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Politique - Focus

Au sein de l’opposition, l’émergence d’un front social-libéral

Le Bloc national et Minteshreen ont signé un accord de coopération. Ils pourraient bientôt être rejoints par d’autres partis issus de la révolution du 17 octobre.

Au sein de l’opposition, l’émergence d’un front social-libéral

Les responsables du Bloc national et de Minteshreen le 9 juin. Photo tirée du compte Twitter du Bloc national

Si la gauche libanaise a ressuscité à la faveur de la révolution du 17 octobre 2018, certaines formations politiques qui s’en revendiquent tiennent à se démarquer de cette orientation en prônant un discours libéral assimilable au centre-droit et susceptible de séduire une bourgeoisie désireuse de changement mais pas à n’importe quel prix. C’est dans cette optique que le Bloc national (BN) et le groupe révolutionnaire Minteshreen ont signé, le 8 juin, un accord de coopération, fruit de longs mois d’une collaboration étroite entre ces deux structures. Cet acte est considéré comme étant un moment politique fort pour ces acteurs qui souhaitent ainsi poser les bases d’une entente idéologique et stratégique à plusieurs niveaux.

S’il s’avère assez complexe de comprendre les visions politiques des groupes d’opposition post-thaoura au Liban, tant ils sont disparates, un front commun est en train de voir le jour autour d’une vision d’un Liban libéral et social, un projet de société qui pourrait attirer d’autres mouvances. Pour Mark Daou, membre du parti Takaddom, force politique d’opposition née durant la révolution, la signature de cet accord est une étape très prometteuse. « Nous nous sommes rendus dans leur QG pour les féliciter de cet accord. Takaddom est politiquement très proche des principes qui unissent Minteshreen et le BN et nous espérons qu’il sera étendu à d’autres acteurs prochainement. » Au pays du Cèdre, l’accaparement de l’espace politique par des forces confessionnelles a fait disparaître le débat d’idées démocratique typique entre la droite et la gauche pour le remplacer par une variété de partis défendant les intérêts de leurs propres communautés. Les groupes d’opposition souhaitent désormais redessiner le débat politique autour de thématiques plus concrètes. En choisissant de se définir comme libéraux, le BN et Minteshreen veulent afficher haut et fort leur couleur politique et ainsi se démarquer des courants de gauche et d’ultragauche, bien présents dans les rangs de la thaoura. Ils souhaitent aussi se différencier d’une social-démocratie de gauche et insister sur un modèle économique de centre droit.

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« Un libéralisme, inspiré des États-Unis, de l’Occident, mais évidemment pas un libéralisme sauvage comme celui du début du siècle dernier. Nous voulons un État fort qui assure une régulation du marché et préserve la libre concurrence », affirme à L’Orient-le Jour Naji Abou Khalil, membre exécutif du BN. Avec quel niveau de taxation, quel prélèvement et quelle redistribution ? Si la vision du BN suppose une augmentation du taux d’imposition, le parti n’entre pas encore dans les détails à ce sujet. Dans son programme, il indique vouloir mettre en place une « réforme fiscale moderne, simplifiée et compréhensive » et adapter le secret bancaire aux normes internationales sans le supprimer. Il s’agit, selon le BN, de préserver l’attrait du Liban pour les déposants internationaux et donc préserver son image de « Suisse du Moyen-Orient ».

« Le Liban n’a jamais été un pays libéral »

Ces partis sont toutefois très critiques sur le supposé libéralisme libanais, inscrit dans la Constitution du pays. « Le Liban n’a jamais été un pays libéral à proprement parler. Depuis sa création, il est contrôlé par des cartels et des mafias qui biaisent l’esprit de libre concurrence qui doit exister dans un pays libéral en imposant des monopoles sur presque tous les secteurs », avance Hussein Ashi, premier secrétaire du parti Minteshreen. Faire du business dans les secteurs-clefs comme l’énergie, la télécommunication ou les transports nécessite en effet obligatoirement d’être connecté politiquement.

Le volet social de l’accord entre Minteshreen et le BN se décline en trois projets principaux : la mise en place d’une sécurité sociale pour tous, afin qu’aucun Libanais ne se voie refuser des soins ; le renforcement et l’amélioration du système d’éducation publique, de l’école à l’université ; et la mise en place d’allocations familiales afin d’aider les familles le plus dans le besoin. Les moyens de mettre en œuvre ces réformes ne sont toutefois pas précisés. D’autres partis seraient à même de rejoindre une coalition idéologiquement homogène autour du Bloc national, même s’il est encore trop tôt pour pouvoir former une liste spéculative. Pour la député démissionnaire Paula Yacoubian, une grande partie des groupes d’opposition se ressemblent idéologiquement. « Nous sommes très proches les uns des autres, voilà la raison pour laquelle nous sommes capables de travailler ensemble. Nous sommes tous des centristes de différents centres. » Beirut Madinati serait légèrement en décalage avec l’alliance BN-Minteshreen. Pour Nada Sehnaoui, l’actuel présidente du parti, ce dernier se positionnerait plutôt au centre gauche. Mais ce qui importe aujourd’hui pour l’activiste, c’est le programme en commun et faire front d’une seule voix afin de contrer les partis traditionnels.

