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Économie - Conjoncture

Les profits nets des banques libanaises en Syrie se sont effondrés 

La situation économique syrienne serait à présent meilleure que la libanaise, malgré la guerre et les sanctions.

Les profits nets des banques libanaises en Syrie se sont effondrés 

En raison des sanctions économiques, les banques syriennes se concentrent essentiellement sur le marché local. Une vue de la Banque centrale syrienne, le 17 juin 2020. Photo Louai Beshara/AFP

L’année 2020 a été aussi mauvaise pour les banques établies au Liban, qui s’enfonce dans une crise sans fin depuis mi-2019, que celles opérant dans la Syrie voisine, pays en guerre depuis 2011 et où le secteur bancaire est étouffé aussi bien par la paralysie de l’économie que par les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne. Un état des lieux plus que sombre qui n’a pourtant pas empêché les six filiales de banques libanaises présentes sur le territoire syrien à la fin 2020 d’enregistrer une hausse conséquente de leurs profits sur cet exercice, comparé à ceux enregistrés un an plus tôt.

Selon des données récemment compilées par le Lebanon This Week de Byblos Bank, les profits nets de ces établissements sont passés de 5,7 milliards de livres syriennes en 2019 à 229 milliards de livres syriennes l’année dernière, une hausse de plus de 3 900 %, soit 13,1 millions de dollars en 2019, contre 205 millions de dollars en 2020. Les six enseignes concernées sont Bank of Syria & Overseas (filiale de la BLOM Bank), Banque BEMO Saudi Fransi (BBSF), Fransabank Syria, Bank al-Sharq, filiale de la Banque libano-française (BLF), Byblos Bank Syria et Syria Gulf Bank (filiale de la First National Bank). Les parts de la septième, Bank Audi Syria, ont été rachetées par la BBSF, opération validée par la Bourse de Damas (DES) le 24 décembre 2020, et la banque s’appelle à présent Ahli Trust Bank ATD.

Hausse artificielle
La hausse est cependant artificielle, puisque liée à l’impact de la dévaluation de la livre syrienne face au dollar par la Banque centrale syrienne. En effet, le taux de change officiel qui était de 436 livres syriennes pour un dollar à fin 2019 est passé à 1 256 livres syriennes à fin 2020, selon le Lebanon This Week. La livre syrienne a donc perdu 65,29 % en un an, impliquant alors des gains de change dans la compatibilité des banques de 227,3 milliards de livres syriennes en 2020 contre 30,1 millions en 2019. Sur le marché parallèle, la dépréciation de la livre syrienne est presque égale à sa valeur officielle, de 69,25 %, tombant de 910 livres syriennes à fin 2019 à 2 960 livres syriennes à la même période en 2020, selon le site sp-today.com. Un billet vert s’échange actuellement contre près de 3 100 livres syriennes sur le marché parallèle et 2 512 livres syriennes officiellement – selon le taux publié jeudi par la Banque centrale syrienne.

Ce ne sont pas les deux seuls taux de change en vigueur dans le pays. À l’instar du Liban, la Banque centrale syrienne a également spécifié un taux de change pour les opérations bancaires et les transactions de l’État syrien à 2 525 livres syriennes.  Au Liban, il est depuis un an fixé à 3 900 livres libanaises pour un dollar, contre 1 507,5 livres libanaises pour le taux officiel.  Les banques libanaises en Syrie ont donc subi la crise économique de ce pays en conflit, une crise provoquée selon les déclarations du président syrien Bachar el-Assad en novembre 2020 par les «  20 à 40 milliards de dollars  » appartenant à des Syriens qui auraient été «  perdus  » en raison des restrictions bancaires imposées de manière illégale depuis la fin de l’été 2019 au Liban. Des chiffres cohérents selon une source bancaire, qui les estime à environ 30 milliards de dollars, voire plus, bien qu’elle consente que ces chiffres soient difficiles à évaluer en raison du secret bancaire d’une part et du fait que plusieurs déposants possèdent la double nationalité d’autre part. 

