Rechercher
Rechercher

Société - Santé mentale

Au 1564, une armée de bénévoles pour soutenir émotionnellement et prévenir les suicides

L’ONG Embrace lance une campagne de sensibilisation à la Ligne de la vie, ou LifeLine, une ligne d’écoute.

Au 1564, une armée de bénévoles pour soutenir émotionnellement et prévenir les suicides

Parler prolonge la vie, est-il écrit sur cette affiche publiée par l’association Embrace au Liban. Contactez le 1564 si vous avez besoin d’une oreille attentive. Photo Embrace Liban

« Allô, ici la Ligne de la vie. Comment puis-je vous aider ? » Dans un Liban en plein effondrement, difficile de ne pas se sentir dépassé par la crise actuelle. Difficile de ne pas ressentir d’angoisse face à la pénurie récurrente d’essence, de médicaments et de pain, la crise du dollar, la récession économique et le manque d’argent, le rationnement de l’électricité et l’émigration massive de proches, la double explosion du 4 août dernier au port de Beyrouth et les souffrances d’une population meurtrie… Une situation à laquelle vient se greffer la pandémie de Covid-19, avec son confinement, ses morts surtout. Alors si vous vous sentez seul et ressentez le besoin d’une oreille attentive pour vous épancher en ces temps particulièrement durs, n’hésitez pas. Composez le 1564. La Ligne de la vie (the LifeLine) de l’association Embrace et ses 120 bénévoles formés à l’écoute sont là pour vous aider, disponibles 21 heures sur 24. Parce que parler prolonge la vie.

Une courte vidéo pour sensibiliser

En ce mois de mai qui célèbre la 70e semaine de la santé mentale à travers le monde, l’association Embrace a décidé de frapper fort. Sa nouvelle campagne de sensibilisation, avec pour objectif de fournir un soutien émotionnel et de prévenir le suicide, va au-devant de la population du Liban, l’invitant à travers une courte vidéo à s’épancher. Dans ces moments difficiles ponctués de souffrances, de blessures, d’une peur du lendemain, chacun a besoin d’une oreille attentive. Parler est aussi une arme efficace contre le désespoir et les idées suicidaires. Car, il faut le rappeler, « tous les trois jours, une personne meurt de suicide au Liban, et en moyenne, on compte une tentative de suicide toutes les six heures », révèlent les chiffres de l’ONG. De plus, il est possible de prévenir le suicide si la personne en détresse bénéficie d’une « disponibilité » et si elle a « accès aux services adéquats ».

Quatre personnages, Faten, Raja, Karim et Lara, sont mis en scène dans la vidéo diffusée par Embrace sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, Instagram et YouTube. Leur quotidien, ils le partagent avec chaque membre de la société libanaise, les files d’attente devant les stations d’essence, les pannes de courant en pleine réunion virtuelle, la hausse vertigineuse des prix, le travail qui vient à manquer, la jeunesse qui décide de partir, les larmes de ceux qui restent… celles des hommes aussi. « Je constate qu’il est de plus en plus rare de voir des gens tenir le coup et sourire », observe une voix off masculine. « Je ne suis là ni pour vous déprimer ni pour vous rappeler combien le Libanais est fort et résilient. Juste pour vous dire que dans ces moments difficiles, nous avons tous besoin d’une oreille attentive. Une oreille qui nous écoute, et nous permette d’exprimer nos pensées et nos émotions », ajoute la voix.

Lire aussi

Un inventaire en ligne pour sonder les impacts psychiques sur les expatriés

Car les besoins sont en croissance constante. « Le quotidien des gens est devenu particulièrement difficile et la sensibilité des gens s’est accrue. Ils ont besoin d’un espace sûr où exposer leur situation, dire qu’ils ne vont pas bien ou même faire état de leurs idées noires. Sans oublier qu’une partie de la population présente des maladies mentales nécessitant une écoute », explique à L’Orient-Le Jour la directrice de la communication d’Embrace, Hiba Dandachli. Au mois d’avril 2021 et alors qu’aucune lueur d’espoir n’est venue atténuer les souffrances de la population, la demande d’aide a atteint des taux record. « Nous avons reçu 1 015 appels rien qu’au mois d’avril. Et 47 % des demandeurs d’aide présentaient des idées passives de suicide ou de mort », souligne-t-elle.

