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Politique - Diplomatie

Le Drian à Beyrouth avec « un message de grande fermeté »

Le ministre français des Affaires étrangères maintient le flou sur le programme de sa visite.

Le Drian à Beyrouth avec « un message de grande fermeté »

Jean-Yves Le Drian, ici à Londres le 5 mai, était attendu dans la nuit de mercredi à jeudi à Beyrouth. Ben Stansall/Pool/AFP

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devait arriver tard dans la nuit hier à Beyrouth pour une nouvelle visite de travail qui s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus de Paris pour débloquer le processus de formation du gouvernement et amener les acteurs politiques libanais à s’entendre sur une formule favorisant l’émergence d’une équipe ministérielle capable de freiner l’effondrement dans lequel le pays est engagé.

Avant de prendre l’avion pour Beyrouth, le chef de la diplomatie française a annoncé hier soir sur son compte Twitter qu’il « sera demain (aujourd’hui) au Liban avec un message de grande fermeté aux responsables politiques et un message de pleine solidarité aux Libanais ». « Fermeté face à ceux qui bloquent la formation du gouvernement », a-t-il ajouté, avant de rappeler que son pays a décidé de sanctionner ces derniers en leur interdisant l’accès à son territoire. « Nous avons pris des mesures nationales, et ce n’est qu’un début », a insisté Jean-Yves Le Drian.

Ce qu’on sait du programme de la visite du diplomate français, c’est que deux entretiens sont prévus aujourd’hui avec les présidents de la République, Michel Aoun, et du Parlement, Nabih Berry, et un autre vendredi avec des représentants de collectifs de la société civile. L’agenda du chef de la diplomatie française était supposé être annoncé hier. Il n’en a rien été, ce qui a donné lieu à diverses analyses sur la distinction établie par Paris entre les représentants des institutions officielles libanaises et le reste des personnalités politiques, dont le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à l’heure où la France accentue la pression sur les dirigeants libanais.

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Une des interprétations données à l’exclusion de la Maison du Centre du calendrier-programme officiel des entretiens de M. Le Drian est que Paris met Saad Hariri au rang de ceux qui bloquent la formation d’un cabinet, après l’échec d’une tentative française de réunir le leader sunnite et son adversaire politique, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, autour d’une même table, dans l’espoir d’un rapprochement de vues entre les deux hommes qui campent chacun sur sa position par rapport à la composition du gouvernement.

Gebran Bassil est accusé d’être derrière l’intransigeance de Michel Aoun qui reste intraitable sur la question de la nomination des ministres chrétiens au sein du gouvernement. Selon ses adversaires politiques, le président veut par ce moyen obtenir la minorité de blocage que Saad Hariri refuse de lui concéder.

Si à son tour le leader sunnite, favorable à un gouvernement de spécialistes sans tiers de blocage, reste intraitable sur ce point, c’est notamment pour éviter que ses efforts en vue d’une sortie de crise (en relançant notamment les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) et ses contacts avec la communauté internationale, dans le même but) ne soient limités ou obstrués en fonction des desiderata et des calculs des forces politiques représentées au sein de son équipe.

Quoi qu’il en soit, jusqu’à hier soir, des informations contradictoires circulaient autour du calendrier-programme de Jean-Yves Le Drian, notamment pour ce qui a trait à un éventuel entretien avec Saad Hariri ou Gebran Bassil. Selon notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl, il devrait avoir des discussions avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, au siège de l’archevêché à Beyrouth, et le métropolite Élias Audi. Des rencontres sont également prévues avec des chefs de partis.

Mise en veilleuse de la récusation

Aucun de ces rendez-vous n’est cependant confirmé. De sources proches du Quai d’Orsay, on continue de soutenir que le programme de M. Le Drian est « flexible » et n’est toujours « pas stabilisé », une première pour un déplacement du chef de la diplomatie française à l’étranger.

La teneur de son discours et l’issue de ses pourparlers beyrouthins devraient, entre autres, déterminer la décision de Saad Hariri de se récuser ou de diriger le prochain gouvernement si un déblocage est encore possible. Le Premier ministre désigné, dont l’entourage avait laissé entendre mardi qu’il envisageait sérieusement de jeter l’éponge pour ne pas avoir à assumer la responsabilité des conséquences brutales du blocage sur le pays, aurait mis en veilleuse cette décision, après notamment une intervention du Caire, de Washington et de Londres qui craignent qu’un retour à la case départ n’accélère l’effondrement, selon Philippe Abi-Akl. Sans compter que le Hezbollah et le mouvement Amal du président de la Chambre restent favorables au maintien de Saad Hariri à la tête du gouvernement.

Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, le leader sunnite aurait pris contact mardi avec Hussein Khalil, conseiller politique du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui n’aurait pas réagi à l’annonce d’une éventuelle récusation. Et pour cause : la formation chiite continue de ne pas vouloir intervenir dans le bras de fer entre ses alliés chrétiens, le tandem Michel Aoun-CPL, et Saad Hariri. Il reste que pour Moustapha Allouche, vice-président du courant du Futur, la récusation « reste envisageable ». « Saad Hariri reste attaché à l’initiative française et veut qu’un gouvernement soit mis en place le plus rapidement possible, mais n’acceptera en aucune façon qu’il y ait une minorité de blocage au sein de son équipe », explique-t-il.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devait arriver tard dans la nuit hier à Beyrouth pour une nouvelle visite de travail qui s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus de Paris pour débloquer le processus de formation du gouvernement et amener les acteurs politiques libanais à s’entendre sur une formule favorisant l’émergence d’une équipe ministérielle capable...

commentaires (2)

Quel fermeté ?

Wow

13 h 56, le 07 mai 2021

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Commentaires (2)

  • Quel fermeté ?

    Wow

    13 h 56, le 07 mai 2021

  • ??????????

    Eleni Caridopoulou

    17 h 27, le 06 mai 2021

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