L'aviation israélienne a revendiqué jeudi ses premiers raids aériens depuis des années au Liban, affirmant avoir visé des sites de lancement de roquettes après des tirs depuis le Liban-Sud vers le nord d'Israël et mettant en garde contre une "escalade".
"Des jets de combats de l'armée ont ciblé des sites de lancement et des infrastructures terroristes au Liban, d'où des roquettes ont été tirées", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué, sans nommer le Hezbollah. Selon la chaîne al-Manar, affiliée au parti chiite, des avions israéliens ont effectué jeudi, à 00:40, "deux raids visant la région de Dimachqiya aux abords du village de Mahmoudiyé au Liban-Sud. L'armée israélienne a également lancé des roquettes à 1:09 dans la région de Dimachqiya, aux abords du village de Aichiyé, selon la même source.
Selon le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, ces frappes aériennes ont visé "des zones de lancement de missiles ainsi que des infrastructures utilisées pour des activités terroristes". "L’État libanais est responsable de ce qui se passe sur son territoire", a-t-il ajouté sur Twitter. "L'armée israélienne met en garde contre la poursuite des agressions contre la souveraineté d'Israël et ses habitants", a-t-il également averti. Le porte-parole israélien avait déjà prévenu mercredi que "les raids israéliens se poursuivront", mettant en garde contre "une escalade visant à faire face à des tentatives terroristes contre Israël et ses habitants".
Après les frappes aériennes, des drones-espion israéliens ont survolé à basse altitude les villages de Markaba, Adaïssé, Houla, Kfar Kila et les localités avoisinantes, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). L'État hébreu a également mené des raids fictifs sur la région de Marjeyoun, au-dessus du fleuve Litani.
Premières frappes aériennes depuis 2014
L'aviation israélienne bombarde régulièrement des positions présumées du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et mène aussi des frappes en Syrie voisine, où elle cible des positions d'éléments pro-iraniens. Mais ses dernières frappes aériennes connues au Liban remontaient à 2014, a confirmé à l'AFP l'armée israélienne, Depuis cette date, l'Etat hébreu avait uniquement eu recours à des tirs d'artillerie.
Le quotidien libanais al-Akhbar, également pro-Hezbollah, a accusé Israël d'avoir franchi "une ligne rouge" avec ces frappes qui constituent un "développement dangereux". Elles ont touché une zone inhabitée, précise le quotidien. L'armée israélienne n'a pas précisé si elle avait ou non ciblé des positions du Hezbollah pro-iranien, ou d'autres groupes.
Les dernières frappes aériennes israéliennes contre le territoire libanais avaient eu lieu près de la frontière avec la Syrie en 2014, mais elles n'ont pas ciblé les bastions du Hezbollah, dans le sud du Liban, depuis le conflit de 2006 entre l'Etat hébreu et le mouvement chiite.
Intention d'intensifier les attaques
Réagissant à ces frappes, le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, a estimé que cela "suggère une intention d'intensifier les attaques" contre le Liban. "Ce qui s'est passé est une violation claire et dangereuse de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU et une menace directe et de la sécurité et de la stabilité au Sud", a dénoncé le président sur Twitter. Après la guerre meurtrière de juillet 2006, la résolution 1701 avait rétabli une cessation des hostilités entre Israël et le Liban. M. Aoun a également affirmé "avoir informé l'armée libanaise du résultat des enquêtes sur le lancement de roquettes depuis le Liban envers Israël et des mesures à prendre à cet égard", soulignant que "porter plainte auprès des Nations unies s'avère indispensable pour empêcher Israël de poursuivre ses agressions contre le Liban".
Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, s'est également prononcé en faveur de cette mesure. Il a ainsi appelé la ministre sortante de la Défense et ministre des Affaires étrangères par intérim, Zeina Acar, à demander à la représentante du Liban à l'ONU, l'ambassadrice Amal Mudallali, de déposer "une plainte urgente auprès du Conseil de sécurité des Nations unies". "Ces nouvelles frappes dangereuses menacent le calme qui prévaut le long de la frontière au sud du Liban et la stabilité en vigueur depuis 2006", a-t-il jugé, rappelant qu'elles interviennent "après une série de violations israéliennes et une utilisation de l'espace aérien libanais pour attaquer la Syrie". Dans un communiqué, il a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à demander à Israël "d'arrêter les violations réitérées de la souveraineté du Liban".
Série de frappes
La veille, mercredi, trois roquettes avaient été lancées depuis le sud du Liban vers le nord d'Israël : deux d'entre elles sont tombées en territoire israélien et la troisième n'a pas traversé la frontière. Aucun blessé n'a été rapporté mais quatre personnes en état de choc ont été prises en charge par la Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge. Peu après ces tirs, l'armée israélienne a lancé trois séries de frappes d'artillerie en direction du Liban. Le quotidien israélien Haaretz, se basant sur "des informations relayées par des officiels de la Défense", avait rapporté que ces projectiles avaient été tirés depuis le Liban "par des factions palestiniennes militantes". Le Hezbollah, lui, n’a pas réagi.
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a demandé mercredi à ce qu'un "message ferme" soit adressé à la Force intérimaire des Nations unies au Liban déployée dans le sud du pays à la frontière avec Israël, d'après le ministère de la Défense. Présente au Liban depuis 1978, la Finul surveille depuis 2006 la frontière israélienne en coordination avec l'armée libanaise et veille à l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Jeudi, le commandant de la mission onusienne, le général Stefano Del Col, a tenu une réunion tripartite avec des responsables militaires des deux pays dans des locaux de la Finul à Naqoura (sud du Liban). "Dans cette période d'instabilité régionale, le rôle de coordination et de liaison de la Finul doit plus que jamais être respecté par toutes les parties", a-t-il déclaré, selon un communiqué. Il a exhorté les deux parties à ne pas laisser la situation dégénérer le long de la frontière à cause des actions de "fauteurs de troubles", les appelant à "explorer les moyens possibles d'améliorer la sécurité et la stabilité le long de la Ligne bleue". En soirée, des véhicules des Casques bleus se sont déployés entre Ibl el-Saqi et Marjeyoun, deux localités proches de la frontière, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah.
Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident avec une recrudescence des tensions entre l'Etat hébreu et l'Iran -allié du Hezbollah et ennemi d'Israël- dans la foulée d'une attaque meurtrière contre le pétrolier Mercer Street, géré par la société d'un milliardaire israélien, en mer d'Oman. Israël, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, a aussitôt accusé l'Iran d'être derrière cette attaque ayant fait deux morts et qui n'a pas été revendiquée. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a affirmé avoir des "preuves" de l'implication iranienne et promis une réplique: "Nous savons comment envoyer un message à l'Iran à notre manière", a-t-il prévenu en début de semaine. Téhéran, dont le nouveau président, l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, a été intronisé cette semaine, nie ces accusations.
QUE PEUT ON REVER DE MIEUX MES CONCITOYENS ! UNE FLOPPEE DE RESPONSABLES TRES FORTS EN SYNTHESES ET AUTRES ANALYSES INTELLIGENTES, PERSPICACES ET EFFICACES .
13 h 59, le 06 août 2021