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Société - Liban

Interdiction d'importation de fruits et légumes : des dignitaires libanais implorent Riyad de revoir sa décision

L'ambassadeur d'Arabie, Walid Boukhari, qui a quitté le Liban, affirme avoir pris "un congé habituel" après en avoir notifié la diplomatie libanaise.

Interdiction d'importation de fruits et légumes : des dignitaires libanais implorent Riyad de revoir sa décision

Un policier saoudien montrant une saisie de pilules de Captagon dissimulées dans une cargaisons de grenades en provenance du Liban. Photo Twitter/@Spa_Eng

Deux jours après la décision des autorités saoudiennes de suspendre leurs importations de fruits et légumes du Liban après une saisie de drogue, des dignitaires religieux libanais ont imploré le royaume de revoir sa décision qui affecte un pays déjà en proie à une grave crise socio-économique.

L'Arabie a décidé de suspendre ses importations suite à une opération des autorités vendredi qui avaient confisqué plus de cinq millions de pilules de Captagon cachées dans des caisses de grenades en provenance du Liban. Le Captagon est une amphétamine tirée d'un ancien médicament psychotrope, selon un rapport de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Il est fabriqué notamment au Liban et probablement aussi en Syrie et en Irak, essentiellement à destination de l'Arabie saoudite. La police et l'armée libanaises annoncent régulièrement d'importants coups de filet contre les milieux de la drogue.

Il semble que la cargaison saisie en Arabie provenait de Syrie et ne faisait que transiter par le Liban avant son exportation. Les importations de fruits et légumes du Liban seront ainsi suspendues, à partir de dimanche matin "et jusqu’à ce que les autorités libanaises concernées présentent des garanties suffisantes et fiables pour mettre fin aux opérations de contrebande systématique ciblant le royaume", ont fait savoir les autorités saoudiennes. Cette décision, qui témoigne du ras-le-bol saoudien face au trafic de Captagon ciblant son territoire, tombe à un moment où le pays est accablé par une crise financière, économique et sociale sans précédent. Le président libanais, Michel Aoun, présidera une réunion lundi après-midi au palais de Baabda pour examiner cette suspension et faire face à ses répercussions, une perte sèche pour l'économie du Liban.

Plaidoyer de Raï

"Nous avons contacté hier l'ambassadeur saoudien Walid Boukhari, qui se trouve actuellement à Riyad, et lui avons exprimé notre condamnation. Nous avons également souhaité auprès de lui que le royaume prenne en considération la situation du Liban et des agriculteurs honnêtes", a fait savoir le patriarche maronite, Béchara Raï, lors de son homélie du dimanche à Bkerké.

"Nous demandons également au Liban de préserver ses amitiés avec les pays arabes, surtout l'Arabie saoudite qui adopte toujours des positions et des initiatives en soutien au Liban. Nous exprimons également nos regrets pour ce qui s'est passé, auprès des des autres pays du Golfe, qui ont joint leur voix à l'Arabie", a ajouté le chef de l'Eglise maronite. Les Emirats arabes unis et le Bahreïn ont en effet exprimé entre samedi et dimanche leur soutien à la décision de Riyad. Ils n'ont toutefois pas annoncé jusque-là de mesures similaires contre les exportations libanaises.

Deriane demande l'aide de l'Arabie

Le mufti de la République a lui aussi plaidé en faveur du Liban auprès des autorités saoudiennes. Exprimant son "inquiétude et sa compréhension au sujet de la décision du royaume saoudien (...) suite à un trafic condamné sur les plans juridiques et moraux". La plus haute instance sunnite du pays a dit espérer que cette décision soit "temporaire jusqu'à ce que la question soit réglée par les autorités libanaises". "L'Etat libanais doit prendre des mesures rapides et décisives afin d'empêcher toute atteinte aux relations libano-saoudiennes", a estimé le mufti Deriane. Il a ensuite imploré le roi Salmane et le prince héritier Mohammad ben Salmane "d'aider le Liban à sortir de la crise qui frappe sa population (...)".

Commentant ce dossier dans des propos accordés à la chaîne libanaise LBCI, l'ambassadeur Boukhari, qui se trouve à Riyad actuellement, a expliqué avoir quitté le Liban dans le cadre d'un "congé habituel", après en avoir informé le ministère libanais des Affaires étrangères. Il souhaite ainsi couper court à des rumeurs selon lesquelles il serait parti suite à des menaces sécuritaires.

M. Boukhari a en outre affirmé qu'"un total de plus de 600 millions de pilules de drogue et des centaines de kilogrammes de haschich en provenance du Liban ont été saisis durant les dernières années". Samedi déjà, l'ambassadeur saoudien a affirmé que son pays était confronté à "un grand défi", à cause des "réseaux criminels locaux et internationaux", qui y sévissent.

La décision saoudienne a suscité un vif émoi au Liban dont les exportations de produits agricoles vers l’Arabie se chiffrent à près de 24 millions de dollars par an, selon le ministre sortant de l’Agriculture, Abbas Mortada. Un chiffre qui se recoupe avec celui avancé par l’Association des agriculteurs. Riyad est le deuxième plus gros importateur de fruits et légumes libanais parmi les pays du Golfe, après le Koweït. Les exportations vers le royaume wahhabite représentent 16 % de la totalité des exportations vers ce pays, selon l’Association des agriculteurs.

