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Économie - Transaction

La BDL a envisagé de modifier les modalités de transfert d’argent via les réseaux non bancaires

La Banque du Liban a souligné hier n’avoir publié aucune circulaire modifiant les conditions de décaissement des sommes envoyées depuis l’étranger via les réseaux OMT ou MoneyGram.

La BDL a envisagé de modifier les modalités de transfert d’argent via les réseaux non bancaires

La devanture d’un agent de change qui est également agent du réseau MoneyGram. Photo P.H.B.

« Il n’y a pas de fumée sans feu. » C’est par ces termes qu’un agent travaillant pour une société de transfert d’argent a commenté des informations non confirmées, relayées cette semaine sur les réseaux sociaux puis par certains médias, concernant une nouvelle modification des modalités de décaissement des fonds envoyés depuis l’étranger, via les réseaux non bancaires OMT ou MoneyGram.Selon ces échos, la Banque du Liban a envisagé d’imposer à ces sociétés de verser en dollars uniquement 50 % des montants en devises transférés depuis l’étranger à leurs clients au Liban (après déduction des frais), contre 100 % auparavant. La BDL a aussi prévu de demander que les 50 % restants soit versés en livres « au taux affiché par la plateforme » de change Sayrafa.

Ce taux évolue chaque soir en fonction des transactions enregistrées par les agents de change, ainsi que les opérations de retrait sur les comptes en devises bloqués via la circulaire n° 158 de la BDL (qui permet aux particuliers de retirer chaque mois et à certaines conditions 400 dollars en espèces et leur équivalent au taux de 12 000 livres pour un dollar, moitié en espèce et moitié par approvisionnement de compte). Selon une source bancaire, les opérations de change effectuées par les banques avec leurs clients au taux moyen affiché par Sayrafa la veille entrent également en ligne de compte pour calculer le taux moyen du jour. Ce dernier était de 16 500 livres pour un dollar hier, tandis que le taux du marché parallèle gravitait lui encore autour de 19 000 livres.

Le patron d’OMT chez Salamé

Si la BDL n’a pas réagi à la diffusion de ces informations et aucune nouvelle circulaire n’a encore été publiée, deux sources proches du dossier ont confirmé à L’Orient-Le Jour que la banque centrale avait bien envisagé de prendre cette décision, mais qu’elle l’avait ensuite mise en suspens face à l’émoi provoqué sur le marché. « Il arrive souvent que ce type d’information soit diffusé de façon discrète et en amont par certains membres de la BDL pour évaluer la réaction du marché. En ce qui concerne cette nouvelle décision, les réactions ont été négatives, ce qui est assez compréhensible compte tenu de la conjoncture déprimante », explique une des sources contactées.

« Il y a eu un lobbying des principaux acteurs du marché pour demander que la BDL renonce ou sursoie à cette décision. Aux dernières nouvelles, il semble que l’institution financière a été sensible à ces arguments et qu’il n’y aura pas de décision surprise publiée sans coordination avec les acteurs de la filière », a ajouté la seconde source. Contactés, les bureaux d’OMT et de MoneyGram ont simplement répondu qu’ils n’avaient reçu aucune consigne de la Banque du Liban et qu’ils continueraient donc à décaisser les transferts en devises intégralement en dollars.

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En fin de journée, OMT a indiqué dans un communiqué que le président de son conseil d’administration, Toufic Mouawad, s’était réuni avec le gouverneur Riad Salamé, qui lui avait assuré qu’aucune directive dans ce sens n’avait été publiée et que la banque centrale tiendrait compte de tous les tenants et aboutissants aux niveaux financier et « social » avant d’adopter « toute circulaire » modifiant les modalités applicables. Selon Toufic Mouawad, plus de 220 000 familles reçoivent des transferts de leurs familles vivant à l’étranger, et 70 % de ces transferts sont inférieurs à 500 dollars.

Ce n’est pas la première fois que la BDL utilise les modalités de décaissement imposées à ces sociétés comme variable d’ajustement de sa politique monétaire, dont les failles ont éclaté au grand jour depuis le début de la crise. Avec en première ligne la trop grande exposition de son bilan et de celui des banques à une dette publique sur laquelle l’État a fait partiellement défaut en mars 2020 et qui a été gonflée au fil des années par une corruption endémique et facilitée par l’absence totale de rigueur du Parlement dans sa mission de contrôle des dépenses publiques.

En effet, depuis 2019, la banque centrale a modifié à quatre reprises les modalités de décaissement imposées aux sociétés de transfert d’argent, exigeant tantôt qu’ils soient fait en livres (circulaire n° 514 de janvier 2019), puis en devises (n° 514 de décembre 2019), puis encore en livres (n° 551 d’avril 2020) avant un nouveau virage à 180 degrés (n° 566 d’août 2020 dans le sillage de la catastrophe du 4 août). Certains experts considèrent que la circulaire d’avril fait partie des dispositions adoptées par la BDL qui ont contribué à accélérer la chute de la livre dont la banque centrale avait arrêté de soutenir la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar sur le marché dès l’été 2019, alors qu’elle le faisait depuis les années 1990. Une décision qui coïncide avec le début de la crise que le pays traverse depuis près de deux ans. Les sociétés de transfert d’argent avaient pour leur part constaté une baisse de leur volume de transactions de l’ordre de plusieurs dizaines de points de pourcentage à chaque fois que la Banque du Liban avait imposé de décaisser les transferts en livres. Une des sources précitées considère que le volume moyen actuel transféré tourne autour de 90 millions de dollars par mois, tandis qu’une autre estime qu’il a pu dépasser le seuil de 100 millions. En 2020, 1,2 milliard de dollars sur les 6,3 milliards envoyés au Liban l’auraient été via les sociétés de transfert d’argent, selon la Banque mondiale.

