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Société - Double explosion de Beyrouth

Un inventaire en ligne pour sonder les impacts psychiques sur les expatriés

Deuil à distance, sentiment de culpabilité... Les Libanais de l’étranger aussi ont souffert des répercussions du cataclysme qui a soufflé leur ville. Quatre psychiatres se penchent sur la question.

Un inventaire en ligne pour sonder les impacts psychiques sur les expatriés

Les expatriés, malgré leur éloignement géographique, ont été eux aussi touchés par le drame du 4 août. Photo Bigstock

Physiquement, les expatriés libanais étaient loin le jour de la terrible déflagration du 4 août 2020, qui a détruit plusieurs quartiers de Beyrouth et fait plus de 200 victimes et 6 000 blessés. Mais devant leurs yeux, par la force de l’image, leur ville d’origine a explosé. Partout, ils ont partagé l’horreur vécue par leurs familles, leurs proches, leurs amis, leurs concitoyens… La double explosion du port a eu des conséquences sur leur état mental tout comme sur celui des résidents, mais comment en estimer l’ampleur ?

Pour répondre à cette question, des psychiatres d’origine libanaise aux États-Unis, Souraya Torbey et Margarita Abi Zeid Daou, aidées de trois étudiants en psychiatrie au Liban, Gaelle Rashed, Dimitri Fiani et Alfred Chabbouh, lancent un questionnaire validé par le « Kennedy Kreiger Institute » (institut rattaché à la Johns Hopkins School of Medicine), sous le titre « Impact of the Beirut explosion on Mental Health of Lebanese Expatriates ». Quelque 673 Libanais ont déjà répondu au questionnaire, dont la majorité se trouvent aux États-Unis, en France, en République tchèque et à Hong Kong.

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Mais les chercheurs aspirent à ce que des participants du monde entier y répondent. Le questionnaire veut déterminer le pourcentage d’expatriés souffrant d’un trouble de stress post-traumatique (le PTSD, ou Post-Traumatic Stress Disorder), ses causes et les moyens de le gérer au quotidien.

Souraya Torbey explique que ce projet est né après des témoignages bouleversants émanant d’une grande majorité d’expatriés. « Certains relataient les choix difficiles qu’ils ont dû faire, comme quitter leur emploi aux États-Unis pour retourner auprès de leur famille en difficulté au Liban, faire le deuil de la mort d’un être cher, subir la destruction de leur maison. D’autres racontent la douleur de devoir vivre au quotidien entouré de personnes n’ayant pas conscience de leur chagrin et de leur perte », explique-t-elle.

Margarita Abi Zeid Daou ajoute pour sa part que « les expatriés ont ressenti différents sentiments de culpabilité : celui de ne pas être en mesure de visiter leurs familles, d’être incapables de leur envoyer des aides financières en raison de la baisse de leurs revenus en pleine crise de coronavirus, etc. L’explosion, la fermeture des frontières, la crise économique et l’incapacité des familles libanaises à se réunir, tout cela a eu des répercussions remarquables sur la psyché des Libanais partout dans le monde ».

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Il est prématuré, à ce stade, de parler de résultats de l’enquête. Mais compte tenu des données déjà existantes sur la santé mentale des expatriés, les chercheurs s’attendent à des niveaux élevés de symptômes dépressifs et anxieux, de trouble de stress aigu (« Acute Stress Disorder ») ou post-traumatique (PTSD), des troubles de sommeil, à différents degrés. Pour les quatre spécialistes, faire la lumière sur les conditions mentales résultant de cette explosion est indispensable. Car tout comme pour la ville meurtrie de Beyrouth, il est particulièrement difficile de guérir les plaies d’une population traumatisée, qu’elle soit résidente ou émigrée.

Voilà pourquoi tous les expatriés sont appelés à participer à ce questionnaire à travers ce lien

Physiquement, les expatriés libanais étaient loin le jour de la terrible déflagration du 4 août 2020, qui a détruit plusieurs quartiers de Beyrouth et fait plus de 200 victimes et 6 000 blessés. Mais devant leurs yeux, par la force de l’image, leur ville d’origine a explosé. Partout, ils ont partagé l’horreur vécue par leurs familles, leurs proches, leurs amis, leurs...

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