership efficace et productif. « Ce qui se passe est impardonnable ! » a lancé M. Murphy, critiquant les hommes du pouvoir qui ont « refusé de faire des choix difficiles ». Cela dit, ils n’ont pas manqué de relever « les bonnes nouvelles » véhiculées par le chef de l’État, Michel Aoun. « Le président Aoun a exprimé sa confiance que le gouvernement serait formé en fin de semaine, d’ici à un ou deux jours », a rapporté le sénateur. Sauf que la formation du gouvernement – si elle venait effectivement à se confirmer, ce qui n’est pas acquis – n’est que le début d’un long processus de réformes attendues et nécessaires. « Sans la mise en place de ce processus de formation du gouvernement et de mise en place des réformes, suivies des législatives en temps dû en 2022, aucune aide n’est possible », a-t-il lancé, espérant voir « l’opportunité pour chaque citoyen de voter en toute sécurité » et l’occasion de voir « des activistes accéder au pouvoir ».
Sans surprise, les sénateurs ont rebondi sur l’annonce, par le Hezbollah, relative à l’importation, par le parti, de fuel iranien, face à la pénurie de carburant. Le sénateur Blumenthal a certes reconnu que la crise économique sans précédent que vivent les Libanais est une « calamité », voire un « film d’horreur », que les leaders du pays doivent « rapidement réagir pour atténuer la souffrance du peuple », que les soldats de l’armée libanaise doivent être correctement « rémunérés et nourris pour survivre » et pour accomplir leur mission au service de la nation, que le pays du Cèdre doit recevoir une assistance car il croule sous le poids des réfugiés, mais il ne « voit pas la raison pour laquelle le Liban devrait dépendre de l’Iran » pour l’importation de son carburant. « Il y a bien d’autres sources de carburant qui n’auraient pas les conséquences potentielles désastreuses qu’aurait l’importation de fuel iranien », a-t-il martelé, dans une allusion claire aux sanctions américaines contre l’Iran, toujours en place. Richard Blumenthal a toutefois maintenu le flou quant à la politique qu’adopterait Washington si le Liban réceptionnait le carburant iranien importé par le Hezbollah. Il s’est contenté d’apporter son « soutien à l’initiative de l’ambassadrice américaine, Dorothy Shea », concernant l’importation de gaz égyptien pour les centrales libanaises ou d’électricité produite en Jordanie via la Syrie.
Le Hezbollah, un cancer qui profite de la misère des Libanais
Son confrère, Chris Van Hollen, s’est avéré plus vindicatif vis-à-vis du parti chiite proche de Téhéran. « Le Hezbollah est une organisation criminelle, c’est un cancer qui se répand, profite de la misère et du désespoir du peuple libanais et lui fait de fausses promesses », a-t-il lancé, faisant état de la volonté américaine de « stopper ce cancer malin ». Le sénateur Van Hollen a certes précisé qu’il n’est pas dans les intentions des États-Unis de dire au Liban quel leadership mettre en place. « Mais le manque de leadership et de gouvernement serait un obstacle à l’aide. Et c’est un pas vital, de même que l’engagement que les élections et les réformes auront bien lieu », a-t-il souligné. Forcément, a resurgi la menace de nouvelles sanctions contre les responsables libanais qui seraient reconnus de corruption, sur base de la loi Magnitski. « Nous espérons que les choses se dérouleront sans sanctions. Nous redoublons d’efforts dans ce sens », a conclu le sénateur Murphy.
Les sénateurs doivent poursuivre leur tournée dans la région. En Israël où ils sont attendus, ils devraient débattre du tracé de la frontière maritime commune avec le Liban, évoquer la solution à deux États au conflit israélo-palestinien, de même que les relations avec l’Iran et l’avenir de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA).
Aoun espère la formation du gouvernement cette semaine
Le président de la République Michel Aoun a formulé l’espoir que le gouvernement du Premier ministre désigné Nagib Mikati sera formé cette semaine. M. Aoun, qui a reçu une délégation de quatre sénateurs démocrates américains, a assuré à ses visiteurs que le processus de formation du gouvernement est déjà « bien avancé » et que « beaucoup d’obstacles ont été levés », rapporte notre correspondante à Baabda Hoda Chédid. Il a souligné que ce gouvernement aura pour mission de « mener des réformes et de lancer le processus de redressement économique » du pays.