Avant de s’attaquer au secteur bancaire libanais, le président syrien rejetait souvent la faute de la crise économique syrienne sur les sanctions américaines, la dernière en date étant la loi César (Caesar Syrian Civilian Protection Act), en référence au nom de code de l’ex-photographe de la police militaire syrienne César qui a fui la Syrie en 2013 emportant 55 000 photographies de corps torturés dans les prisons syriennes. Entrée en vigueur le 17 juin 2020, cette loi impose des sanctions au régime syrien, ainsi qu’à toute personne, société, institution ou tout gouvernement faisant des affaires avec le pouvoir en place à Damas ou contribuant à la reconstruction de la Syrie. Selon cette source bancaire, les banques libanaises qui possèdent des filiales dans le pays voisin n’ont pas de risques de subir des sanctions, en Syrie ou au Liban, car « les sanctions ne sont pas censées toucher tout le monde ». 

En raison de ces sanctions qui «  pèsent lourd  », les banques syriennes se concentrent essentiellement sur le marché local. Les seules transactions avec l’étranger sont relatives à l’aide humanitaire et aux importations de produits non sanctionnés, comme les denrées alimentaires ou les médicaments par exemple. Elles ont également récupéré une partie des transactions qui passaient par les banques libanaises, même s’il est difficile de fournir une estimation, «  une autre partie passant également par le marché noir, qui n’est pas du ressort des banques  ». En effet, une partie des commerçants syriens possédaient des comptes dans les banques libanaises pour payer leurs fournisseurs étrangers.

L’État fonctionne en Syrie
Pour éviter tout problème, les banques libanaises travaillent en majorité « a minima » avec leurs consœurs syriennes, en acceptant de traiter avec l’aide humanitaire, mais ne jouent plus le rôle de banques correspondantes, comme ce fut le cas auparavant. Toutefois, le jour où les sanctions seront levées, la source bancaire ne pense pas que les banques syriennes se tourneraient à nouveau vers les banques libanaises, en raison des restrictions bancaires illégales mises en place au Liban. De même, cette source, qui avait indiqué en décembre 2020 que la situation économique libanaise était meilleure que sa voisine, constate à présent le contraire, malgré la guerre et les sanctions. «  L’État fonctionne toujours en Syrie, alors qu’il est absent au Liban et a même annoncé sa faillite en mars 2020 (en se déclarant en défaut de paiement sur les titres de dette en devises, les eurobonds). Certains médicaments sont difficiles à trouver mais il n’y a pas de pénurie généralisée par exemple. Les institutions publiques fonctionnent, ce qui n’est pas le cas au Liban, les fonctionnaires faisant souvent grève  ». La perspective est donc plus optimiste en Syrie qu’au Liban actuellement.

Les actifs des six filiales libanaises en Syrie ont atteint 1,79 milliard de livres syriennes à fin 2020, une hausse de 118,2 % par rapport à fin 2019, la Banque BEMO Saudi Fransi ayant 655,38 milliards de livres syriennes, suivie de loin par Bank of Syria & Overseas (301,01 milliards) et Fransabank Syria (264,08 milliards). Les six banques ont connu de fortes augmentations de leurs actifs, allant de 69,5 % (Bank al-Sharq) à 362,1 % (Syria Gulf Bank).

Le total des dépôts bancaires ont également fortement augmenté de 102 % pour atteindre 1,17 milliard de livres syriennes, la BBSF étant aussi en tête (533,85 milliards de livres). Enfin, le total des prêts est égal à 280,7 milliards de livres syriennes, soit une hausse de 25,2 %.



L’année 2020 a été aussi mauvaise pour les banques établies au Liban, qui s’enfonce dans une crise sans fin depuis mi-2019, que celles opérant dans la Syrie voisine, pays en guerre depuis 2011 et où le secteur bancaire est étouffé aussi bien par la paralysie de l’économie que par les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne. Un état des lieux plus que...

commentaires (3)

LES VENDUS DE CHEZ NOUS 3AM I ZABTOU SOURIA 3ALA HSEB LEBNEN.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 02, le 19 juillet 2021

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Commentaires (3)

  • LES VENDUS DE CHEZ NOUS 3AM I ZABTOU SOURIA 3ALA HSEB LEBNEN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 02, le 19 juillet 2021

  • Comme si tous ces mafieux qui pullulent dans les deux pays avaient besoin de banques pour réaliser leurs magouilles. Les frontières sont ouvertes les unes aux autres et ça n’est pas pour faire du tourisme. Tous les véhicules qui y circulent sont contrôlés par les mêmes mafieux. Alors banques ou pas le trafic prospère et le Liban s’appauvrit.

    Sissi zayyat

    12 h 56, le 19 juillet 2021

  • et si ces banques avaient voulu & avaient pu echanger leurs profits de LS en dollars ou euro AVANT la depreciation finale de la LS ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 04, le 19 juillet 2021

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