Si aucune déclaration officielle concernant les raisons d’une nouvelle modification éventuelle de ces modalités de décaissement n’a été publiée, plusieurs médias ont estimé qu’il pouvait s’agir d’un moyen pour la BDL d’aspirer des dollars sur le marché pour payer la rallonge du mécanisme de subvention sur les importations de carburant sur laquelle les autorités se sont mises d’accord samedi dernier.Enfin, ces informations concernant les modifications des conditions de décaissement des transferts d’argent interviennent dans un contexte particulier pour le gouverneur. Cerné par des enquêtes en France et en Suisse concernant l’origine de son patrimoine, Riad Salamé est depuis le 25 août ciblé par un avis de recherche lancé par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, en raison de son absence à plusieurs séances dans le cadre de l’enquête concernant le dossier des transferts de Mecattaf, principal transporteur de devises étrangères depuis et vers le Liban et la banque SGBL. Un dossier judiciaire très politisé qui a été activé en mai 2020 suite à plusieurs arrestations d’agents de change légaux et illégaux soupçonnés de manipuler le taux dollar/livre sur le marché parallèle.

La BDL précise que l’achat des dollars frais par les banques se fera avec l’accord du client

De nombreux internautes se plaignaient depuis mercredi soir de la circulaire principale n° 159 publiée le 17 août par la Banque du Liban (BDL) dans laquelle elle indiquait notamment que les banques pouvaient acheter toutes les devises transférées depuis l’étranger à leurs clients au taux du « marché parallèle », et cela « uniquement et exclusivement » dans le but de réinjecter ces montants dans des investissements à moyen et long terme ou pour améliorer leur ratio de liquidité, ou encore pour rembourser des créances à l’étranger.

La circulaire indiquait que c’était une possibilité permise par la banque centrale, qui leur a interdit dans le même texte de se tourner vers le marché parallèle, soit chez les changeurs, pour s’approvisionner en devises fraîches (contre des livres ou des chèques bancaires). Une possibilité qui aurait été transformée en une obligation par certaines banques selon des témoignages de clients sur les réseaux sociaux. Toutefois, la BDL a publié une clarification hier, en ajoutant l’expression « dans le cas où le client accepte », concernant cette conversion, et a également précisé qu’elle ne souhaitait pas enlever la « liberté d’utilisation de l’argent frais », instituée par la circulaire n° 150 du 9 avril 2020. Il s’agissait d’ambiguïtés concernant cette circulaire. La BDL n’a toutefois pas expressément expliqué à quel taux de marché elle faisait référence, s’il s’agissait celui du marché parallèle, sur lequel le dollar s’échange contre près de 19 000 livres, ou celui de la plateforme Sayrafa.

La circulaire n° 159 interdisait aussi aux banques de comptabiliser « au-dessus de leur valeur » les sommes d’argent transférées de l’étranger ou les sommes en devises reçues en espèces, tout en autorisant certaines exceptions englobant notamment les sommes apportées (en espèces ou via des transferts) par les clients des banques dans le but de rembourser la totalité d’une ou de plusieurs dettes qu’ils ont souscrite(s) auprès d’elle. Aussi, les établissements bancaires doivent-ils déclarer à la Commission de contrôle des banques (CCB) avant le 15 septembre la totalité des opérations susmentionnées entreprises depuis 2019 et sur une période allant jusqu’au 17 août, en classant à chaque fois les opérations en fonction de leur nature.


« Il n’y a pas de fumée sans feu. » C’est par ces termes qu’un agent travaillant pour une société de transfert d’argent a commenté des informations non confirmées, relayées cette semaine sur les réseaux sociaux puis par certains médias, concernant une nouvelle modification des modalités de décaissement des fonds envoyés depuis l’étranger, via les réseaux non...

commentaires (3)

Comment avoir confiance dans une BDL qui a perdu tout pouvoir sur les banques et qui ne peut que les caresser dans le sens du poil. Une BDL qui vous mitraille de circulaires chacune ayant pour objet de clarifier celle qui la précède et qui ne fait que rendre les choses plus opaques et floues. Une BDL qui ne s’est jamais opposée à financer un état voyous en se servant de l’épargne des honnêtes gens. Que vous soyez des vendus avec votre secte de banquiers, nous le savions mais ce que nous découvrons c’est que vous êtes aussi médiocre que cette classe politique dont vous cherchiez à vous distancier.

Le borgne

18 h 34, le 27 août 2021

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Commentaires (3)

  • Comment avoir confiance dans une BDL qui a perdu tout pouvoir sur les banques et qui ne peut que les caresser dans le sens du poil. Une BDL qui vous mitraille de circulaires chacune ayant pour objet de clarifier celle qui la précède et qui ne fait que rendre les choses plus opaques et floues. Une BDL qui ne s’est jamais opposée à financer un état voyous en se servant de l’épargne des honnêtes gens. Que vous soyez des vendus avec votre secte de banquiers, nous le savions mais ce que nous découvrons c’est que vous êtes aussi médiocre que cette classe politique dont vous cherchiez à vous distancier.

    Le borgne

    18 h 34, le 27 août 2021

  • Je suis persuadé qu’il y a une cellule de génies à la BdL dont la mission est d’inventer tous les moyens possibles et imaginables pour voler les devises des libanais. La mission de la BdL est La Défense de la monnaie nationale et non pas le vol en bande organisée des dépôts en devises des libanais.

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 33, le 27 août 2021

  • > mais Bon Dieu, on aurait cru que les sous-fifres de la BDL-tres tres grassement payes- seraient justement plus competents que le reste des fonctionnaires ! A L'EVIDENCE, leurs salaires sont immerites .

    Gaby SIOUFI

    09 h 32, le 27 août 2021

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