Les déclarations optimistes du chef de l’État interviennent alors que le Premier ministre désigné l’a déjà rencontré à treize reprises depuis sa désignation le 26 juillet pour s’entendre sur la formation du cabinet, sans annoncer de date pour la formation du gouvernement. L’optimisme de M. Aoun a cependant été tempéré par les milieux des anciens Premiers ministres – dont M. Mikati fait partie – qui ont répondu hier à des informations dans les médias attribuées à des sources proches de Baabda et critiquant le Premier ministre désigné. Les anciens chefs de gouvernement sunnites ont ainsi estimé que « le processus de formation du gouvernement tourne toujours dans le cercle d’obstruction bien connu, malgré les efforts déployés par le président Mikati », dans une allusion au président Aoun. Selon ces sources, les anciens Premiers ministres estiment qu’il est « inacceptable de continuer à épuiser le temps crucial dans de vaines querelles » et expriment l’espoir qu’un « gouvernement sera formé au plus tôt conformément aux usages constitutionnels ».
Le président Aoun a par ailleurs assuré à ses visiteurs que les élections législatives se tiendront à temps « au printemps » 2022. « Nous veillerons à ce qu’elles se déroulent dans une atmosphère de liberté et d’intégrité, car la vie démocratique au Liban nécessite un renouvellement des pouvoirs législatif et exécutif », a-t-il affirmé. M. Aoun a en outre remercié les États-Unis pour l’aide fournie à l’armée libanaise, soulignant le besoin urgent du pays pour l’aide humanitaire.
La délégation des sénateurs américains s’est également entretenue avec le président du Parlement, Nabih Berry, qui a lui aussi espéré une formation prochaine du gouvernement. Il a par ailleurs estimé qu’il était « essentiel pour le Liban de bénéficier d’exceptions de la part de Washington concernant les importations et exportations via la frontière syrienne, ce qui permettrait d’aider à résoudre de nombreuses crises » que subit actuellement le pays. M. Berry faisait allusion à la loi César, votée par l’administration américaine en 2019, qui impose de lourdes sanctions au régime syrien et à toute personne, société, institution ou tout gouvernement qui commercialise avec le pouvoir en place à Damas ou contribue à la reconstruction de la Syrie. Washington planche actuellement sur un projet d’importation de gaz égyptien et d’électricité en provenance de Jordanie, via le territoire syrien, ce qui présuppose que des exemptions à la loi César soient accordées à Beyrouth.
Les sénateurs ont aussi été reçus par Nagib Mikati à son domicile ainsi que par le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, avec lequel ils ont évoqué « la situation de l’armée dans les circonstances que traverse le Liban et les moyens de la soutenir pour qu’elle puisse continuer à accomplir sa mission », peut-on lire sur le compte Twitter de l’institution militaire.
Les évêques maronites dénoncent un « partage honteux des quotes-parts »
Les évêques maronites ont déploré hier « l’aggravation de la crise politique, qui rend la formation d’un gouvernement impossible depuis un an pour des raisons liées au partage honteux des quotes-parts ». Dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion mensuelle, ils ont mis en garde contre les répercussions de cette situation, estimant qu’elle cachait une « tentative de renverser le pacte national, la Constitution et l’accord de Taëf ».
Les prélats ont également critiqué la « mauvaise gestion des intérêts et de l’argent publics » par la classe dirigeante alors que les
conditions de vie des Libanais continuent de se détériorer. Ils « tiennent les personnes concernées au sein de l’État pour responsables des conséquences des catastrophes successives qu’ils causent », ont-ils souligné dans leur communiqué. Et d’indiquer que « la liberté, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban sont sur le point de disparaître », estimant que cela est dû à des « forces régionales et locales ». Les dignitaires maronites ont enfin dénoncé l’« humiliation » que vivent les Libanais en raison des crises en série qui frappent le pays.
Quatre sénateurs démocrates américains ont clôturé hier leur visite de deux jours au Liban par une conférence de presse sur le tarmac de la base militaire de l’aéroport de Beyrouth. Tour à tour ont pris la parole les sénateurs Christopher Murphy, chef de la délégation et président du sous-comité des Relations étrangères du Sénat sur le Proche-Orient, l’Asie du Sud, l’Asie...
commentaires (8)
LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL, BELZEBUTH LE BARBU ET SES DEUX LIEUTENANTS INFERNAUX LES DEUX BELIERS BISCORNUS DE L,APOCALYPSE DE LA BERGERIE DE RAI... S,EN FOUTENT... LE PERSE ORDONNE... ET LE PEUPLE LIBANAIS TRANSFORME EN MENDIANTS AFFAMES PAIE ET SOUFFRE ET RISQUE SON EXISTENCE ET CELLE DU PAYS. LES ADEPTES DIABOLIQUES DU MAL VENDUS SONT BIEN CASES ET NOURRIS PAR LEURS MAITRES.
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 17, le 02 septembre 2021