Ce qu’il y a de fabuleux chez les sous-développés, c’est leur acharnement créatif à surdévelopper leur sous-développement. Ainsi, de décrépitude en capilotade, de déglingue en dégénérescence, la déchéance de cet État minable s’accélère et ratisse large à tous les niveaux.
– Médicaments : comprimés, gélules, sirops, inhalateurs, suppos, injections… Plus aucun orifice naturel de Libanais ne trouve le traitement idoine. Chapeauté par un médecin rasé de près mais barbu de l’intérieur, le ministère de la Santé s’obstine à fixer des prix virtuels à des produits inexistants, forçant les malades à se ruer sur les placebos qu’ils vont finir par croire plus efficaces.
– Électricité : la stratégie est désormais au point. Le patron d’EDL, dont les qualités d’éteignoir ne brillent que dans le rationnement, attend de griller la dernière goutte de fuel avant d’aller bêler sa misère auprès du Salami de la banque centrale. Comme d’hab, celui-ci l’envoie paître et le largue pour aller manger un morceau. Houspillé par Orangina du Château tiré de sa sieste par l’arrêt brutal du ronron des climatiseurs, le vieux Riad finit par racler ses derniers tiroirs à devises à la recherche de quelques piécettes. S’ensuit un appel d’offres bidon, et les gueux n’auront plus qu’à attendre un ou deux mois l’arrivée des tankers. Thomas Edison doit tressauter sous sa pierre tombale.
– Mazout et essence : deux castagnes qui tombent dans l’escarcelle du ministre de l’Énergie, ce qui lui donne l’occasion d’être utile, ou du moins de rappeler qu’il existe. Raymond Gaga, est-il besoin de le préciser, est ministre tendance Agrume. Mais la tendance lutte avec le ministre et gagne, et c’est profil plus bas que terre qu’il finit toujours par avaliser les desiderata de la famille princière. D’ailleurs, le marché était convenu dès le départ : c’est l’avalise ou la valise.
Et c’est ce pays dépenaillé et en friche que le Barbu flingueur veut aujourd’hui mobiliser pour monter à l’assaut de la Palestine. L’Amer Michel et lui sont en tout cas faits pour s’entendre. L’un représente la République version poisse, cette guigne illustrée par l’absence de veine chez un individu sans gain, l’autre illustre le sens de l’État milicien dans un État équivalent à trois fois rien. À une nuance près : le premier nous promettait naguère l’enfer, le second le veut pour tout de suite.
À l’heure où la quasi-totalité des gouvernements arabes parlent aux Israéliens, où même les Palestiniens ont dégluti leurs chimères guerrières et en sont revenus, les deux compères sont bien les seuls à y croire encore. Solitude des incompris !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (4)
EDISON DOIT TRESSAUTER SOUS SA PIERRE TOMBALE. EST QUE OUI
Gebran Eid
11 h 55, le 13 août 2021