L'ambassade de Syrie au Liban. Photo SANA
Alors que plusieurs médias libanais avaient fait état ces derniers jours de "l'enlèvement" d'activistes syriens originaires de Deraa à l'ambassade de Syrie au Liban, l'armée libanaise a indiqué avoir arrêté vendredi plusieurs ressortissants syriens, dont les initiales correspondent en partie à celles des militants, en raison de leur "entrée illégale" sur le territoire. Cette polémique a lieu alors que des groupes rebelles évacuent Deraa en ce moment, suite à une féroce campagne militaire du régime de Damas et de son allié russe.
"Les services de renseignement de l'armée ont transféré à la Sûreté générale les Syriens T.H. et A.Q., qui sont entrés illégalement en territoire libanais", a annoncé samedi un communiqué militaire. L'armée indique aussi avoir appréhendé quatre autres Syriens à Yarzé où se situe l'ambassade de Syrie, dont les initiales sont M.A.W., M.S.W., A.E. et I.Ch., pour être entrés au Liban "avec l'aide de passeurs". Une enquête est en cours, a ajouté l'armée.
Les activistes dont le sort restait jusqu'à présent incertain sont Taoufik el-Hajji, Ahmed Ziad el-Eid, Ibrahim Majid el-Chamri, Mohammad Abdallah Soleiman el-Waked et Mohammad Saïd el-Waked, rapportait samedi le média Megaphone. Taoufik el-Hajji est l'un des anciens chefs d'une faction de l'Armée syrienne libre.
Clarification de la SG
De son côté, la Sûreté générale libanaise (SG) a réagi samedi soir aux craintes exprimées par le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, farouche opposant au régime Assad, qui craignait, à l'instar de certaines figures de l'opposition syrienne, que les activistes soient remis au régime Assad. Cette situation "pose des questions sur tous les opposants syriens rentrés au Liban après avoir fui les détentions, la torture et la mort", avait estimé le PSP dans un communiqué. "Les prérogatives de la SG se limitent à cacheter les documents de voyage présentés par les personnes traversant des postes-frontières, après vérification, et d'effectuer certaines procédures judiciaires. Elle n'a pas de prérogatives militaires", a indiqué la Sûreté dans un communiqué.
Le ministère libanais des Affaires étrangères n'a pas encore réagi à cette affaire.
Samedi, le site d'informations libanais al-Modon avait rapporté que "d'après des militants syriens, une fois arrivés à l'ambassade, les activistes ont été attaqués par des forces de sécurité et arrêtés. On ne sait pas s'ils sont toujours détenus dans l'ambassade à Yarzé ou s'ils ont été emmenés en Syrie". Selon le site, ces hommes étaient arrivés au Liban le 18 août et avaient demandé des passeports auprès de l'ambassade de Syrie, projetant de se rendre au Kurdistan irakien, un espace accessible sans visa. L'ambassadeur de Syrie au Liban Ali Abdel Karim Ali avait démenti tout enlèvement.
Berceau du soulèvement contre le régime en 2011, le province de Deraa est régulièrement secouée par des attentats et des attaques contre les forces de Bachar el-Assad depuis sa reconquête à l'été 2018. En vertu d'un accord inédit négocié par Moscou, les rebelles avaient été autorisés à y rester. Fin juillet, de violents combats ont éclaté tandis que les forces du régime resserraient l'étau sur Deraa al-Balad, grand quartier du sud de la ville éponyme tenu par d'anciens rebelles. En un mois, les combats ont fait 38.600 déplacés, dont la plupart ont fui Deraa al-Balad, avait indiqué mardi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Parmi ces déplacés, environ 15.000 sont des femmes et plus de 20.400 des enfants, selon l'Ocha.
commentaires (4)
Quel exploit dites-moi. L’armée a arrêté cinq syriens entrés illégalement au Liban? Et qu’en est il des centaines de milliers et des troupes armées qui s’y trouvent sans être inquiétés? Ils se paient encore notre tête et se placent pour les protecteurs du pays? La seule solution aurait été de fermer les frontières comme tous les pays limitrophes s’activent à le faire avec des murs en béton armé et des barbelés. Si vous manquez d’imagination demandez donc à Erdogan comment s’y prendre. Mais lui n’a pas de partis vendus et des politiciens pourris, un moyen simple pour achever un pays.
Sissi zayyat
11 h 07, le 30 août 2021