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Politique - Crise

Le Drian : Si le blocage persiste, les mesures restrictives pourront être durcies ou étendues

Pour le chef de la diplomatie française, le Liban doit éviter le "suicide collectif".

Le Drian : Si le blocage persiste, les mesures restrictives pourront être durcies ou étendues

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian à Beyrouth, le 6 mai 2021. Photo REUTERS/Aziz Taher

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a conclu aujourd’hui une visite de deux jours durant laquelle il a rencontré les trois présidents et des acteurs de la société civile ainsi que de l'opposition politique, a adressé une nouvelle mise en garde aux responsables qu'il accuse de blocage dans un Liban en crise.

Le chef de la diplomatie leur a ainsi fait savoir que si les dirigeants n'agissaient pas dès aujourd'hui, "ils devraient en assumer les conséquences", prévenant que les mesures restrictives récemment prises par Paris contre des responsables libanais pourraient être "durcies ou étendues". "La France reste et restera mobilisée dans la durée en soutien à la population libanaise", a déclaré M. Le Drian, lors d'un point de presse à la Résidence des Pins avec plusieurs journalistes, avant de quitter Beyrouth.

Le déplacement du ministre français à Beyrouth intervient après l'annonce par Paris de restrictions d'accès au territoire français à des personnalités libanaises jugées responsables du blocage qui empêche la formation d'un gouvernement depuis bientôt neuf mois. La France a toutefois évité de citer les noms des dirigeants libanais visés ainsi que la nature exacte des mesures.

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L'impasse politique est notamment due à un conflit politique entre le président de la République, Michel Aoun, et son gendre Gebran Bassil d'une part, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, d'autre part. Les deux parties se rejettent la responsabilité du blocage. Jeudi, le président Aoun a affirmé à M. Le Drian qu'il "poursuivrait ses efforts" pour former rapidement un gouvernement, attendu depuis août 2020 pour mettre en œuvre des réformes, alors que le pays traverse une multitude de crises. Le chef de l'Etat a également critiqué sans le nommer M. Hariri devant le chef de la diplomatie française.

"Suicide collectif"
"Après huit mois de blocage, le Liban a besoin d’un renouveau de ses pratiques politiques et institutionnelles", a estimé Jean-Yves Le Drian. "Face à l’obstruction des forces politiques, j’ai mesuré une nouvelle fois au cours de cette visite la vitalité des forces de la société civile libanaise", a-t-il aussi fait savoir, au lendemain d'une série d'entretiens avec des acteurs issus de la révolte populaire anti-pouvoir déclenchée le 17 octobre 2019.

"Il est urgent de sortir de l’impasse politique dans laquelle le pays se trouve", a encore plaidé le chef de la diplomatie française. "J’ai exprimé clairement cette nécessité lors de mes entretiens avec les trois présidents. A ce jour, je constate que les acteurs politiques n’ont pas encore assumé leurs responsabilités et ne se sont pas mis à travailler sérieusement au redressement du pays. Je suis là précisément pour éviter cet espèce de suicide collectif organisé par certains", a-t-il ajouté.

"Si les responsables n’agissent pas dès aujourd’hui, ils devront assumer les conséquences de cet échec. Nous avons commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives. Ce n’est qu’un début. Si le blocage persiste, ces mesures pourront être durcies ou étendues, ou complétées par les instruments de pression dont dispose l'Union européenne et sur lesquels une réflexion a déjà commencé avec nos partenaires européens", a prévenu le patron du Quai d'Orsay.

Les échéances de 2022, une étape majeure
"Aux responsables libanais de décider s’ils veulent sortir du blocage qu’ils ont organisé", a encore lancé M. Le Drian. "La période du test de responsabilité est caduque", a-t-il encore estimé. Il a ensuite rappelé que "le respect du calendrier électoral démocratique au Liban est incontournable". "Les échéances de 2022 seront une étape majeure", a prévenu le haut responsable français, alors que le Liban doit organiser une présidentielle, des législatives ainsi que des municipales l'année prochaine. La tenue de ces élections n'est pas une certitude dans un pays devenu coutumier des reports de scrutins.

