La procureure près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, a demandé vendredi au département de la Sécurité de l'État d'enquêter sur deux affaires : l'importation, potentiellement frauduleuse, de médicaments iraniens au Liban, et l'activité de la société de micro-crédits al-Qard al-Hassan affiliée au Hezbollah. Cette requête résulte d'une demande d'ouverture d'information judiciaire formulée par les avocats Majd Harb et Élie Kyrillos. Le Liban vit une crise économique et sociale inédite, et fait face face à un haut risque de pénurie de médicaments du fait de la dévaluation de la monnaie nationale.
Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la demande des deux avocats porte d'abord sur l'importation au Liban de médicaments iraniens dits biosimilaires, contrairement aux normes et règles fixées par l'Organisation mondiale de la Santé. Selon le texte de la note, l'importation va également à l'encontre des procédures légales et administratives adoptées au Liban pour l'enregistrement des médicaments et autres produits pharmaceutiques, c'est-à-dire sans tests préalables, et donc en l'absence d'informations portant sur la composition et la qualité de ces produits. Cette situation risque de provoquer la mort des patients à qui ces médicaments seraient administrés, et de mettre à mal le système de santé au Liban, estiment les deux avocats.
Pour ce qui est de la demande au sujet de l'activité de l'entreprise al-Qard al-Hassan, les deux avocats estiment que celle-ci va à l'encontre du Code de la monnaie et du crédit, notamment les articles 200 et 206 qui stipulent que tous ceux qui contreviennent à cette législation sont susceptibles de poursuites devant la justice pénale.
Ghada Aoun a ainsi chargé le chef du bureau de la Sécurité de l'État à Baabda d'enquêter sur les deux affaires et d'en assurer le suivi.
Cette action en justice intervient à l'heure où le Hezbollah se propose de venir en aide à ses partisans pour faire face à la crise dont souffre le Liban, notamment à travers la carte magnétique baptisée al-Sajjad, permettant à ses détenteurs de profiter d’une réduction sur les produits alimentaires disponibles dans la coopérative, qui peut aller jusqu’à 70 %, et ce jusqu’à une somme de 300.000 livres libanaises. Quant à la société al-Qard al- Hassan, elle permet aux partisans de la formation chiite de contourner les nombreuses restrictions qui pèsent actuellement sur le système bancaire.
La juge Ghada Aoun était dernièrement au centre d'une polémique juridico-politique, suite à une série de perquisitions qu'elle a menées par la force, accompagnée de gardes du corps et de partisans, dans les locaux de la société de convoyage de fonds Mecattaf à Aoukar (Metn). Elle menait ces actions en violation d'une décision émise par le procureur général, Ghassan Oueidate qui l'avait dessaisie des dossiers financiers dont elle était chargée. Certains experts doutent de la légalité de la décision du juge Oueidate, réputé proche du Premier ministre désigné Saad Hariri, alors que d'autres estiment que la juge Aoun, connue pour être proche du président de la République Michel Aoun, a outrepassé ses prérogatives.
Dans ce cadre, la magistrate a été entendue vendredi pendant quatre heures par le président de l'Inspection judiciaire, Bourkan Saad, au palais de Justice de Beyrouth, après avoir été déférée mardi devant cette instance par le Conseil supérieur de la magistrature.
commentaires (13)
Non Madame il ne faut pas lancer des enquêtes qui finiront dans les tiroirs, il faut aller perquisitionner comme vous l’avez fait pour la société de transports de fonds. Y aurait il deux poids deux mesures dans votre façon de voir les coupables? Si c’est le cas c’est d’un souk dont on parle et non d’une justice. Les trafics de drogues se poursuivent dans des marchandises exportées depuis les ports du Liban et tous les responsables regardent ailleurs pour ne pas froisser leurs alliés pourris. Ces containers frappés de sceaux de « pas touche » qui circulent au grès des vendus pour que notre pays soit considéré comme pestiféré et se retrouve à la merci des mollahs n’échappe à personne sauf à vous responsables au pouvoir. Trêve de comédies et de propagandes fallacieuses vous êtes tous pourris jusqu’à l’os. On ne nous la fait plus. Vous agissez comme si vous venez de tomber avec la dernière pluie alors que des dossiers à ne plus compter sommeillent dans les tiroirs des juges de votre trempe et attendent leur heure pour être dévoilés. Ça s’appelle des règlements de comptes politiques et personnels et non de la justice. Il serait temps que vous vous reposiez avec votre clique, vous en avez assez fait.
Sissi zayyat
11 h 01, le 24 avril 2021