Une aide à tous sans discrimination

Une dizaine de jours après le début, mi-mai, de la campagne de sensibilisation à la santé mentale, le numéro d’urgence de l’association est déjà saturé. « Nos cinq opérateurs sont débordés. Il est arrivé que nous recevions plus de 40 appels dans la matinée », observe Mme Dandachli. Parmi les demandeurs d’aide, une majorité de Libanais, femmes ou hommes, mais aussi des étrangers résidant au Liban, Syriens, Palestiniens, Égyptiens, et même des travailleurs domestiques, selon le rapport d’Embrace LifeLine du mois de mars 2021. Une majorité de Beyrouthins aussi (42 %) et d’habitants du Mont-Liban (29 %). Par ailleurs, la grande majorité des interlocuteurs sont célibataires (43 %) et vivent avec leur famille nucléaire (63 %), et 30 % sont sans emploi. Ils appellent le numéro d’aide parce qu’ils se trouvent en situation de détresse émotionnelle (66 %) ou qu’ils présentent des idées suicidaires (26 %). Nombre d’entre eux (12 %) contactent régulièrement l’association et 17 % des interlocuteurs s’identifient comme appartenant à la communauté LGBTQI+. Enfin, 1 % des appels proviennent de personnes en cours de tentative de suicide durant l’appel. « Nous aidons tous ceux qui en ont besoin sans discrimination de nationalité, de race, de genre, d’orientation sexuelle ou de catégorie socio-économique », soutient la responsable.

Lire aussi

À l’hôpital Rafic Hariri, un centre communautaire pour la santé mentale unique en son genre

Avec l’accroissement des besoins, le programme LifeLine, première ligne d’assistance nationale de soutien émotionnel et de prévention au suicide au Liban, et programme pilier d’Embrace, envisage d’augmenter ses capacités d’écoute. « En juillet, nous devrions être opérationnels 24 heures sur 24 », promet Hiba Dandachli. Elle rappelle dans ce cadre que le programme a été développé en 2017 de pair avec le ministère de la Santé et avec le soutien financier de l’Agence française pour le développement. Il ne comptait alors qu’une petite vingtaine de bénévoles.

Parallèlement, l’association poursuit ses autres activités, notamment le Centre de santé mentale pour tous et la formation de futurs psychologues. « Né après le 4 août 2020, le Centre de santé mentale d’Embrace veille à fournir les soins adéquats aux personnes présentant des maladies mentales et n’ayant pas les moyens de se faire soigner, note la directrice. Nous assurons aussi de longues formations aux psychologues en devenir. Et très bientôt, une nouvelle cellule de crise devrait voir le jour, dans le cadre de la formation des personnes en ligne de front. » « Parce qu’il est important de s’occuper de sa santé mentale, insiste Mme Dadanchli. Et que cela peut sauver des vies. »

Liens vers la vidéo :

Youtube

Twitter

Facebook

« Allô, ici la Ligne de la vie. Comment puis-je vous aider ? » Dans un Liban en plein effondrement, difficile de ne pas se sentir dépassé par la crise actuelle. Difficile de ne pas ressentir d’angoisse face à la pénurie récurrente d’essence, de médicaments et de pain, la crise du dollar, la récession économique et le manque d’argent, le rationnement de l’électricité...

commentaires (1)

??? c'est terrible ou mon Liban est arrive....

Eleni Caridopoulou

18 h 47, le 01 juin 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • ??? c'est terrible ou mon Liban est arrive....

    Eleni Caridopoulou

    18 h 47, le 01 juin 2021

Retour en haut