Expliquant pourquoi il s'est entretenu avec Michel Aoun, Saad Hariri et le président du Parlement, Nabih Berry, alors que Paris ne souhaite pas dialoguer avec les chefs de file politiques traditionnels, Jean-Yves Le Drian a dit avoir rencontré les trois présidents "parce qu’ils représentent les institutions du Liban. Je ne suis pas venu ici pour mener des tractations politiques".

Jeudi, le chef de la diplomatie française a rencontré des "forces politiques du changement" dont plusieurs groupes de la société civile et de certains partis de l'opposition. Avant de prendre l’avion pour Beyrouth, il avait annoncé mercredi soir, sur son compte Twitter, qu’il adresserait "un message de grande fermeté aux responsables politiques" libanais, qui ne parviennent pas à se mettre d'accord pour mettre sur pied le cabinet. Le lendemain, M. Le Drian avait rappelé que la France "a tenu ses engagements" vis-à-vis du Liban, contrairement aux "parties libanaises concernées".

Deux diplomates français ont pour leur part déclaré à l'agence Reuters que Jean-Yves Le Drian voulait envoyer un message clair selon lequel la France soutient le peuple libanais, mais en a assez de la classe politique qui n'a pas respecté ses engagements.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a conclu aujourd’hui une visite de deux jours durant laquelle il a rencontré les trois présidents et des acteurs de la société civile ainsi que de l'opposition politique, a adressé une nouvelle mise en garde aux responsables qu'il accuse de blocage dans un Liban en crise.Le chef de la diplomatie leur a ainsi fait...

commentaires (21)

Entre américains et européens, la boucle se serre autour des mauvais responsables qui ont ruiné le pays. Il reste que ça se rentabilise en retour de fonds volés.

Esber

17 h 37, le 08 mai 2021

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Commentaires (21)

  • Entre américains et européens, la boucle se serre autour des mauvais responsables qui ont ruiné le pays. Il reste que ça se rentabilise en retour de fonds volés.

    Esber

    17 h 37, le 08 mai 2021

  • La France a toujours soutenu le peuple libanais mais son pouvoir coercitif est limité, le reste de l'Union Européenne ne la suivant pas pour mettre en place les véritables pressions qui s'imposent pour avoir un effet concret sur les responsables du blocage politique qui perdure. De toute évidence, les premiers responsables de ce blocage sont le Président Aoun et son gendre Bassil .

    Tony BASSILA

    22 h 42, le 07 mai 2021

  • Jean-Yves Le Drian a démontré à plusieurs reprises son amour pour notre pays. Mais, ceux qui gouvernent ce pays l’aiment-ils autant que lui ? Pour ma part, je ne le crois pas. Nos édiles ne pensent qu’à remplir leurs poches et leurs comptes « off shore » au vu et au su de tout le monde et personne n’en souffle mot. J’ai connu un certain politicard qui avait dû vendre un bien immobilier pour pouvoir se marier, quelques années plus tard il est milliardaire....

    Un Libanais

    20 h 45, le 07 mai 2021

  • Hélas la France ne fera rien de concret pour aider les libanais. Que des paroles et des menaces. Il n’ose pas autre chose pour ne pas froisser l’Iran et le Hozballa. Des menaces seulement..! Mr Le Drian se fout du monde. Ça s’appelle de la diplomatie à 2 sous

    DAOU Nabil

    20 h 23, le 07 mai 2021

  • Que les libanais de l'étranger viennent faire un gouvernement et tous ces crimineles en prison à vie ???

    Eleni Caridopoulou

    20 h 08, le 07 mai 2021

  • Il faudrait que vous arrêtiez les menaces et que vous passiez a l’action Mr Le Drian, les libanais sont arrives au bout du rouleau. Il est temps d'évaluer qui vous avez face a vous, des escrocs endurcis qui n’ont que dalle pour leur peuple. Vous êtes un enfant de coeur face a ces criminels!

