Coup de chaud sur le front du Sud, en pleine douloureuse commémoration

Comme si la journée anniversaire du 4 août 2020 n’était pas suffisamment douloureuse pour les Libanais, le front du Liban-Sud a été le théâtre d’un sérieux coup de chaud hier à partir de midi, et ce après trois tirs de roquettes non revendiqués depuis le Liban en direction d’Israël. Ces tirs ont entraîné une riposte immédiate et particulièrement musclée de l’armée israélienne et une mise en garde de l’État hébreu à l’adresse des autorités libanaises. Au total, « plus de 80 roquettes ont été tirées par l’armée israélienne en direction de villages frontaliers du Liban », révèle notre correspondant à Saïda, Mountasser Abdallah, sur base d’informations des services de sécurité. Au même moment, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et l’armée libanaise redoublaient d’efforts pour empêcher le pire. Ces efforts ont fini par aboutir dans l’après-midi.

Factions militantes palestiniennes

Les détails restaient flous cependant sur les circonstances de cette dégradation sécuritaire à la frontière. Le tir des trois roquettes n’a pas été revendiqué. Le quotidien israélien Haaretz, se basant sur « des informations relayées par des officiels de la Défense », estime qu’elles ont été tirées depuis le Liban « par des factions palestiniennes militantes ». Le Hezbollah, lui, n’a pas réagi et le journal israélien affirme que le parti chiite « n’est pas derrière les tirs » depuis le Liban. Des sources de sécurité locales reprises par notre correspondant se contentent de préciser de leur côté que les trois roquettes ont été tirées « depuis la vallée du Litani, située entre le château de Beaufort, les villages de Marjeyoun et ceux de Nabatiyé ».

Sur les trois roquettes tirées depuis le Liban, « deux sont tombées en territoire israélien, la troisième n’a pas franchi la frontière libanaise », observent le Haaretz et le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee. L’une d’entre elles a explosé « dans les environs de la ville de Kiryat Shmona à proximité d’habitations sans faire de victimes », précise le quotidien israélien. Parallèlement, les sirènes d’alarme ont retenti, invitant la population israélienne à se mettre à l’abri.

Car l’artillerie israélienne a riposté instantanément. « L’artillerie israélienne bombarde l’intérieur du Liban. Elle a de nouveau bombardé les villages frontaliers en riposte aux tirs de roquettes », confirmait M. Adraee dans l’après-midi.

Une riposte au large spectre

Selon notre correspondant, l’artillerie israélienne a tiré plus de « 80 roquettes de calibre 155 mm de manière intermittente sur des zones libanaises inhabitées ». « La zone qui a vu les départs de tirs a été touchée par les tirs israéliens, notamment les villages de Ebl el-Saqi, Khiam, Rachaya el-Foukhar », rapporte notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah. Sauf que « l’armée israélienne a élargi son champ de tir, bombardant non seulement les villages de Chebaa et de Kfarchouba, dans le secteur est, mais aussi le village de Tayr Harfa, dans le secteur ouest, en face de Naqoura », ajoute Mountasser Abdallah. Résultat : la circulation s’est interrompue, même du côté israélien, avant qu’un calme précaire ne revienne. Dans un communiqué, la Finul a invité les belligérants à faire preuve de retenue. « Le chef de mission et commandant de la Finul, le général Stefano Del Col, a exhorté les parties à cesser le feu et à faire preuve d’un maximum de retenue pour éviter une nouvelle escalade, en particulier à l’occasion de cet anniversaire solennel », soulignait le communiqué.

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Côté israélien, Avichay Adraee a souligné, dans un tweet, que « le gouvernement libanais assume l’entière responsabilité de tout tir partant de son territoire en direction d’Israël ». « Indépendamment de l’identité de la partie à l’origine de ces tirs, le message est clair : Israël ne permettra pas que l’on porte atteinte à sa souveraineté, qui que ce soit et quelles que soient les raisons », a-t-il écrit.