Le chercheur au Carnegie Middle East Center analyse les menaces de mort proférées par des militants du Parti syrien national social (PSNS) contre le chef des Forces libanaises Samir Geagea lors d’une manifestation à Hamra samedi dernier, en évoquant implicitement le rôle du parti dans l’assassinat du président de la République élu Bachir Gemayel (en 1982 par Habib Chartouni, membre du PSNS). « Ton tour viendra, Samir », avaient scandé des partisans lors de leur étalage de force armée. Une provocation à laquelle les FL ont répondu dans un communiqué virulent, assurant qu’ils comptaient porter plainte contre le PSNS. Cette manifestation du parti prosyrien est intervenue deux jours après des violences notamment à Nahr el-Kalb (Kesrouan) de jeunes gens proches des Forces libanaises à l’encontre de Syriens qui se rendaient à Yarzé pour voter à l’ambassade de Syrie en paradant de manière provocante avec des portraits du président syrien Bachar el-Assad. Quelle portée juridique et politique aux propos menaçants du PSNS samedi ?
Comment est-il possible que de telles menaces soient proférées dans un lieu public sans que la justice ne se saisisse immédiatement de l’affaire, quelle que soit la partie qui menace ou la personnalité menacée par ailleurs ?
Il est évident qu’il y a matière à ce que la justice se saisisse de cette affaire, surtout si l’on estime que les paroles pourraient être suivies d’actes, donc qu’il y aurait effectivement danger sur des personnalités données. Et dans le cas où la justice ne jouerait pas son rôle, nous observons généralement des réactions telles que celles qui commencent à pointer dans la rue. Ce ne sera qu’un épisode de plus dans cette dégradation inéluctable de l’état de sécurité dans le pays, en raison du manque de moyens de plus en plus évident des appareils sécuritaires, mais aussi de l’absence d’un gouvernement en exercice, donc de volonté politique. D’un autre côté, il ne faut pas sortir les choses de leur contexte et leur conférer une autre dimension que la leur : cette manifestation était une réaction aux escarmouches entre militants FL et Syriens le jour de l’élection présidentielle syrienne organisée à l’ambassade au Liban. Par conséquent, cette démonstration de force samedi venait en réponse à ce qui a été interprété comme un étalage de force des FL deux jours plus tôt.
Quelle est la signification politique de cet incident ? Est-ce en relation avec un éventuel réveil du régime de Bachar el-Assad au Liban ou une réaction propre au PSNS ?
Il y a un mélange des deux. Le PSNS a toujours été présent en Syrie, il est historiquement lié au système sécuritaire de ce pays et il a pris le parti du régime au cours de la récente guerre syrienne. Il n’est donc pas surprenant, dans sa manière de penser, qu’il ait voulu réagir à ce qu’il estime être des agressions contre les Syriens, puisque l’une des missions qu’il s’est données est de veiller aux intérêts syriens au Liban. Il faut mettre la manifestation de samedi dans la perspective de la déclaration de l’ambassadeur de Syrie jeudi (Ali Abdelkarim Ali, qui a « déploré les agressions douloureuses » contre les électeurs syriens, réclamant l’intervention des autorités libanaises) pour comprendre l’étendue de la coopération entre les deux parties.
À un niveau strictement libanais, le Courant patriotique libre a pris position contre le PSNS, pourtant son allié, en faveur des FL, pourtant son adversaire sur la scène chrétienne, dans l’affaire des slogans de la manifestation de samedi. Comment expliquez-vous cela ?
Parmi les slogans scandés ce jour-là, le président assassiné Bachir Gemayel a été mis en cause (et son assassinat revendiqué clairement par les manifestants en place). Or, dans la rue chrétienne, toute mention relative à cet assassinat a des répercussions très fortes. De fait, même si le chef du CPL Gebran Bassil a affiché à la base une position favorable à l’élection syrienne et à sa tenue au Liban, et a réagi fortement aux échauffourées de jeudi dernier allant jusqu’à traiter les FL de « nazis », il ne voulait probablement pas les laisser marquer ce point dans un incident où le nom de Bachir Gemayel a été évoqué. Il joue ainsi à un jeu d’équilibriste, sans être à une contradiction près. Mais je ne crois pas que cette convergence de vues sur un incident donné soit particulièrement significative, ni qu’elle prête à conséquence pour la suite des événements.
C’est vraiment incroyable, la manifestation, l’article lui-même et cette fatalité qui veut qu’on accepte l’inacceptable. Ce parti appartient à la préhistoire tant par ses idées que par le comportement de ses membres dont on ne connaît pas l’état de leur cervelle. La justice libanaise est aux abonnés absents et n’osera jamais adresser la moindre remarque à ce parti qui compte rappelons-le 3 députés. 3 députés qui veulent la disparition du Liban et qui siègent au parlement…aucune démocratie au monde n’accepte ces faits en dehors de notre pauvre pays
21 h 02, le 25 mai 2021