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Société - Commémoration

Jocelyne Khoueiry, un parcours de foi emblématique

Jocelyne Khoueiry, un parcours de foi emblématique

Jocelyne Khoueiry. Photo DR

Le mouvement « La Libanaise – Femme du 31 mai » a commémoré samedi par une messe célébrée à Ghosta le premier souvenir de la disparition de sa fondatrice, Jocelyne Khoueiry, une femme au destin extraordinaire que certains ont surnommée la « Jeanne d’Arc libanaise ». Elle le fut effectivement l’espace d’une nuit quand, chef d’une unité de miliciennes du parti Kataëb, elle se retrouva à genoux sur le toit d’un immeuble du centre-ville qu’elle défendait, implorant la Vierge Marie, les bras en croix, pour les filles dont elle avait la responsabilité, réclamant pour elle les éventuelles blessures auxquelles elles s’exposeraient au combat. Cela faisait presque cinq heures que leur petite unité de sept combattantes, dont c’était le baptême de feu, repoussait un grand assaut palestinien. Dans ce moment de prière – qui lui était tout à fait nouveau – elle entendit « des chants ». Quelques minutes plus tard, après avoir sauté d’un immeuble à l’autre, elle se retrouva sur un toit surplombant une bonne centaine d’assaillants. De ce qui se passa ensuite, elle-même parle comme d’un « miracle ». Après s’être signée, elle prend le risque de révéler sa position et balance une grenade au milieu de l’unité militaire qui se trouvait au pied de l’immeuble, tuant son commandant. Cette action providentielle mit fin à l’assaut. Les combattants palestiniens se replièrent alors même que son unité commençait à manquer de munitions... Le lendemain, cette action d’éclat révélait au parti Kataëb la valeur de leurs unités féminines et au Liban l’audacieuse Jocelyne Khoueiry. « Grisées par ce haut fait militaire, adulées par l’opinion, nous oubliâmes dans les jours qui suivirent à qui nous devions notre victoire », racontera-t-elle bien des années plus tard.

Toutefois, en 1985, son parcours paramilitaire prit fin quand l’usage de la force pour la légitime défense du Liban se transforma en lutte pour le pouvoir au sein de camp chrétien. Touchée par la grâce, Jocelyne Khoueiry, qui n’avait jamais livré que des combats réguliers, renonça à sa fonction et pérégrina d’un ordre religieux à l’autre, cherchant fiévreusement celui sans lequel la vie désormais lui semblait invivable : Dieu.

En 1988, raccompagnée amicalement vers le « dehors » par les ordres religieux qui l’avaient accueillie, elle fonda « La Libanaise – Femme du 31 mai », un mouvement marial qui tenait son nom de la fête chrétienne de la Visitation, fête de la rencontre de la Vierge Marie avec sa cousine Élisabeth ou, selon Chiraz Aouad, présidente actuelle de ce mouvement, du récit d’une « femme qui porte le Christ à une autre femme ». Cette vocation purement chrétienne fut menée jusqu’au bout. Après avoir défendu « physiquement » le Liban, Jocelyne Khoueiry le défendit « selon l’enseignement de l’Église et les valeurs de l’Évangile », dit Chiraz Aouad. Cofondé avec d’anciennes combattantes, ce mouvement donna naissance à plusieurs entités comme le Centre Jean-Paul II, le restaurant Beit Youssef, le mouvement « Oui à la Vie »... Autant de structures d’accueil aux femmes les plus vulnérables et aux couples en difficulté. « Plaçant toujours l’être humain sacré au centre de son action », précise Chiraz Aouad, elle agissait « contre ce qui, sous couvert de modernité, contribue à déshumaniser la société ». Elle témoigna de son combat en d’innombrables endroits au Liban et à l’étranger, notamment au synode pour la famille qui s’était tenu à Rome (2015).

Usée par une longue maladie, Jocelyne rendit l’âme le 31 juillet 2020. Un ultime hommage lui fut rendu par ses sœurs du Carmel de Harissa, qui revêtirent son corps de leur habit et permirent à ses parents et intimes d’être présents à la veillée mortuaire. Elle repose dans le caveau familial, au cimetière de Ghosta.

Le parcours de Jocelyne Khoueiry est emblématique de la guerre qui a bouleversé l’histoire du Liban. Comment tracer la ligne de démarcation entre le Liban de la résistance libanaise et le Liban de Dieu ? Où se rejoignent-ils et où se séparent-ils ? Pour le savoir, la précieuse vie de Jocelyne Khoueiry, qui ne fit plus rien que pour Dieu, peut servir de guide sûr et de repère.

Le mouvement « La Libanaise – Femme du 31 mai » a commémoré samedi par une messe célébrée à Ghosta le premier souvenir de la disparition de sa fondatrice, Jocelyne Khoueiry, une femme au destin extraordinaire que certains ont surnommée la « Jeanne d’Arc libanaise ». Elle le fut effectivement l’espace d’une nuit quand, chef d’une unité de miliciennes du...

commentaires (1)

Tous ces vaillants miliciens et miliciennes chretiens sont morts pour rien. Leur martyr Aurait retardé le départ des chretiens du Liban de cinquante ans!,,

Robert Moumdjian

04 h 32, le 02 août 2021

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Commentaires (1)

  • Tous ces vaillants miliciens et miliciennes chretiens sont morts pour rien. Leur martyr Aurait retardé le départ des chretiens du Liban de cinquante ans!,,

    Robert Moumdjian

    04 h 32, le 02 août 2021

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