
Béchara Asmar, président de la CGTL, prononce son allocution, mercredi, lors d’un sit-in devant le siège du syndicat. Photo ANI
L’appel à la grève générale de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL) avait pour objectif de paralyser le pays hier. Mais au final, il n’aura réussi à mobiliser qu’une partie des travailleurs, chauffeurs de transports publics, fonctionnaires municipaux et d’administrations publiques, employés d’Électricité du Liban, enseignants du public et certains du privé. Il aura surtout poussé les syndicats proches de la contestation populaire du 17 octobre 2019 à accuser la CGTL et son président, Béchara Asmar, « d’être téléguidé par un pouvoir failli et corrompu, responsable de l’effondrement du pays », qu’il « tente de maintenir à flot en reprenant ses mêmes slogans, à savoir la formation d’un gouvernement de sauvetage ».
Rassemblements devant les administrations publiques, interruptions de travail plus ou moins longues, fermetures de routes, meetings oratoires… la CGTL a mis le paquet hier dans toutes les régions du pays : Aley, Nabatiyé, Saïda, Zahlé, Baalbeck, Beyrouth, où le mouvement de grève a été assez largement suivi dans la fonction publique et soutenu par les syndicats des journalistes, des enseignants du secondaire de l’école publique et des propriétaires de poids lourds. Et ce alors que le secteur privé fonctionnait normalement. À Saïda, même LibanPost et l’hôpital gouvernemental ont suivi l’ordre de grève selon notre correspondant Mountasser Abdallah ; dans la Békaa, les sit-in se sont multipliés, à Zahlé et Baalbeck notamment, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah, et à Tripoli, les chauffeurs de bus, van et taxi ont observé un sit-in dans le sud de la ville.
L’occasion pour Béchara Asmar, au cours d’un sit-in devant le siège de la CGTL, de réitérer son appel « à la formation d’un gouvernement de sauvetage qui ait la capacité d’initier un dialogue et de traiter les problèmes ». Et ce alors que le pays est sans gouvernement depuis plus de neuf mois. « Nous vivons une crise économique étouffante qui conduit à un effondrement global des institutions », a-t-il déclaré. Rappelant son opposition à la levée des subventions sur le carburant et les médicaments, il a mis en garde cette mesure « qui conduira irrémédiablement à l’effondrement du système de couverture sociale publique, principalement la Caisse nationale de Sécurité sociale ». M. Asmar n’a pas manqué de dénoncer les licenciements massifs de travailleurs et la baisse du pouvoir d’achat de la population. Il a mis en garde contre les velléités de faire assumer la hausse des prix à une population essoufflée, en cas de levée éventuelle des subventions.
« Où était la CGTL en octobre 2019 ? »
Sauf que pour des syndicats indépendants, cette grève n’avait d’autre objectif que de soutenir la classe politique tant honnie d’une population qui aspire au changement, à la bonne gouvernance, aux réformes, à la reddition de comptes. « La CGTL se positionne d’un côté, la population d’un autre », résume le secrétaire général du Parti communiste libanais, Hanna Gharib. Et de dénoncer : « Le slogan phare du mouvement de grève était la formation du gouvernement, qui est aussi le slogan de la caste au pouvoir. Il faudrait plutôt demander des comptes à cette classe corrompue, qui a volé les deniers publics, qui est responsable de la crise », martèle le syndicaliste dont le parti est au cœur du soulèvement populaire, depuis le 17 octobre 2019. C’est dans ce cadre qu’il estime que l’événement était plutôt destiné « à renflouer la caste au pouvoir dans son ensemble ». « Il est de notoriété publique que la CGTL est constituée d’une alliance des différentes parties politiques au pouvoir. Une alliance qui, au fil des ans, a confisqué la liberté syndicale et détruit les syndicats indépendants », accuse-t-il. M. Gharib se demande par ailleurs « où était la CGTL lorsque les Libanais sont descendus dans la rue pour protester contre l’effondrement de la livre libanaise, la confiscation de leurs économies par les banques ou l’évaporation des deniers publics ? »
Certes, nombre de revendications de la CGTL sont légitimes, comme l’urgence de trouver une issue à la crise pour empêcher l’effondrement généralisé des institutions, ou la nécessité de soutenir les travailleurs dont le salaire ne vaut plus rien. « Manifester est un droit pour tous. Sauf que nous aurions aimé voir la CGTL dans la rue, en octobre 2019, auprès de la population », relève de son côté le président de l’Union nationale des syndicats des travailleurs (Fenasol), Castro Abdallah, également proche de la contestation populaire. « Et si l’appel de la CGTL a pour objectif la formation d’un gouvernement, pourquoi n’a-t-elle pas appelé à la formation d’un cabinet qui planche sur les dossiers sociaux comme la santé, la cherté de vie, la CNSS, le chômage qui touche près de 800 000 personnes? Pourquoi n’a-t-elle pas appelé à la formation d’un gouvernement qui restitue l’argent volé du contribuable, qui lutte contre la corruption, le gaspillage et le clientélisme, qui demande des comptes… ? » demande M. Abdallah, accusant la CGTL d’être « téléguidée par le pouvoir ». Un syndicat face auquel tentent difficilement de s’organiser les syndicats indépendants et prorévolutionnaires.
Rassemblements devant les...
...""" la cgtl Montrée du doigt pour son initiative qui n’a d’autre objectif que de « remettre à flot un pouvoir failli et corrompu ...""" ET QUI OSERAIT JAMAIS AFFIRMER LE CONTRAIRE SINON LES CORROMPUS EUX-MEMES? ET LES CORRUPTEURS BIEN ENTENDU ?
10 h 04, le 27 mai 2021