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Société - Indexation du dollar

Des étudiants de l’AUB et de la LAU dénoncent des mesures restrictives, les universités démentent

En attendant une décision de justice, ces étudiants se retrouvent face à de lourdes incertitudes quant à la poursuite de leurs études.

Des étudiants de l’AUB et de la LAU dénoncent des mesures restrictives, les universités démentent

Des étudiants à l’Université américaine de Beyrouth. Joseph Eid/archives AFP

Enlisés depuis plusieurs mois dans un conflit judiciaire avec leurs universités en raison de divergences sur la parité du dollar et après avoir refusé de régler les frais de scolarité au taux de 3 900 livres contre 1 507 LL au taux officiel, plus d’une centaine d’étudiants de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de la Lebanese American University (LAU) attendent impatiemment une décision de la justice en dénonçant des mesures restrictives prises à leur encontre, ce que les universités concernées démentent formellement.

Étudiant en audiovisuel à la LAU, Jad Banjarian fait partie du groupe qui a saisi la justice pour protester contre la hausse des frais de scolarité. Après des semaines d’incertitude, il a finalement pu s’inscrire aux cours d’été selon le système américain, mais il explique que les étudiants qui ont réglé les frais au taux officiel ne peuvent accéder à la plateforme d’inscription en ligne, tout comme ceux qui ont des retards de paiement. « Nous n’avons pas pu sélectionner nos cours parce que nos noms ne s’affichent pas sur la plateforme. Nous avons donc dû contacter le bureau d’inscription pour que nos noms soient insérés manuellement et nous allons devoir recourir à ce procédé pour toute inscription ou désinscription à un cours », affirme Jad pour qui « l’attente est effrayante ». « J’attends la décision de la justice pour savoir ce que je dois faire pendant les prochains semestres. La modification du taux du dollar a été soudaine », déplore-t-il.

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Fin 2020, l’AUB et la LAU avaient annoncé leur volonté de revoir à la hausse le taux de change du dollar appliqué aux frais de scolarité, dans un contexte de crise économique aiguë et de dévaluation violente de la devise nationale. Pris au dépourvu par ces décisions, des centaines d’étudiants avaient alors manifesté à deux reprises en décembre à Beyrouth avant de se faire violemment réprimer par les forces de sécurité. Pour leur part, l’Université Saint-Joseph (USJ), la Lebanese International University (LIU), l’Université de Balamand, l’Université arabe de Beyrouth (BAU) et l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) avaient décidé de ne pas modifier le taux du dollar afin de ne pas risquer des défauts de paiement, voire des défections de leurs étudiants.

Terminer les études

Une étudiante en 4e année d’architecture d’intérieur à la LAU, Hana Bakri, qui devrait terminer ses études dans quelques semaines, affirme quant à elle craindre que l’université ne l’empêche de prendre son diplôme parce qu’elle a refusé de payer les frais de scolarité au taux de 3 900 LL. « Nous sommes dans le flou. Je ne sais même pas si mon nom est sur la liste des personnes qui recevront bientôt leur diplôme. L’université ne répond pas à nos mails. Qu’ils nous laissent au moins terminer nos études pour nous lancer dans la vie active », ajoute-t-elle, en se demandant comment les plus jeunes pourront s’en sortir.

Contactée par L’Orient-Le Jour, la LAU a démenti avoir entravé le parcours de ces étudiants et assuré qu’un règlement est envisagé. « Nous faisons notre possible pour trouver des solutions, les étudiants peuvent s’inscrire aux cours indépendamment du recours en justice et à aucun moment nous n’avons tenté de leur mettre des bâtons dans les roues », assure un responsable de l’université sous le couvert de l’anonymat. « Ayant à cœur le meilleur intérêt des étudiants ainsi que la durabilité de la LAU, l’université explore une solution à l’amiable pour voir comment elle peut aider chacun des étudiants en répondant à ses besoins, selon les normes équitables qu’elle a toujours respectées », indique par ailleurs l’université dans un communiqué.

Un prêt sur 15 ans

La situation est similaire à l’AUB, où les étudiants affirment faire face à de multiples inconnues. « L’administration a essayé de nous empêcher de nous inscrire aux cours et tenté de résilier notre assurance-santé, mais elle a finalement cédé après une décision de la juge des référés en notre faveur », témoigne une étudiante en 2e année de licence qui souhaite rester anonyme. « Mes parents ont contracté un prêt sur 15 ans pour que ma sœur et moi puissions aller à l’université. Je suis donc obligée de poursuivre mes cours à l’AUB, et ce serait trop compliqué de tout reprendre à zéro. Je ne sais pas ce que je vais faire si on m’oblige à payer les frais au taux de 3 900 livres », soupire-t-elle.

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Le vice-président du comité estudiantin de l’AUB et étudiant en 3e année d’économie, Jad Hani, fait partie des jeunes qui ont manifesté à Beyrouth en décembre dernier. « Nous avons finalement pu suivre les cours et passer nos examens en application de la décision de la juge des référés, mais les universités essaient de gagner du temps et nous attendons la suite des audiences. Elles nous répondent seulement par l’intermédiaire de leurs avocats et laissent les étudiants dans le flou », déclare-t-il à L’OLJ.

Pour sa part, la direction de l’AUB est formelle. « Aucune mesure restrictive n’a été prise à l’encontre des étudiants. L’université ne sanctionne personne et nous obéissons à la loi », assure un responsable de l’administration, selon lequel la juge des référés a décidé que les choses devaient continuer normalement jusqu’à la décision finale de la justice, et c’est ce qui est en train de se passer. « La grande majorité des étudiants ont accepté les nouveaux tarifs sans que cela ne leur porte préjudice. Bien au contraire, le taux de 3 900 livres est très inférieur à celui du marché parallèle qui est aux alentours de 15 000 LL. Nous appliquons le même taux que les banques », justifie ce responsable qui a requis l’anonymat. Il explique, en outre, que de nombreux étudiants ont obtenu des aides financières en parallèle à la hausse du taux d’indexation du dollar pour les frais de scolarité. « Nous avons reçu 90 millions de dollars d’aides qui ont servi à soutenir plus de 60 % des étudiants de l’AUB. Certains ont même obtenu des bourses à 100 % », assure-t-il en soulignant que la priorité est accordée à ceux dont les parents travaillent au Liban et continuent d’être payés en livres libanaises.

Enlisés depuis plusieurs mois dans un conflit judiciaire avec leurs universités en raison de divergences sur la parité du dollar et après avoir refusé de régler les frais de scolarité au taux de 3 900 livres contre 1 507 LL au taux officiel, plus d’une centaine d’étudiants de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de la Lebanese American University (LAU) attendent...

commentaires (2)

L'important c'est l'unité des étudiants face à ces abus!

Vale Diogo

12 h 28, le 22 juin 2021

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Commentaires (2)

  • L'important c'est l'unité des étudiants face à ces abus!

    Vale Diogo

    12 h 28, le 22 juin 2021

  • faut les plaindre surement ! ca oui ! le probleme est qu'il faut plaindre les 2 parties !

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 21 juin 2021

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