    CW

    18 h 37, le 07 mai 2021

  • Ce n'est pas un "suicide collectif", mais un meurtre perpétré par nos dirigeants envers leur peuple. Eux ils restent vivants...nous on crève !!! - Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 50, le 07 mai 2021

  • La France restera éternellement la Mère-Veilleuse qui accoure quand le besoin se fait sentir. Mais comment secourir quelqu’un qui se prétend adulte et indépendant, et qui refuse toute aide préférant s’embourber dans sa mouise, en clamant à qui veut l’entendre que c’est la faute à l’autre. La faute à l’autre est une arme à double tranchant, puisque nous sommes tous l’autre de quelqu’un, à ce raisonnement on tourne en rond depuis des mois et nous voilà tous à la croisée des chemins. En refusant la main tendue que la France nous offre, l’inconnu nous est promis, et la misère nous attend. Alors sans réfléchir nous transformons la Mère en marâtre en oubliant que le beau-Père et son gendre ont eu des rôles prépondérants dans nos malheurs. On se retrouve dans une situation tragi-comique dont le Liban et son peuple seront les dindons de la farce. Un peu de reconnaissance à la France, dont le Président Emmanuel Macron a été le Premier Président Etranger à venir au lendemain de l’explosion du port pour soutenir nos gouvernants. Et surtout qui a eu le courage de se mêler au peuple Libanais pour le soutenir et consoler les Mères de Familles pour leurs enfants, Maris, fils disparus. Pour mémoire le peuple libanais attend toujours que le PRESIDENT AOUN daigne quitter son palais pour le rencontrer. Il se veut le Père du peuple alors chiche qu’il agisse en tant que tel. que Dieu sauve le Liban libre et multiconfessionnel. Amen

    Le Point du Jour.

    17 h 23, le 07 mai 2021

  • Just do it!

    Jack Gardner

    17 h 15, le 07 mai 2021

  • Est ce que nous allons nous contenter nous libanais de regarder un homme qui a perdu la raison saccager notre pays pour sauver un membre de sa famille? Où sont les élites de ce pays? Où sont les lois qui le régissent? Où est la justice? pourquoi les libanais ne portent pas plainte contre leur président pour le destituer pour manquement à son devoir et à son serment et mise en danger du peuple? On n’en peut plus des fous qui se prennent pour des sages juste pour saccager et détruire.

    Sissi zayyat

    17 h 00, le 07 mai 2021

  • Comme je l'ai deja dit, juste de la gesticulation. Cette visite n'apporte rien. encore des menaces, mais rien de concret. Le Drian se fout de la gueule des libanais. Il vient, va prendre un cafe chez les 3 "presidents"et s'en va en annoncant qu'il va serrer la vis encore plus. Bah, du bla bla bla sans plus!

    IMB a SPO

    15 h 48, le 07 mai 2021

  • Notre mère la France n'est plus hélas ce qu'elle fut auparavant . Son émissaire Le Drian sait pertinemment que les menaces censées secouer une classe politique ( Crésus) restent lettre morte . La mauvaise foi est flagrante quand le ministre manipulateur est conscient du fait que seuls les Libanais lambda paient le prix de la ruine du pays dont une grande partie commence à souffrir de malnutrition . Maman France s'est transformée aujourd'hui en marâtre .

    Hitti arlette

    14 h 00, le 07 mai 2021

  • Cher Monsieur leDrian, Ayant connu la Bretagne et son peuple, je me fais un plaisir de vous écrire. Ne perdez plus votre temps, celui du président Macron et celui de tout vos electeurs. La seule, mais vraiment la seule solution qui reste pour le Liban d'un pays ami comme la France c'est tout simplement de l'envahir militairement! Oui, ce n'est qu'un Back to the Future logique. L'emprise ottomane dura des siècles et ce ne fut que l'invasion des vainqueurs de la grande guerre qui nous en a sauvé! On est aujourd'hui au même point devant une hégémonie similaire mais d'accent différent! Aucune obligation et vous pouvez certainement, sans rancune de notre part, refuser cette option, la seule qui nous reste, et l'on comprendra bien. Mais de grâce ne nous donnez plus, avec vos alliés et amis dans ce monde, de faux espoirs car ceci nous massacre encore plus cruellement. Merci et salut!

