Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Lucidité parentale

« Dans quelle mesure l’impression et la structure de notre monde habituel, quotidien, sont-elles socialement programmées, ne sont-elles qu’une fiction induite dans laquelle nous nous empêtrons tous à l’exception d’un petit nombre dont le conditionnement n’a pas “pris” ou s’est dissous – une poignée de génies, de psychotiques et de sages ? »

(Laing, 1985/1986, p. 96).

Geha, un sage de 94 ans, retrouve sa grande famille pour s’exprimer sur un sujet type, le traditionnellement convenu du devoir en famille. Il dit : « Après avoir longuement insisté sur ce que vous deviez faire, je reconnais enfin la grande erreur de mon comportement autoritaire. J’ai exercé mon rôle de père et de grand-père pour que vous méritiez une gratification ou la réprimande. J’ai ainsi loupé la joie de vous découvrir à travers la rencontre de votre monde. Je regrette de n’avoir pas favorisé votre autonomie au quotidien. L’école ne suffit pas pour entreprendre le parcours de l’autonomie. » Et de poursuivre : « La responsabilisation progressive à travers votre expérience de la vie revient à nous, les parents, et elle n’a été que rarement explorée. Cette façon directive de me comporter vous a contraints de répondre adéquatement au regard, à la perception, à la directive et aux critères subjectifs fixés d’avance, au lieu de le vouloir vraiment. Je vous ai gardés prisonniers des formes obligées au lieu d’explorer votre élan, votre naturel et vos superbes différences. Ne me ressemblez surtout pas ! Je vous ai gardés sous tant d’embarras, de frustrations et de colères tacites. Je vous demande pardon pour un rôle parental mal conduit. Il a permis la dépendance extrême aux aînés ainsi que des relations semblables et craintives branchées sur la sécurité fictive que nous serons toujours présents à vos côtés quoi qu’il arrive. » « Chers enfants et petits-enfants, j’ai honte d’avoir voulu durant toutes ces années que vous appliquiez des normes humiliantes de suivisme et de favoritisme. J’ai compris bien tard qu’il est nécessaire de ne plus répondre à mes critères de valorisation car cela ne correspond pas à des identités cohérentes et indépendantes. Ma tâche première est aujourd’hui de vous connaître enfin, de vous redécouvrir et de partager, si vous le permettez, l’expérience fascinante de vos vies au présent. Partageons nos appréhensions afin de saisir nos vues respectives, d’assumer des rôles correspondants et de préserver nos familles et la nation du jugement arbitraire. »

L’alternance des familles dynastiques démontre que ces familles non seulement n’existent pas de manière autonome, mais aussi qu’elles concluent constamment entre elles des marchés privés et des affaires publiques. Qu’elles soient anciennes ou relativement jeunes, les dynasties politiques libanaises, bien que rivales, ont donc besoin les unes des autres pour survivre. Cette interdépendance confirme qu’elles sont, plus que jamais, dynamiques, et que la notion même de famille dynastique est un concept analytiquement pertinent pour la compréhension du politique dans ce pays.

« Dynamiques dynastiques au Liban : transmettre le pouvoir politique en famille », Ward Vloeberghs, dans Critique internationale, 2016/4 (n° 73), pages 71 à 93.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Dans quelle mesure l’impression et la structure de notre monde habituel, quotidien, sont-elles socialement programmées, ne sont-elles qu’une fiction induite dans laquelle nous nous empêtrons tous à l’exception d’un petit nombre dont le conditionnement n’a pas “pris” ou s’est dissous – une poignée de génies, de psychotiques et de sages ? »(Laing, 1985/1986, p....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut