Il était censé passer la fête du Fitr en Arabie saoudite. Mais l’ambassadeur saoudien, Walid Boukhari, est finalement rentré au Liban il y a quelques jours et a relancé, depuis, ses rencontres politiques et diplomatiques. D’après les informations récoltées par L’Orient-Le Jour, le diplomate saoudien cherche à faire le bilan des résultats de la visite à Beyrouth du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en préparation d’une rencontre entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, lors de laquelle le dossier libanais devrait être abordé. Sans confirmer que le retour de l’ambassadeur soit lié à cet évènement, une source diplomatique saoudienne assure à L’OLJ que les préparatifs sont en cours pour que la rencontre ait lieu. « La visite d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite était censée avoir lieu avant le mois de ramadan, mais elle a été reportée et des discussions sont actuellement en cours pour fixer son ordre du jour et sa date », dit la source précitée. La coopération franco-saoudienne est perçue des deux côtés comme l’une des clés de la résolution de la crise qui touche le Liban.
Après un entretien entre les deux hommes au début du mois d’avril, les deux pays avaient assuré partager « la même volonté de voir se former un gouvernement crédible » au Liban. Paris a besoin du soutien de l’Arabie saoudite en tant que pays arabe et que leader sunnite dans la région. Si leurs positions ne sont pas divergentes, les deux pays ne sont toutefois pas tout à fait sur la même ligne. En plus des réformes structurelles réclamées par la France et par le reste de la communauté internationale, Riyad a un agenda plus politique qui vise à marginaliser le Hezbollah. « Les Français ont mal géré le dossier libanais depuis le lancement de leur initiative », affirme la source saoudienne. Riyad considère que l’initiative française a échoué dès lors que Paris a accepté de faire des concessions, à savoir l’abandon de la rotation des portefeuilles régaliens et la formation d’un cabinet qui ne remplit pas toutes les conditions. Après avoir parlé d’un gouvernement d’experts, les Français ont évoqué un « gouvernement de mission » et encouragé le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à concéder le ministère des Finances aux chiites. C’est pourquoi l’Arabie saoudite a décidé de ne pas prendre part à l’initiative, sans pour autant y être opposée, et d’observer l’évolution de la situation. Le royaume considère que la solution à la crise libanaise commence par des mesures concrètes de la part des partis politiques pour mener des réformes et se conformer aux intérêts arabes et aux décisions internationales.
Conférence de presse
De son côté, la France n’est pas prête à accepter l’échec de son initiative. Étant donné que les forces politiques n’ont pas tenu leurs engagements, « les efforts se poursuivent sur d’autres axes », affirme un diplomate français à L’OLJ. La réunion que M. Le Drian a organisée avec les forces de l’opposition à la Résidence des Pins s’inscrit pleinement dans cette stratégie. « Paris va travailler sur plusieurs fronts en réexaminant l’imposition de sanctions avec certains pays européens et en travaillant en coopération avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sur une initiative de sauvetage », dit le diplomate français.
Entre-temps, l’ambassadeur saoudien au Liban poursuit ses réunions. Selon un homme politique de premier plan, qui a souhaité garder l’anonymat, il devait inviter hier des personnalités de la communauté sunnite à rompre le jeûne le dernier jour du ramadan. Il envisageait d’organiser un iftar à l’intention des anciens Premiers ministres mais sans inclure Saad Hariri, toujours boycotté par le royaume. Mais l’iftar a finalement été remplacé par un dîner qui devrait avoir lieu un jour où le chef du courant du Futur serait absent du Liban. Cette information est toutefois démentie par la source diplomatique saoudienne précitée.
Les forces politiques libanaises, quelles que soient leurs divergences, sont dans l’expectative de la rencontre franco-saoudienne. La récente visite de Jean-Yves Le Drian et les indications claires de la part des Français et des proches de M. Hariri que la réunion n’a pas été concluante, et que Paris tenait Hariri pour responsable de l’obstruction autant que le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, va clairement avoir des répercussions politiques. Au plus grand bonheur de Baabda qui se félicite du fait que Paris se rapproche de la position saoudienne par rapport à Saad Hariri. « Le président de la République a transmis un message aux Français disant que c’est la position saoudienne qui empêche Hariri de former le gouvernement, et qu’il est donc impératif de trouver une alternative, une option à laquelle Paris ne s’opposerait plus », dit un proche du palais présidentiel. De son côté, Saad Hariri envisage de tenir une conférence de presse après la fête du Fitr pour dénoncer l’attitude de Michel Aoun et de son gendre, d’après les informations récoltées par L’OLJ. Alors qu’il avait été question, ces derniers jours, d’une récusation du Premier ministre désigné, les sources de la Maison du Centre ne confirment pas si cette option reste sur la table, mais affirment que le leader du Futur s’apprête à prendre des décisions politiques dans les jours qui viennent.
commentaires (2)
Aucun espoir d'un gouvernement , ils sont deux qui sont contre Hariri l'Arabie Seoudite et Hassouna ???
Eleni Caridopoulou
17 h 35, le 13 mai 2021