Pour sûr, les Libanais ont savouré les derniers va-et-vient fiévreux du Ramolli désigné : tantôt dans l’antichambre saoudienne des Émirats, tantôt chez l’Étrangleur ottoman Recep Tayyip (…hip-hip, hourrah !), ou encore chez Sissi Empereur, le génie à vie des Carpates pharaoniques égyptiennes. Puis retour survolté à Baabda auprès de son ennemi intime affalé dans son château climatisé. Enfin, 24 heures de suspense et… « Coucou, ne la voilà pas ! », comme disent les exhibitionnistes repentis.
Un constat s’impose : ce n’est pas demain l’avant-veille que l’Amer Michel dira « oui » à quoi que ce soit. D’ailleurs l’a-t-il fait une fois, rien qu’une seule fois, depuis qu’il a débarqué en politique ? Manifestement, personne ne lui a expliqué qu’on peut pourtant y parvenir rien qu’en arrondissant puis en retroussant les lèvres…
Entre-temps, retour brutal à la réalité quotidienne où il est hallucinant de constater à quel point le citoyen de base bénéficie d’une faculté d’adaptation hors du commun. Le chauffe-bain déglingué d’EDL a rendu l’âme ?
Qu’à cela ne tienne, il s’en ira couper machinalement quelques routes, puis épongera la sueur qui exsude de ses pores avant d’aller attendre le navire-citerne qui déchargera le fuel salutaire.
– « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
– « Non duchesse, je ne vois rien qu’un tanker qui tournoie, l’électricité qui trembloie, et un gouverneur de banque centrale dont le dollar merdoie. »
Tant pis, demain on passera à autre chose : les turbines d’eau s’arrêteront faute de carburant, les chirurgiens opéreront à cœur ouvert tout en pédalant pour avoir le jus d’électrons, et à défaut de multiplier les pains comme Jésus en Galilée, les vieux birbes d’en haut organiseront la prolifération des champignons sur la bouffe avariée. Miam, miam !
À force de médiocrité dans sa gestion, la classe politique a fini par ramener le Liban à l’Albanie d’Enver Hoxha : la canaille à vélo, la racaille à dos d’âne… et Raymond Ghajar dans son bahut officiel chrome et platine, donnant aux manants ses précieux conseils pour le transport.
Maintenant que le suspense est retombé comme un soufflé raté, on va devoir se taper les crêpages de touffe des conseillers du premier rang, puis la piétaille des seconds couteaux, suivis des troisièmes fourchettes et de la quasi-totalité de la vaisselle politique, qui vont s’étriper sur ce que leurs patrons ont pu dire en le pensant ou cogiter en le disant. Tant mieux si ça peut aider ceux qui ont faim…
Finalement, le Mollasson mouché sous les lambris du palais n’a trouvé que « l’intercession divine » à servir aux journalistes ahuris. La ficelle est grosse, mais la farce médiatique fonctionne. S’en remettre à Dieu ! C’est dire la confiance inouïe qu’il a dans ses propres talents.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (5)
Les deux partis sont à blâmer ! Les deux partis n'ont pensé qu'à leurs intérêts ou ceux de leurs commanditaires ! Comment voulez-vous que le pays renaisse si ce sont ceux qui ont mis le pays en ruine doivent le rebâtir ? C'est un nonsense! Notre Liban est Mort ! Rien ne nous empêche de refaire Naître un nouveau Liban, plus juste, plus Souverain, Vraiment indépendant. Un Peuple, Une Justice, une armée, Une Nation ! Les seuls qui nous en empêchent sont ceux qui s'accrochent encore au pouvoir !
Marwan Takchi
17 h 36, le 16 juillet 2021