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Après l’appel du 13 avril qui avait fédéré 16 groupes issus de la thaoura dans le but d’appeler à une large coalition en vue des élections législatives de 2022, les partis devraient bientôt finaliser une feuille d’orientation politique. Ce document sera la base d’un travail plus large au cours des prochains mois visant à mettre sur pied un programme électoral digne de ce nom qui pourrait rapprocher tous les groupes centristes de l’opposition. Nada Sehnaoui dit engager toute son énergie dans ce projet. Il devrait s’inscrire en continuation des éléments présentés le 13 avril, qui constituaient une feuille de route pour un gouvernement de transition. La majorité des acteurs de l’opposition demandent la formation d’un gouvernement de transition composé d’experts technocrates non affiliés à des partis politiques afin de mener les mesures urgentes qui doivent sauver le pays d’un effondrement total. S’agissant des élections, « nous demandons aujourd’hui qu’elles aient lieu à temps, et nous nous préparons en conséquence », assure Naji Abou Khalil.

Si la gauche libanaise a ressuscité à la faveur de la révolution du 17 octobre 2018, certaines formations politiques qui s’en revendiquent tiennent à se démarquer de cette orientation en prônant un discours libéral assimilable au centre-droit et susceptible de séduire une bourgeoisie désireuse de changement mais pas à n’importe quel prix. C’est dans cette optique que le Bloc...

commentaires (5)

Imchallah Khair! Espérons qu'il y aura plutôt et bientôt UNE opposition unifiée. Sinon nos chers polichinelles seront de retour avec force, tout. Omme en 2018...

Wlek Sanferlou

15 h 07, le 19 juin 2021

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Commentaires (5)

  • Imchallah Khair! Espérons qu'il y aura plutôt et bientôt UNE opposition unifiée. Sinon nos chers polichinelles seront de retour avec force, tout. Omme en 2018...

    Wlek Sanferlou

    15 h 07, le 19 juin 2021

  • Bravo, la seule lanche de salut est dans une alliance autour de principes fondamentaux de tous les groupes d'opposition. IL faut surtout mobiliser les 50% des Libanais quei ne votent pas, ceux ci feront une différence importante dans les urnes au delà des vociférations des partisans inconditionnels des "bel rouh bel dam, noufdika ya zaim etc...). Tous les changements de régimes sont initiés par des intellectuels, le reste du peuple suivra. Il suffit de briser le monopole actuel du bloc CPL/Amal/Hezb, et ne pas permettre l'émergence d'un autre bloc monopolistique pour avoir une influence majeure sur le destin de notre pays. Pour ça, il faut 25 nouveaux parlementaires qui appuirons dans un sens ou dnas l'autre en fonction des constantes de la révolution. Ca suffit dans un premier temps. Rome ne s'est pas construite en un jour.

    Bachir Karim

    14 h 11, le 19 juin 2021

  • esperer en les elections parlementaires est naif, pour le moins. compte non tenu de l'effet du duo chite, il est imperatif d'etudier le phenomene incompréhensible du nombre de partisans de aoun & pti gendre afin de pouvoir s'y attaquer et grignoter-plus que ca-bouffer dans leur assiette & sur leur propre terrain de chasse . car sinon, au mieux, 10 nouveaux elus qui seraient litteralement avales par la mafia actuelle.

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 19 juin 2021

  • LE BLOC NATIONAL. QUAND LES MORTS RESSUSCITENT CE BLOC RESSUSCITERA. DES AUTO PROCLAMES AUQUELS S,AJOUTENT D,AUTRES AUTO PROCLAMES. NOUS VOULONS UNE MASSE DE MILLIERS POUR NE PAS DIRE D,AU MOINS UN MILLION DE PROTESTATAIRES QUI SE REUNISSENT ET QUI ELISENT UN COMITE POUR LES REPRESENTER. L,EMERGENCE DE PETITS GROUPES D,AUTO PROCLAMES CHEFS D,EUX-MEMES, NE REPRESENTENT QU,EUX-MEMES. LE JOUR OU JE VERRAI DES MILLIERS DE REVOLUTIONNAIRES SE REUNIRENT ET ELIRE LEURS REPRESENTANTS JE RECONNAITRAI DE TELS REPRESENTANTS,

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 23, le 19 juin 2021

  • Bravo. Arrondissez les angles entre les differents groupes revolutionnaires: un travail d'equipe par des personnes integres et competentes pour aneantir la mainmise de cette (sans) classe politique pourrie sur le pays! Il est temps de s'unir, c'est notre seule chance de salut.....

    Sabri

    05 h 54, le 19 juin 2021

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