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Société - Contestation

Cinq activistes de la Békaa comparaissent devant le tribunal militaire

« Au lieu de poursuivre ceux qui ont volé le pays », on épuise « la justice » à travers ces convocations, dénonce un des avocats en charge du dossier.

Cinq activistes de la Békaa comparaissent devant le tribunal militaire

La route fermée, en matinée, devant le tribunal militaire. Photo Sawratcom

Les convocations de militants pour leur participation à des manifestations antipouvoir se poursuivent... Cinq personnes originaires de la Békaa, et accusées de s’en être prises aux forces de l’ordre lors d’un sit-in organisé à Taalbaya en novembre 2020, ont comparu hier devant le tribunal militaire à Beyrouth. Depuis le début du soulèvement populaire, à l’automne 2019, de nombreux militants ont déjà été traduits devant le tribunal militaire, pour avoir protesté dans la rue ou pour avoir exprimé leurs opinions en ligne. Le militant Melhem Hocheimi, très actif dans la Békaa et connu pour son militantisme contre le pouvoir politique en place, fait partie des accusés dans ce dossier. Cet activiste a déjà comparu le mois dernier devant le tribunal militaire, en même temps que 8 autres personnes accusées d’avoir agressé les forces de l’ordre lors d’une manifestation à Saadnayel quelques mois plus tôt. Il avait été innocenté dans cette affaire-là, comme ses camarades.

Pour mémoire

Quinze militants innocentés par le tribunal militaire


Joint par L’Orient-Le Jour, Me Mazen Hoteit, l’un des avocats qui assurent la défense des activistes, indique que la justice « n’a pas pu prouver que ces personnes ont réellement agressé les forces de l’ordre, comme cela a été le cas dans plusieurs autres affaires du même type ». Plusieurs manifestants venus soutenir les accusés ont brièvement bloqué l’avenue longeant le siège du tribunal militaire pendant la tenue de l’audience. Jusqu’à rédaction de cet article, la séance n’était toujours pas terminée. « On s’attend à ce que les accusés soient innocentés, comme d’habitude », avance toutefois Me Hoteit qui dénonce « un épuisement inutile des ressources de la justice » à travers ces convocations à la chaîne. « La justice n’est pas indépendante. Elle est utilisée par le pouvoir politique pour poursuivre les manifestants, au lieu de poursuivre ceux qui ont volé le pays », déplore-t-il.

Notes d’informations secrètes

Me Ayman Raad, un autre avocat chargé de la défense des militants, dénonce pour sa part des accusations qui ne se basent pas sur des preuves tangibles. « Comme d’habitude, la justice se base sur des notes d’informations secrètes, qui lui sont envoyées par des informateurs, citant des noms de militants et les accusations portées contre eux », explique-t-il. « Trois des cinq accusés qui ont comparu aujourd’hui (hier) devant le tribunal militaire ne se trouvaient pas sur les lieux de la manifestation en question. Les deux autres y étaient, mais ils discutaient avec les militaires lorsque les violences ont éclaté. L’un d’eux s’est même pris une pierre à la tête et a eu 12 points de suture », raconte Me Raad. « Il est problématique que les procureurs se basent uniquement sur des notes d’informations secrètes, en l’absence de toute autre preuve dans le dossier », déplore l’avocat, qui dénonce par ailleurs le fait que la défense ne soit pas autorisée à consulter le contenu de ces notes. « Il y a dans toutes les manifestations des militaires chargés de prendre des photos, fait remarquer Me Raad. Puisqu’ils passent leur temps à filmer les manifestants, ils pourraient sans doute recourir à leurs photos pour comprendre ce qui s’est passé. »

Tué... pour de l’essence

Le rationnement d’essence et l’état de nervosité dans lequel il plonge la population libanaise déjà à bout, a fait une victime le week-end dernier : le fils d’un exploitant d’une station d’essence à Bebnine, dans le Akkar, Ghaith el-Masri, a été tué par balle par un client. Le porte-parole du syndicat des stations-service du Liban, Georges Brax, a déploré le décès du jeune homme, appelant l’État à prendre des mesures pour « protéger » les propriétaires de stations et leurs employés et à garantir un approvisionnement suffisant en essence.Des propriétaires de stations-service du Hermel ont pour leur part bloqué la route devant le sérail de la ville hier, pour protester contre la décision du procureur de la Békaa de fermer plus de quarante établissements opérant sans licence. La route a été rouverte après que les manifestants eurent reçu la promesse que leurs stations ne seront pas fermées et que les autorités réévalueront la situation.

Les convocations de militants pour leur participation à des manifestations antipouvoir se poursuivent... Cinq personnes originaires de la Békaa, et accusées de s’en être prises aux forces de l’ordre lors d’un sit-in organisé à Taalbaya en novembre 2020, ont comparu hier devant le tribunal militaire à Beyrouth. Depuis le début du soulèvement populaire, à l’automne 2019, de...

commentaires (1)

...et toujours la même question: en quoi un tribunal militaire est-il habilité à juger des civils? Si une loi existe en ce sens, elle doit être abolie de toute urgence.

Yves Prevost

07 h 13, le 18 mai 2021

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Commentaires (1)

  • ...et toujours la même question: en quoi un tribunal militaire est-il habilité à juger des civils? Si une loi existe en ce sens, elle doit être abolie de toute urgence.

    Yves Prevost

    07 h 13, le 18 mai 2021

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