"C'est cela le Liban, de nos jours ?"

Dans ce contexte, l'agence de presse américaine AP a rapporté vendredi que la Grèce a saisi plus de quatre tonnes de cannabis cachées dans une cargaison de machines servant à la fabrication de cupcakes, partie du Liban et en route pour la Slovaquie, suite à des informations reçues par les services américains chargés de la lutte antidrogue (Drug Enforcement Administration - DEA). 

Le patriarche Raï a également regretté ce coup de filet, dénonçant un trafic qui vise "un pays ami". "C'est cela le Liban, de nos jours ?", s'est-il interrogé.

La culture du haschisch est illégale au Liban, la loi punissant de prison le trafic de drogue. Mais l'activité est largement répandue depuis des décennies, notamment dans la région déshéritée de la Békaa (est), où elle était devenue une industrie rapportant des millions de dollars, notamment durant la guerre civile (1975-1990). Selon l'ONU, le Liban est le troisième producteur de résine de cannabis au monde, derrière l'Afghanistan et le Maroc. Outre les coups de filet ponctuels contre les barons du trafic de drogue, l'armée éradique parfois d'année en année des milliers d'hectares de cannabis dans la Békaa.

Deux jours après la décision des autorités saoudiennes de suspendre leurs importations de fruits et légumes du Liban après une saisie de drogue, des dignitaires religieux libanais ont imploré le royaume de revoir sa décision qui affecte un pays déjà en proie à une grave crise socio-économique.L'Arabie a décidé de suspendre ses importations suite à une opération des...

commentaires (7)

Voilà à quoi excellent les politichiens en place. A pleurnicher et à supplier après avoir pris leur air hautain de spécialistes en pillage et saccage, au lieu de faire leur boulot pour lequel ils sont grassement payés. Et on continue à espérer une solution étrangère et à faire des discours pour les sermonner comme s’il s’agissait d ‘êtres humains dignes avec une conscience et une cerveau. C’est la pire espèce qu’on ait jamais connu jusque là dans le monde et rien ne les arrêtera tant que les libanais y compris tous les dignitaires religieux ne descendent dans la rue vers Banda pour les excaver un à un.

Sissi zayyat

19 h 51, le 25 avril 2021

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Commentaires (7)

  • Voilà à quoi excellent les politichiens en place. A pleurnicher et à supplier après avoir pris leur air hautain de spécialistes en pillage et saccage, au lieu de faire leur boulot pour lequel ils sont grassement payés. Et on continue à espérer une solution étrangère et à faire des discours pour les sermonner comme s’il s’agissait d ‘êtres humains dignes avec une conscience et une cerveau. C’est la pire espèce qu’on ait jamais connu jusque là dans le monde et rien ne les arrêtera tant que les libanais y compris tous les dignitaires religieux ne descendent dans la rue vers Banda pour les excaver un à un.

    Sissi zayyat

    19 h 51, le 25 avril 2021

  • It is time for the parliament to step up and legalize cannabis in Lebanon akin to many Europeans countries, American states, and Canada. In this way, we can export cannabis legally and reap the economic benefits.

    Mireille Kang

    19 h 36, le 25 avril 2021

  • "La région déshéritée de la Bekaa (Est)"? De quoi la Bekaa Ouest, Sud et Nord ont-elles hérité? De quoi le Metn a t-il hérité? Arrêtons ces narratifs victimaires larmoyants, qui justifient tous les crimes.

    Mago1

    19 h 02, le 25 avril 2021

  • On cherche pitié... Avant d'implorer les saoudiens (et autres clients agricoles) il ne serait pas plus utile de présenter un plan d'action sérieux et convaincant qui présenterait des garanties sérieuses sur des contrôles à effectuer en amont ? Sauf si le contrôleur ne serait autre que le fournisseur de ces drogues. A pleurer de honte et désespoir.

    Zakariah

    18 h 12, le 25 avril 2021

  • les exportations de produits agricoles vers l’Arabie se chiffrent à près de 24 millions de dollars annuellement ? Pour nos responsables c'est bagatelle et puis ils ne sont pas concernés par les produits du terroir qui emploient quinze pour cent de la population active,nourris qu' ils sont par les produits génétiquement modifiés pour l'import. Les conteneurs réfrigérés continuent d'alimenter les magasins spécialisés....

    C…

    17 h 28, le 25 avril 2021

  • Tout comme les crises diverses qui frappent notre pays, cette crise d'exportation sera longue à lui trouver une solution. Un travail sérieux sur le terrain doit être vérifié pour redonner confiance aux pays du Golfe, avant de reprendre l'importation de nos produits. Il ne s'agit pas seulement de légumes et de fruits, puisque les produits interdits sont envoyés subtilement cachés dans des machines...

    Esber

    14 h 51, le 25 avril 2021

  • Qu’ils les vendent , avec le captagon dedans, aux iraniens .... ils seront payés en rials iraniens ...

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 25, le 25 avril 2021

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