Deux émissaires de Mikati chez Raï

Nicolas Nahas et Ali Darwiche, deux députés de Tripoli relevant du groupe parlementaire du Premier ministre désigné, Nagib Mikati, se sont entretenus mardi avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, pour le tenir informé du processus de formation du gouvernement, attendu depuis bientôt un an alors que le pays sombre dans une crise socio-économique.

A l'issue de la réunion, M. Nahas a déclaré que c'est le PM désigné qui l'avait dépêché avec son collègue pour s'entretenir avec le chef de l’Église maronite. "Nous l'avons informé du climat dans lequel se déroulent les tractations pour la formation du cabinet", a expliqué M. Nahas. Selon lui, "le patriarche maronite veut que le gouvernement voie le jour rapidement, et ce, dans l'intérêt des gens et du pays". "Les contacts se poursuivront et tout dépend du timing", a encore relevé le député de Tripoli, insistant sur "l'importance d’œuvrer pour lever les obstacles (entravant la mise en place du cabinet) parce que la formation d'un gouvernement est fondamentale pour l'avenir des Libanais et la pérennité du Liban". 

Lundi, Nagib Mikati s'était entretenu à Baabda avec le président Michel Aoun, pour la quatrième fois depuis sa désignation, le 26 juillet dernier. S'exprimant à l'issue de l'entretien, le PM désigné est apparu un peu moins optimiste que les premiers jours de sa mission. Il a affirmé que le gouvernement ne verra pas le jour avant la commémoration de l'explosion du port de Beyrouth le 4 août comme il le "souhaitait". Sur un ton plus ferme que lors de ses précédents points de presse, le chef du gouvernement désigné a mis les points sur les i : le délai (pour trouver une entente sur le dossier du gouvernement) n'est pas "indéfiniment ouvert" et la rotation au niveau des portefeuilles régaliens (les Finances, l'Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères) ne sera pas sur la table. Le nœud articulé autour de l'attribution du ministère de l'Intérieur (actuellement aux mains des sunnites) que Michel Aoun veut inclure dans son lot ministériel, quelques mois avant les législatives de mai 2022, reste donc entier.

Le Liban est sans gouvernement depuis la démission de Hassane Diab et de son équipe le 10 août 2020. Le 26 juillet, le président Aoun avait chargé Nagib Mikati, 65 ans, de former un nouveau cabinet après l'échec de ses deux prédécesseurs (Moustapha Adib et Saad Hariri qui s'est récusé après neuf mois de tractations) à mettre en place un cabinet censé mener des réformes indispensables pour sortir le Liban de la pire crise socio-économique de son histoire récente.