    Wlek Sanferlou

    13 h 37, le 07 mai 2021

  • Ces prédateurs sont implacables ! Vivement, un lance flamme Tesla pour les rôtir comme des châtaignes .

    Wow

    13 h 26, le 07 mai 2021

  • En dépit de tous ces avertissements et de toutes ces mises en garde à !'encontre des dirigeants actuels, rien, mis à part un mouvement insurrectionnel ( une véritable sédition populaire ), ne pourrait faire bouger les lignes actuelles. D'un côté un "président" qui n'a jamais pris la mesure de son rôle et essayer d'être au dessus des partis

    C…

    12 h 46, le 07 mai 2021

  • Si les intérêts des fonds détournés ? pouvaient être rendus à l’état nous pourrions déjà sortir de l’ornière !

    Abdallah TAMBEY

    11 h 10, le 07 mai 2021

  • Les représentants diplomatiques des pays amis civilisés continuent d’utiliser le langage diplomatique et policé avec des gens qui prennent la politesse pour de la faiblesse. Il faut arrêter de menacer et passer à l’acte sans ultimatum mais en ayant garanti le fonctionnement du plan B. Je crois que la France bien qu’un peu tard a compris la leçon d’où leur patience. Seul un gouvernement vierge de toute représentation de ces pourris pourrait sauver notre pays et ils s’activent à le mettre en place, encore faut il que les opposants ne singent pas le pouvoir actuel en émettant des réserves et en mettant des bâtons dans les roues de la machine des sauveurs et qu’ils mettent de côté leur ego et leurs intérêts personnels. Espérons que la relève est assurée pour que les pays aidants puissent se concentrer sur le problème essentiel qui sont les armes illégales tenues par les milices étrangères sur notre sol. Ainsi la boucle sera bouclée.

    Sissi zayyat

    11 h 07, le 07 mai 2021

  • Je dis : vous vous trompez a ceux qui croient encore que "l'etranger" (France, Suisse, USA, Arabie Saoudite, Russie et meme Iran) va nous debarasser de la canaille mafieuse qui gouverne (sic) ce pays. Le seul moyen c'est que les Libanais les chassent a grands coups de pieds dans le cul. Et J'inclus bien sur la milice du pouvoir qui se pretend mensongerement "resistance".

    Michel Trad

    10 h 35, le 07 mai 2021

  • 1- Qu'est-ce qui ferait bouger les responsables aujourd'hui et qui ne les a pas fait bouger avant? Ils ont tous largement prouvé à quel point ils s'en fichaient de l'état du pays et de ce qu'on leur demandait, d'ailleurs ils ont causé cette décomposition consciencieusement, aussi parfaits et irréprochables qu'ils prétendent tous l'être! 2- Les seuls qui payont et continueront de payer le prix de leur léthargie, c'est nous, le peuple... Eux, ils dorment tranquilles, ce n'est pas le remords ou leur conscience qui les ronge.... Personne ne nous convaincra du contraire!

    NAUFAL SORAYA

    10 h 22, le 07 mai 2021

  • A ce stade notre seul espoir c'est que les "forces politiques du changement" puissent enfin prendre le pouvoir et écarter définitivement tous les politiciens actuels dont la politique a clairement échoué et qui qui nous ont menés au bord du gouffre.. Restons positifs et gardons la foi en un nouveau Liban !

    Abdallah TAMBEY

    10 h 12, le 07 mai 2021

  • WAIT AND SEE, AU MOINS QUE LES EUROPÉENS NOUS GARANTISSENT QUE DES ÉLECTIONS PROPRES AURONT LIEU À TEMPS.

    Gebran Eid

    10 h 04, le 07 mai 2021

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